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sur 10076 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Un livre qui commence par la fin : une scène particulièrement atroce. Découverte d'un carnage ; mort d'un bébé, agonie d'une petite fille, effondrement et hurlement d'une mère, suicide raté de la meurtrière, nounou des enfants... Trois pages. Fin du premier chapitre... Circulez, s'il vous plaît, y a plus rien à voir...

S'inspirant d'un terrible fait divers qui défraya la chronique à New York il y a quelques années, l'auteure, Leila Slimani, raconte le glissement vers le désastre d'une femme et de la famille qui l'avait recrutée pour s'occuper des enfants.

Un jeune couple moderne. Ils s'aiment ; ils sont passionnés par leur job ; ils adorent leurs enfants, sans pour autant que l'un des deux veuille leur sacrifier sa carrière. Une famille comme il y en a beaucoup aujourd'hui. Myriam et Paul sont des bobos, plutôt bien-pensants, jusqu'à culpabiliser quand leurs intérêts les poussent à enfreindre leurs principes moraux.

Pour choisir la nounou des enfants, iIs ont vu plusieurs candidates. Louise leur a plu. Elle est... « normale, ... blanche, quoi ! » aurait dit Coluche ; pas Philippine, pas Ivoirienne, pas Marocaine ; et pas non plus obèse aux cheveux gras...

Bingo ! C'est l'oiseau rare. Parfaite avec les enfants, Louise s'avère aussi femme de ménage méticuleuse, femme de chambre attentionnée, cuisinière émérite. Une disponibilité de tous les instants. Enfants et parents s'attachent à Louise, qui leur devient indispensable. Louise, de son côté, prend racine dans la famille.

Des troubles dans le comportement de Louise attirent peu à peu l'attention du lecteur, puis des parents, sans pour autant déclencher de leur part une véritable réaction de méfiance. le lecteur, connaissant le dénouement, comprend qu'il s'agit de jalons dans la progression vers le drame. On lui apprend aussi que Louise est à la dérive depuis des années, sur le plan affectif comme sur le plan financier. S'accrocher à la famille comme à une bouée de sauvetage est devenu un réflexe de survie. Quand comprend-elle que cela ne peut pas durer ?

Chanson douce n'est pas un thriller ; absence de suspense, même si Leila Slimani confère à sa narration une atmosphère de tension, au moyen de phrases très courtes conjuguées au présent. C'est typiquement un roman noir, selon la définition que j'en donnais dans une récente chronique : une forme de littérature populaire, où un fait divers tragique se produit dans un univers de misère et de souffrance propre à faire disjoncter des individus fragiles.

Nous sommes en plein dedans. Louise souffre à la fois d'aliénation mentale et d'aliénation sociale.

Le débat s'ouvre : laquelle de ces deux aliénations préexiste à l'autre ?...

Le parti de Leila Slimani est clair : ce sont les marques et les menaces d'exclusion sociale qui font basculer Louise dans la folie meurtrière. Louise est une victime ! La construction du récit épargne au lecteur tout sentiment de rejet à son égard. le carnage est consommé avant le début du livre. Et à la fin de la dernière page, Louise appelle juste : «Les enfants, venez. Vous allez prendre un bain.» Ne manque-t-il pas quelque chose ? ... Occultation de la scène qui montrerait une femme monstrueuse égorger sauvagement un bébé et une petite fille se débattant désespérément...

Considérer la misère sociale d'une psychopathe comme la cause de sa démence, c'est entrer dans la culture de l'excuse. C'est une forme de bien-pensance que je trouve agaçante. C'est attribuer à la société et à ses travers – incontestables ! – la responsabilité des perturbations mentales de chacun. Nous sommes tous soumis à des formes de souffrance sociale sans pour autant devenir des assassins. L'aliénation sociale de Louise fait certes exploser ses barrières, ses « garde-fou » pourrait-on dire – jamais le mot n'aura été plus approprié ! Mais c'est son déséquilibre mental qui l'avait conduite à l'exclusion... Et il ne faut surtout pas se tromper de victimes...

Chanson douce soulève une autre question. La période des fêtes et des cadeaux approche. Offrir le prix Goncourt est une pratique courante. Peut-on offrir celui-ci à n'importe qui ?

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Chère Mme (ou devrais-je dire Melle?) Slimani,

Je me permets de m'adresser à vous par ce biais pour deux raisons:

D'abbord, laisser moi vous féliciter...pour votre beauté. Oui, vous êtes très belle. Vous avez un visage de Madonne éxotique. Votre sourire s'ouvrant sur une rangée de perles blanches et parfaites embelli encore plus, si besoin est, la douceur de votre visage à la peau resplendissante. Vos yeux de biche brillent de mille feux, illuminant votre frond sans défaut. Je suis une femme, heureuse de l'être, mais je ne suis pas de celles qui trouvent que les autres ne sont belles que parce qu'elles ont la lumière qui les favorisent sur cette photo-ci, ou que les raccords de cette photo-là sont flagrants. Vous êtes très belle, pas seulement jolie, belle un point c'est tout.

Ensuite, parce que je serais heureuse de partager mon ressenti sur votre « Chanson Douce » avec les Babéliotes qui auront la patience de lire ma critique jusqu'au bout. Avec vous aussi, qui sait...Vous êtes peut-être Babelienne vous-même. Et, pour être sincère, bien que mon opinon importe peu, je vous remercie de bien vouloir noter que la chanson n'est pas douce du tout. Elle est froide, elle est plate, elle m'a glacé le sang et m'a quelque peu révoltée. Parce que Louise, fameuse nounou, ne m'a pas convaincue. Je suis restée sur ma faim et sur votre fin qui n'en est pas une. Pour moi, bien sur. La nounou est monstrueuse dès les premières pages, elle donne des envies de meurtres dès le premier chapitre. Il n'y a pas d'excuses pour un crime pareil. Un sloggan de mon adolescence disait « Touche pas à mon pote ». Je dirais « Touche pas à mon gosse ». Quiconque pratique un tel crime sur des enfants est indigne de vivre. En tant que maman, et pas toujours très patiente avec ma Princesse, je préfère me taper la tête contre un mur que de lever la main sur mon enfant. Je gronde, je rale, je cri même...et j'en ai honte. Mais je ne tape pas. Alors tuer...Mais bon, vous avez écrit un roman, c'est donc un roman que je me dois d'apprécier ou non. J'ai trouvé que vous avez laissé dans l'air trop de non-dis, la nounou est superficielle, son portrait trop flou...Les excuses que vous semblez lui accorder (rejet de la société, maladie mentale, solitude) ne servent qu'à me la rendre encore plus antipathique. Mais c'est surement ça, l'objectif. Les personnages des parents restent, eux aussi, à mon goût trop peu creusés. C'est comme si j'avais vu un film à la dernière rangée d'une salle de cinéma trop grande. Écran trop petit parce que trop loin de mes yeux. Et la fin, cette fin qui ne dit rien. Qu'est-ce qui a déclanché le coup de folie assassine ? Qu'ont fait les enfants. Je ne demandais pas de grandes descriptions sanglantes, non-non, surtout pas...mais, pourquoi ? Pourquoi ?

Je crois que quelque chose m'a échappé. Je ne suis pas très futée, vous savez. Vous avez tout de même reçu le Goncourt. Et qui suis-je donc pour juger votre roman, moi qui ne sais même pas si l'avis que je fini de poster va être suffisament clair pour que tout le monde comprenne bien que, sans avoir détesté votre livre, je ne l'ai pas adoré non plus. Je l'ai lu jusqu'au bout, sans aucune contrainte, mais j'en garde un souvenir froid. de glace.

Merci, Mme Slimani.

Signé: Paola93130

Aaaah, mas elle continou à êtrrrre touté maboule, ma pétite Paula. Depuis qu'elle est sour Bébélio, elle s'adrèsse à tous les écribains des libres qu'elle lit. Elle est maluca ! Comme si Moussieur Lemaitre, Melle Slimani ou lé pétit Joël benaient sour Bébélio pourrr saboirrr son opinionne sour ses lectoures. Bon, lé pétit Joël (Dicker), jé comprrrends bien qu'elle loui écribe, parrr page blanche interrrrpôsée : il est téllément mignone, céloui lá...Mas jé loui ai dijà dis qué les écribains, ça né bient pas sour Bébélio, c'est Moussieur SZRAMOWO qui mé l'a dit...
Signé : Grand-Mère Conceição
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"Ce roman consacre la résurgence moderne terrifiante d'un personnage qui a hanté la littérature de l'antiquité au XVIIIe siècle, à savoir la nourrice. Pendant des millénaires, la nourrice était une figure maternelle subalterne mais reconnue, au point qu'on parle de frères et de soeurs de lait pour désigner les enfants de la nourrice, ou les autres enfants allaités par elle. La nourrice est de bon conseil, elle écoute, comprend, juge, arbitre, complote même parfois. Elle peut se montrer assez verte dans ces propos chez Shakespeare ou Molière. Paradoxalement, dans nos sociétés dites avancées d'émiettement des liens, d'atomisation des individus et de consommation, où la logique entreprenariale s'incruste jusqu'au coeur des familles nucléaires, cette nourrice assez respectée et reconnue pour être un personnage à part entière quand elle était encore esclave ou faisait partie d'une domesticité proche de l'esclavage, n'est plus qu'un instrument interchangeable des ambitions familiales.
Sans que ce soit son objet, ce roman jette un éclairage féroce sur l'inhumanité et la barbarie des rapports tarifés. Comme dans le cas d'une putain, il est attendu de la nourrice qu'elle joue le jeu et qu'elle soit convaincante. Sa vie personnelle n'entrant pas dans le contrat, personne ne s'étonnera qu'elle n'en ait pas. Personne ne trouvera anormal, ou trop tard, un investissement pathologique dans ses fonctions. C'est juste une perle, une trouvaille, une merveille qui peu à peu se rend indispensable, et entraîne toute la famille quand elle sombre dans les abysses d'une psychose mélancolique délirante dont on a pourtant, dès le départ, tous les indices. Mais les symptômes pathologiques que sont le surinvestissement et la dépendance morbide correspondent si bien à ce que l'on attend de la parfaite domestique moderne, qu'elle travaille d'arrache-pied dans des tâches qui réclament une implication affective profonde tout en restant une fonction anonyme de l'équilibre familial, que nul ne s'en inquiète.
La domination sociale y est posée jusque dans ses paradoxes occasionnels : si la jeune mère d'origine maghrébine embauche par prédilection cette nourrice franco-européenne plutôt que l'une des Arabes qui se présentent, c'est qu'elle refuse absolument la complicité tacite que pourrait entraîner une origine commune ou le fait de parler la même langue. La distance de la maîtresse à la servante, de la patronne à l'employée ne suppose aucune passerelle de familiarité, fût-elle ethnique, entre elles deux. (...)
Il n'en ressort, au bout du compte, que la magie teintée de sordide de ce paradoxe humain qui s'appuie sur la déification et le refoulement des enfants, ces petits souverains dont on s'empresse de se débarrasser à bas prix, tant leur dépendance interminable et la cohabitation avec eux sont devenues insoutenables pour des familles nucléaires uniquement productives. (...)
Toutes les personnes modestes y sont décrites comme vaguement stupides, grossières, accablées, laides et démunies, ou pour le moins évoluant dans des marges hideuses. Mais le roman est féroce aussi avec ces jeunes gens d'une élite méritante et laborieuse qui ne se posent pas assez de questions, ou pas les bonnes, et pensent que leurs contradictions sont solubles dans le succès de leurs ambitions. Au bout du compte tous les personnages sont essentiellement pulsionnels, et c'est la forme, sophistiquée ou non, d'idiotie qu'ils partagent qui les réunit dans une même humanité. (...) "
Lonnie dans Double Marge (extrait)
Lien : https://doublemarge.com/autr..
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Où va la littérature ? le prix Nobel 2016 est attribué à un chanteur, le prix Goncourt 2016 est attribué à un livre qui relève moins de la littérature que du récit journalistique romancé.

L'intrigue de "Chanson douce" peut se résumer en quelque mots : une nourrice assassine les deux enfants dont elle a la garde.

L'incipit démarre fort : « le bébé est mort. Il a suffi de quelques secondes. le médecin a assuré qu'il n ‘avait pas souffert. » Si ces premières phrases sont la promesse d'une histoire haletante et intense, elles n'en sont malheureusement que la promesse. Ce prologue suscite un intérêt et une curiosité que l'on retrouve dans les romans policiers mais cette fois à rebours, car le lecteur sait qui a tué. L'auteur, au fil des pages, essaie à petites doses de remonter les pentes qui expliquent comment ce geste a été possible.
L'écriture, faite de phrases assez courtes et au vocabulaire simple et d'une certaine banalité, m‘a paru d'une grande platitude et essentiellement informative. Certains commentateurs voient un style incisif, je n'ai pas vraiment trouvé de style, même si Slimani développe une écriture pleine d'allusions, de suggestions qui peuvent trainer dans la tête du lecteur.
J'ai regretté le manque de développement de la psychologie des personnages, un comble dans ce genre de récit. Les personnages sont plats, sans personnalité, presque insignifiants, sauf Louise le personnage principal qui est assez insipide et sans âge. Nous assistons à une accumulation de scènes les unes après les autres sans que rien ne soit vraiment expliqué ou développé, rien n'évolue dans le récit et on attend vainement une montée en puissance pouvant apporter une certaine émotion. Tout s'enchaine, aucune surprise, rien d'imprévisible, tout est plat, linéaire, peut-être à cause de l'incipit qui annonçait une véritable émotion.

Louise fait partie de ces personnes qu'on ne remarque pas et dont on ne se méfie pas. La société est remplie de personnes qui en apparence sont tout à fait normales mais qui soudainement dérivent et perdent la raison. Cela aurait dû être la force du roman, certains gestes sont inexplicables et il est difficile de chercher à comprendre.


Après une longue attente, la fin qui retombe comme un soufflé a confirmé ma déception. Ce roman, ou plutôt ce récit, m'a laissé sur ma faim et sur un sentiment de promesse non tenue, dommage.
« Chanson douce » est en fait plus un roman facile à lire qu'un Goncourt dont il n'y a rien à retenir.
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Je suis surprise par le succès phénoménal de ce livre, par le nombre de lecteurs, par le prix prestigieux obtenu, par l'ampleur de la résonnance qu'il a rencontré auprès de son public. Tout cela m'a l'air si démesuré !

J'en ai beaucoup apprécié la lecture, comme celle d'un bon roman psychologique à suspens… sans suspens (bien vu), avec un contexte sociétal bien ciblé, une construction et une écriture efficaces et troublant juste ce qu'il faut, mais n'y ai vu ni une grande oeuvre de littérature, ni le grand roman de l'époque, ni le miroir tendu vers nos peurs profondes et non renoncements citoyens. L'ensemble fonctionne bien mais il y a ce problème de crédibilité, celle des parents surtout, personnages creux et caricaturaux à l'extrême, celle de la nounou également, dont le profil oscille de manière trop floue entre folie et frustration. J'ai été dérangée aussi par cette instrumentalisation culpabilisante d'une réalité sociale indéniable mais qu'il est un peu facile de mettre en scène sans nuances.

Ce qui ne m'a pas empêchée de lire avec beaucoup d'intérêt plusieurs critiques de babéliautes très touchantes et pertinentes, et de me réjouir pour ceux qui ont su mieux apprécier ce livre que moi.
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J'ai enfin lu ce roman après l'avoir vu pendant des années en bonne place sur les tables des librairies et qui a même été distingué par l'Académie Goncourt.

Une lecture courte, il n'aurait d'ailleurs pas fallu qu'elle fut plus longue car je n'ai pas accroché au style sec et froid de l'auteure. Leïla Slimani donne l'impression de ne pas savoir si elle veut écrire un thriller ou un roman sociétal et ce, tout au long du roman qui se termine aussi brutalement qu'il a commencé.

Le traitement minéral et monolithique des rares personnages - dont aucun n'est attachant - donne à ce huis-clos son caractère oppressant mais freine aussi beaucoup l'empathie, malgré le sujet violent qui ne peut laisser indifférent. Et je trouve qu'il y a quelque chose de volontairement racoleur dans le fait d'harponner l'attention du lecteur par un meurtre d'enfant dès l'incipit.

C'est assez rare que je ne comprenne pas où un auteur veut m'emmener mais c'est pourtant le cas avec "Chanson douce". Les thèmes abordés ne manquent pas d'intérêt : réflexion sur la maternité et l'amour parental, réflexion sur les difficultés de concilier pour des parents vie de famille et carrière, réflexion sur l'envie et la vanité... des thèmes intéressants mais déjà bien fouillés par la littérature. Alors c'est peut-être cela qui me gêne par dessus tout, qu'on me parle dans un roman des misères du quotidien et qu'on me prive du même coup de l'évasion intrinsèque qu'il me promettait. J'aurais préféré que Leïla Slimani fasse de "Chanson douce" un véritable thriller et pas quelque chose d'aussi tiède, doucereux et convenu que ce récit faussement haletant et plein d'une tension artificielle.


Challenge Goncourt
Challenge PLUMES FÉMININES 2020
Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Chanson douce est inspirée d'un fait divers qui avait déjà fait couler beaucoup d'encre. Leïla Slimani a repris, à quelque chose près, la même histoire. Et comme dans la vie, on découvre cette histoire par la fin, quand la mère trouve ses deux enfants assassinés par la nounou qui tente de se suicider. Une ouverture forte, violente, quasi insoutenable.
Le roman revient ensuite en arrière pour nous parler des parents, Myriam et Paul, jeune couple moderne qui tiennent à leur travail et embauchent donc une assistante maternelle pour s'occuper des enfants. Des personnages un peu caricaturaux.
Louise est une nounou parfaite, ce qui rend son geste d'autant moins explicable même si parfois elle a des comportements étranges.
C'est le privilège du romancier de donner un sens à ce qui n'en a pas. À aucun moment, je n'ai compris l'acte de Louise ou lu un quelconque commencement de réponse. Reste la lecture qui relate un fait divers, mais ce n'est pas ce que je cherche dans un roman.
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Ma volonté à vouloir en savoir le moins possible sur les livres dont je suis sûre de lire un jour a encore porté ses fruits. Je suis effectivement complètement passée à côté du fait que "Chanson douce" est le lauréat du prix Goncourt 2016. Ce n'est qu'en le rentrant dans ma bibliothèque de babeliote juste avant d'en commencer la lecture que je l'ai appris. Je m'étonne un peu, puisque c'est le genre d'événements dont j'aime me tenir au courant. J'en déduis que ma mémoire l'a volontairement occulté... Quoi qu'il en soit, voilà qui a quelque peu plombé mon enthousiasme. Et pour cause, mon avis est plutôt partagé.

C'est l'histoire de Louise, nounou à plein temps d'une petite Mila et d'un petit Adam, dont la mère Myriam, vient de reprendre le travail. Après une période d'euphorie pour avoir trouvé la nounou parfaite, une sorte de dépendance s'installe entre les différents membres de la famille et Louise, et inversement. Par son assiduité, ses principes précis, son éducation entêtée, Louise exercera un certain pouvoir dans le quotidien de cette famille. Jusqu'à ce que le Drame vienne tout faire voler en éclat...

Ce drame en question fait office de prologue. On sait donc tout depuis le début, on sait ce que Louise va faire. le récit est en fait une explication sur ce qui a pu pousser Louise à un tel acte.

Les phrases courtes et la narration au présent (pour relater des événements antérieurs à la tragédie, pas très adaptée à mon goût) donnent le ton. C'est vif, clair, concis, sans fioritures. La plume de l'autrice est fluide, plutôt plaisante, mais manque en revanche de sensibilité alors que la lecture nous emmène vers une terrible tragédie. J'ai eu la sensation, du début à la fin, que seuls les faits étaient relatés, la narration étant trop détachée des personnages. Je n'ai en fait pas ressenti grand-chose, si ce n'est de l'appréhension pour les parents (mais là encore pour rien, j'y reviendrai après).

Le personnage de Louise est en revanche bien campé, l'autrice lui garde d'ailleurs une part de mystère jusqu'au bout tout en nous révélant petit à petit les pans de sa personnalité. La situation familiale est également judicieusement bien installée, dépeinte. On comprend bien que les actes et paroles de chacun ont leur rôle à jouer dans le drame à venir. On perçoit l'ambiance malsaine, toxique autour de tous ces personnages bien sous tout rapport. Les événements sont bien ficelés et bien approfondis, l'approche du drame bien amenée.

Et c'est là que tout capote : le drame a lieu et tout s'arrête. J'imagine bien les conséquences d'un tel acte, aussi bien pour Louise que pour les parents. Mais l'autrice ne donne la parole à aucun d'eux après, ni aucun indice quant à leur avenir, à ce qu'ils ressentent, à ce qu'ils vivent en suivant. Comme dit plus haut, j'appréhendais pour les parents, mais pour rien parce qu'il n'y a plus rien... le drame a eu lieu, le fait est évoqué et c'est terminé... La fin est bien trop abrupte et manque cruellement d'explications.
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J'entendais beaucoup de bien des romans de Leïla Slimani et j'étais assez curieuse de lire celui-ci, si bien que je me suis laissée tenter par ce drame en trouvant la version audio à la bibliothèque.

Dans cette histoire, nous rencontrons un couple assez aisé qui a deux enfants. Myriam, la mère, va reprendre le travail même si Paul, le père, s'y oppose. Les jeunes parents partent à la recherche d'une nourrice pour garder leurs rejetons. Cette nourrice, c'est Louise, une femme apparemment charmante. Une dépendance mutuelle va se créer entre elle et la famille, jusqu'à arriver au drame...

Dès le début de l'intrigue, nous avons connaissance de ce terrible drame, à savoir le meurtre de deux enfants par Louise. Ce n'est pas un spoil, étant donné que cette information arrive dès la première page : le roman nous amène surtout à comprendre comment la nourrice en arrive-t-elle à commettre un tel crime, en remontant dans le passé, jusqu'à arriver au drame.

Cette lecture m'a rendue mal à l'aise à plusieurs reprises, sachant ce que Louise allait faire par la suite, et voyant la façon malsaine dont celle-ci se comportait, non seulement avec les enfants, mais aussi avec leurs parents. Même si, au départ, celle-ci a de parfaites relations avec Myriam et Paul, cela va basculer peu à peu en une sorte de dépendance...

Au travers d'un drame, l'autrice aborde les thématiques de la parentalité, des classes sociales et des rapports entre des patrons et ses employé•es. C'est un roman psychologique qui ne ménage pas les lecteurs et qui est parfois gênant.

J'ai aimé cette lecture, même si j'ai trouvé dommage qu'on ne soit pas plus dans la tête des parents, et un peu trop dans celle de Louise. le style d'écriture est agréable et j'ai passé un bon moment, même si j'ai été mal à l'aise de nombreuses fois.
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Titre : Chanson douce
Année : 2016
Auteur : Leila Slimani
Editeur : Gallimard
Résumé : Myriam est décidée à reprendre son métier d'avocate malgré les réticences de son mari. Elle décide d'embaucher Louise qui va devenir peu à peu la pierre angulaire du foyer. Indispensable, adorée des enfants, Louise va peu à peu s'immiscer dans la vie du couple et révéler sa part d'ombre jusqu'au drame final.
Mon humble avis : On ne parle pas d'un Goncourt comme on le ferait d'un autre roman. Evidemment les attentes sont plus grandes et l'on ne peut ignorer le fait que des milliers de personnes ne lisent qu'un seul livre par an : le titulaire du fameux prix Goncourt. Ce prix est donc devenu au fil des années la plus grande vitrine de la littérature française et les noms qui ont précédé le lauréat 2016 sont prestigieux et synonymes d'excellence ( Houellebecq, Maalouf, Echenoz, Duras, Ajar, Proust, Malraux, etc...) le jury a rendu son verdict et c'est donc chanson douce ce court roman de Leila Slimani qui a décroché le graal. Après lecture je dois bien avouer que Slimani n'est pas dénuée de talent, l'écriture est précise, assez sèche mais fluide et le peu de personnages qui peuplent son roman sont bien troussés. L'ambiance est ténébreuse, glaçante et le drame annoncé lors du premier paragraphe plane sur le texte comme une menace, une fatalité qui tient le lecteur en haleine jusqu'au dénouement. J'ai donc pris du plaisir à lire ce roman qui est, à mon humble avis un bon bouquin mais loin d'être un grand roman. En effet à aucun moment je n'ai eu l'impression de lire un texte exceptionnel, l'intrigue étant somme toute plutôt banale et son traitement assez superficiel. Slimani est certes talentueuse mais on est quand même assez loin du génie de certains auteurs contemporains et elle ne parvient pas à éviter l'écueil des stéréotypes qui jalonnent son roman. Ceci est mon humble avis mais visiblement pas celui du jury du Goncourt !
J'achète ? : Pourquoi pas ? Mais si tu ne dois lire qu'un livre cette année mon conseil serait autre....
Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Une Chanson pas si Douce

Choisissez parmi les choix offerts : l'objet de discorde qu'un soir, Myriam - cette dernière fatiguée, rentrant du travail dans son appartement plongé dans le noir - découvre au centre d'une petite table où mangent Louise et les enfants de Paul.

Un jouet brisé
Une boîte qui contenait trois pâtes
Une carcasse de poulet
Des mégots de cigarettes

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