Les premières pages sont dures, très dures, le crime qui ouvre ce roman est sordide, un fait divers qu'on n'aime pas, qu'on ne voudrait ni lire ni entendre.
Dans cet univers réel, on suit une famille, les parents Myriam et Paul et leurs deux enfants, Mila et Adam.
Et surtout il y a Louise. Louise n'est pas un membre de la famille à proprement parler, mais c'est tout comme : c'est la nounou des enfants.
Il y a beaucoup de thèmes évoqués dans ce roman, assez court en soi, mais que j'ai trouvé très dense.
Leïla SLIMANI évoque, pêle-mêle :
- la parentalité ;
- le fait que la mère passe les premiers mois/premières années avec les enfants même si elle a envie d'autre chose, et notamment avoir une vie professionnelle ;
- la difficulté de trouver une « bonne » nounou ; les préjugés (Myriam d'origine nord-africaine ne veut pas d'une nounou avec les mêmes origines qu'elle) ;
- la réalité de la vie des nounous (qui doivent avoir le plus d'enfants possible à garder, qu'il en existe des sans papiers, à qui on promet des choses) ;
- est-ce qu'une nounou peut-être notre amie ? ou doit-on garder une distance ?
- les mariages arrangés ;
- la précarité des emplois ;
- la précarité des logements ;
- comment on peut tomber dans un surendettement et ne pas s'en sortir ;
- comment une personne a priori « bonne sous tous rapports » peut se révéler mentalement dérangée…
Bref il y a beaucoup de choses ! Je me suis sentie happée dans cette famille moi-aussi, prise au piège par Louise qui m'intriguait énormément. Je l'ai haïe dès le début, je ne m'y attachais pas, et pourtant par moments je la plaignais, j'avais aussi envie de l'aider.
Louise est complexe, sous des airs de dame hors du temps, qui vit chichement, dans son appartement bon marché, avec ses tocs qui peuvent paraître anodins voire presque ridicules.
Et pourtant sommeille en elle une force, une rage, une folie insoupçonnées. Personnellement j'ai eu du mal avec elle, et au fil des pages je ressentais comme un malaise en sa présence. Je me suis plutôt identifiée à Myriam qui a changé son attitude avec Louise, qui se posait des questions.
Louise m'a vraiment fait peur. Je n'ai pas d'enfants, mais j'en aurais, je me poserais beaucoup de questions sur la nounou que j'emploierais ! de là à dériver et installer des caméras ou des micros avec toute la panoplie d'outils modernes à notre disposition !
J'aime tellement les romans policiers, que j'aurai aimé avoir un peu plus de détails sur l'enquête et sur ses conséquences. J'ai aimé comprendre la psychologie des personnages, mais il me manque quelque chose pour vraiment pouvoir dire que j'ai aimé ce livre.
Je ne lis (quasiment) jamais de livre ayant eu des prix, je me fais parfois une fausse idée sur leur accessibilité et compréhension du grand public dont je fais partie. Celui-ci était plus qu'abordable, et se lisait vraiment facilement. Je vais dorénavant chercher à en savoir un peu plus sur certains livres primés.