Brogan, alias Roach, n'aime pas beaucoup les gens.
Elle n'aime pas vraiment non plus sa mère, Jackie, qui tient un pub miteux dans Walthamstow, quartier du nord-est londonien et très populaire.
De style gothique, fan du groupe Murders Girls et buvant sans cesse des Dark Fruitss, ses seuls amis sont son escargot géant Bleep et les serials killers.
Elle connaît leur vie, leurs parcours par coeur.
Les True Crimes, c'est sa passion.
Passion qu'elle peut assouvir en lisant (gratuitement) les bouquins qu'elle trouve sur son lieu de travail, librairie en déclin vivotant dans le même quartier.
Cette boutique est un jour reprise par une chaîne de librairies. Pour faire remonter les ventes de cet endroit seront dépêchés de nouveaux employés dont la jeune et jolie Laura.
Tout le contraire de Roach, Laura est solaire, s'habillant aux couleurs de l'arc-en-ciel, très portée sur la mode et les modes. de plus, Laura aime sortir, parler aux autres, est amoureuse, adore son métier de libraire et est au top dans son travail.
Pourtant, malgré leurs indéniables différences, Laura va attiser la curiosité de Roach, curiosité qui deviendra au fur et à mesure du temps une obsession.
Mais pourquoi est-elle aussi attirée par Laura?
Est-ce à cause du poème morbide que Laura a déclamé en public?
Est-ce le rejet que Laura a instauré automatiquement envers Roach lorsqu'elle a parlé de sa passion pour les True Crimes?
Roach est bien décidée de trouver réponse à ses questions...
Premier roman d'
ALICE SLATER et je peux dire qu'il est assez réussi.
Cette histoire est un thriller de bonne facture.
Des moments angoissants, des tensions très palpables à travers les lignes et les dialogues.
Le fait d'instaurer cette intrigue au sein d'une librairie est une excellente idée. Car les protagonistes réflechissent sur leurs situations en revenant sans cesse dans le monde littéraire pour trouver des références et d'y trouver de possibles résolutions.
On comprend aussi le contexte économique d'une telle boutique à l'heure des achats en ligne et des réseaux sociaux ce qui fait de ce livre aussi une excellente critique du monde actuel: économie, chômage, sociabilité, précarité (appartement de Laura), violence,...
L'importance des serial killers dans les médias et la société est essentiellement abordée dans le bouquin.
Pourquoi s'attache-t-on autant de livres, de films et d'informations à de telles personnes?
Réflexion très intéressante ma foi.
Londres est un personnage à part entière. Que ce soit la vie passé, la vie actuelle, le monde de la nuit ou celui du jour, Londres est omniprésent dans le texte et dans la tête.
On prend des centaines de références sur le coin de l'oeil après la lecture du roman et on n'a qu'une envie à assouvir: s'y rendre et visiter, manger, boire, enfin tout ce qu'on a pu apprendre sur Londres à travers les lignes.
Le passé, l'héritage, la famille sont aussi des arcs très bien utilisés.
L'importance de la vie professionnelle aussi est à épingler car pour plus en plus de personnes, le travail est plus qu'un gagne-pain, mais aussi un refuge pour la solitude.
Les autres protagonistes sont bien structurés, bien développés surtout Roach et Laura. Leurs psychismes et psychologies sont extrêmement bien rendus et on attend à chaque fin de chapitre ce que l'une pense de l'autre.
Car, oui, les chapitres passent de Roach à Laura et ainsi de suite. Deux fois à la première personne. Et c'est important pour la compréhension du récit.
Le rythme est donc cadencé par des chapitres courts et passant de l'une à l'autre. Mais je trouve qu'il y a certaines langueurs dans les dernières pages et même certaines questions restent en suspend après le twist final (totalement prévisible).
Avec ce
MORT D'UNE LIBRAIRE,
Alice SLATER signe un joli premier roman, avec un ambiance glauque (sauf si on aime les baves d'escargot), des personnages borderline, un Londres dark/flamboyant, des serial killers en toile de fond et une réflexion sur le monde des librairies.
Une lecture facile, plaisante, légèrement angoissante, quelques lenteurs mais plume très prometteuse.