AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,04

sur 1653 notes
5
43 avis
4
87 avis
3
26 avis
2
3 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Regardez-nous danser est le deuxième volet de la trilogie d'inspiration familiale démarrée il y a deux ans par Leïla Slimani. le premier, le Pays des autres, était centré sur les grands-parents avec notamment l'installation de l'Alsacienne Mathilde, après son mariage avec le spahi Amine dans une ferme ingrate de la région de Meknès, juste après la Seconde guerre mondiale. Dans le deuxième, douze ans ont passé et cette fois, le Maroc post colonial vit sous le règne d'Hassan II. L'éclairage est sur la génération suivante, en l'occurence Aïcha et Selim, les enfants de Mathilde et Amine.

J'ai retrouvé avec bonheur la justesse du regard de Leïla Slimani, toujours à fleur de peau de ses personnages. Elle poursuit avec une acuité toute sensible sa double radioscopie de la famille, à la fois étouffante et protectrice, et d'un pays qui se construit après son indépendance. C'est cette confrontation entre destins individuels et destinée d'un pays qui m'a le plus convaincue, avec au coeur la question passionnante de l'identité.

En 1968, Maroc et personnages ne sont qu'enchevêtrement de tensions et d'antagonisme entre conservatisme et aspiration à la modernité. le pays peine à se forger une identité propre. le néocolonialisme est insidieux, passant par exemple par des études universitaires dominées par les Européens ( Roland Barthes donne des cours à Rabat ) ou par la nécessité l'exil de la brillante Aïcha en Alsace pour étudier la médecine. Surtout, Leïla Slimani brosse un Maroc obsédé par le paraître et la suspicion, où chacun est soumis aux regards scrutateurs et à la surveillance implacable exercée par le régime autoritaire d'Hassan II qui réprime violemment des manifestations étudiantes tout en essuyant deux tentatives d'attentats régicides dans un pays aux inégalités sociales croissantes.

Dans ce Maroc, très loin d'un simple décor sans profondeur ni densité, l'auteure montre parfaitement comment la société pénètre dans le microcosme familial, s'insinue dans les trajectoires individuelles, notamment celles des jeunes. Aïcha, Selim et Medhi ( le futur mari d'Aïcha ) aspirent à l'ascenseur social par les études, ou à l'hédonisme, tiraillés en permanence. Comment s'arranger avec soi-même pour arracher son droit à être heureux sans trahir ses rêves dans une société aussi complexe et étouffante ?

Bizarrement, je n'ai pas été touchée par les personnages des « jeunes », notamment Selim, personnage pourtant intéressant, qui, élevé à l'occidentale, réalise qu'il a été arraché à une culture qu'il ne comprend plus, ni sa famille ni son pays, et se réfugie dans les paradis artificiels d'Essaouira, la hippie. Même chose pour Aïcha et Medhi, malgré les superbes pages finales dans lesquelles Medhi, plus âgé, s'interroge sur sa vie.

« L'âge ne suffisait pas à effacer les illusions. Tout aurait été tellement plus facile si les idéaux mouraient vraiment. Si le temps les faisait disparaître pour toujours et qu'ils ne trouvaient plus, en votre for intérieur, aucune attache. Mais les illusions restaient là, tapies en vous, quelque part Abimées, flétries. Comme un remords ou une vieille blessure qui se réveille les soirs de mauvais temps. On ne s'en débarrasse pas. On fait semblant d'y être indifférent. Toutes ces années, il avait connu une sorte d'exil intérieur. Survivait en lui une personnalité clandestine, réduite au silence et à l'immobilité, et qu'il ne laissait s'échapper qu'à de très rares occasions. Toute sa vie, plus que des autres, il s'était méfié de lui-même. »

Certains passages sont superbes mais je n'ai pas retrouvé le mordant et l'acidité du Pays des autres, ou alors de façon occasionnelle grâce au personnage de Mathilde désormais embourgeoisée après une vie à trimer ; et surtout celui de la tante mariée de force, Selma, superbe personnage de renégate toute en sensualité. Je me suis parfois un peu ennuyée, assoupie par un récit parfois sans relief qui peine à sortir d'un classicisme fluide mais sans aspérité. Quelques réserves, donc, mais qui ne n'empêcheront pas de me plonger dans le troisième tome.
Commenter  J’apprécie          1798
Le premier tome de la saga le pays des autres nous avait fait quitter Amine et Mathilde Belhaj dans l'agitation d'un Maroc à la veille de l'indépendance de 1956. Nous retrouvons le couple franco-marocain à la tête de son exploitation agricole de Meknès, devenue en cette année 1968 un domaine prospère dans un pays qui a retrouvé le calme.


L'aisance des Belhaj les classe désormais parmi l'élite du pays, leur permettant de se mêler aux riches Français restés sur place. Cette apparente égalité cache toutefois mal l'insidieuse et méprisante suffisance des anciens colons. Déchirés par leur ambiguïté face à ces Occidentaux qu'ils sont fiers d'imiter et de fréquenter tout en étant douloureusement conscients de leur assujettissement, ils trouvent un apaisement dans la réussite de leur fille Aïcha, devenue médecin après des études en France, mais vivent très mal les aspirations à l'émancipation de leur fils Sélim. Il faut dire qu'à chaque revendication au changement, la répression du pouvoir royal est violente, ensanglantant les manifestations étudiantes et réduisant au silence les opposants politiques, comme ces militaires publiquement exécutés après leur tentative avortée de coup d'état.


Pourtant, dans ce Maroc, où, plus de dix ans après l'indépendance, rien en semble avoir vraiment changé entre les privilégiés qui mènent grand train et le reste de la population qui vit dans la misère, le vent encore timide de la liberté ne semble demander qu'à prendre de l'ampleur, au travers de quelques esprits soucieux de l'identité et des spécificités marocaines, de femmes au tout début de la conquête d'une difficile émancipation, ou de jeunes hippies curieusement rassemblés à Essaouira.


Passionnante, cette vaste fresque se vit de l'intérieur, au travers d'une famille inspirée de celle de l'auteur. Histoire intime et évocation historique se mêlent ainsi étroitement pour donner à la narration intensité et profondeur, dans une reconstitution sensible et habitée dont le souffle n'a d'égal que sa subtilité. Ce deuxième tome que l'on pourra lire de préférence, mais pas nécessairement, après le premier, est une nouvelle réussite qui fait attendre impatiemment l'ultime volet de la trilogie.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
Commenter  J’apprécie          10815
« Le pays des autres » racontait l'union d'Amine, tirailleur marocain, et de Mathilde, alsacienne libérée par nos armées en 1944, puis asservie au Maroc et partageant le destin de millions de femmes sous le règne de Mohamed V.

« Regardez nous danser » romance la génération suivante sous le règne de Hassan II (1961-1999).

Aicha, la fille de Mathilde et Amine, après des études de médecine à Strasbourg et une location chez Madame Muller (1968 et la chienlit), s'installe comme gynécologue et se consacre aux femmes qu'elle informe sur les questions sanitaires, sociales et la régulation des naissances. Elle s'intéresse peu aux idéologies, à la politique, et participe à la modernisation du Royaume avec efficacité et pragmatisme. Elle m'apparait être un avatar de la romancière ?

Selim, le frère d'Aicha, plus motivé par les rêveries que les études, est perverti par des drogués allemands et sombre dans la délinquance avant de fuir vers d'obscurs trafics (Le Maroc est aujourd'hui le principal producteur des narcotiques qui envahissent l'Europe.)

Le 10 juillet 1971, le Roi échappe à une tentative de coup d'état, puis le 16 aout 1972 survit à une attaque aérienne. La répression est énergique mais le Roi libéralise progressivement son régime et consolide les acquis de son règne en construisant de nombreux barrages et en menant une audacieuse redistribution des terres. Leïla Slimani rend ainsi hommage au monarque qui a fait du Maroc un modèle pour son continent.

Dans le même temps la communauté juive est poussée par les guerres entre Israël et ses voisins sur les chemins de l'exil privant le pays d'une partie de son élite commerçante et intellectuelle.

Leïla Slimani développe beaucoup de sujets différents et multiplie les personnages secondaires indispensables pour incarner les contrastes de la population. de Mehdi « l'intello » progressiste au policier servile (Omar le frère d'Amine) tout l'éventail marocain défile au pas cadencé dans une fresque où les derniers colons occidentaux partent en retraite. L'intrigue s'attarde, en insérant des épisodes de corruption et de séduction, au risque de ralentir le scénario et d'épuiser le lecteur.

Ce second Tome est addictif mais, à mon modeste avis, moins que le premier. D'où un léger doute sur l'intérêt d'une suite annoncée pour couvrir le règne de Mohamed VI, époque où la séduisante Aicha, aura probablement perdu une partie de ses charmes et de son énergie ?

PS : mon regard sur le Pays des Autres : https://www.babelio.com/livres/Slimani-Le-Pays-des-autres/1199561/critiques/2620513
Commenter  J’apprécie          651
J'avais hâte de poursuivre la saga commencée avec "Le pays des autres", et comme j'ai eu la chance de récupérer ma réservation presque immédiatement j'ai pu enchaîner les deux tomes. Leïla Slimani nous emmène à nouveau à la rencontre de la famille Belhaj, qui s'inspire de ses propres ascendants.
Nous les avions quitté en 1956, nous retrouvons Mathilde l'Alsacienne et Amine l'ancien spahi dans leur domaine près de Meknès. Les difficultés des débuts sont bien loin, l'exploitation est florissante et le couple désormais prospère. Mathilde obtient enfin cette fameuse piscine qu'elle désirait depuis si longtemps, symbole d'un statut social qui les élève au rang des anciens colons français restés au Maroc. C'est le temps des fêtes, où l'on se gave de buffets fastueux, et où l'on danse... Mais sous cette apparente légèreté, le règne du nouveau roi Hassan 2 est aussi "plombé" par des tentatives de putsch réprimées dans le sang, ou de révoltes étudiantes. Et Amine doute toujours, ne trouvant pas vraiment sa place dans cette bourgeoisie dorée dont il se sent différent.

Les enfants du couple Belhaj ont bien grandi, Aïcha la brillante élève est maintenant étudiante en médecine à Strasbourg, où elle traverse les évènements de mai 68 sans rien y comprendre, uniquement intéressée par ses études. Elle se spécialisera en gynécologie et retournera exercer au Maroc, où elle rencontrera Mehdi, alias Karl Marx. Quant à son frère Selim, peu doué pour les études, il vivra une passion interdite et dévorante avant de découvrir la communauté hippie et Essaouira, où il goûtera à des plaisirs dangereux. On retrouvera aussi Selma, dont le mariage avec Mourad, le contremaître d'Amine, s'est terminé tragiquement. Et on croisera assez brièvement sa fille, Sabah, ainsi qu'Omar, frère d'Amine et de Selma devenu commissaire, très impliqué dans les opérations de répression contre la jeunesse rebelle.

J'ai été ravie de retrouver tous ces personnages, et de découvrir l'évolution de le nouvelle génération, même si leurs expériences ne sont pas toujours très judicieuses. Après tout c'était aussi cela la vie dans les années 60-70, que ce soit en France ou au Maroc, et le récit n'en est que plus crédible. Mais je trouve que l'histoire manque un peu de moments forts comme on a pu en vivre dans le premier volume. le contexte historique est bien présent, l'auteure n'a pas édulcoré, mais j'ai eu un peu de mal à entrer en résonnance avec les personnages qui m'ont parfois paru en décalage avec les évènements.
C'est la raison de ma note un peu moins élevée que pour le tome précédent.
Mais j'ai lu ce livre avec grand plaisir, et j'ai parfois souri, notamment devant la caricature d'alsacienne raciste incarnée par la logeuse d'Aïcha, Madame Muller, et surtout lorsque j'ai découvert la façon dont celle-ci lui fait ses adieux ! Je lirai bien sûr la fin de cette trilogie, qui j'espère paraîtra bientôt.

Commenter  J’apprécie          5314
On retrouve avec plaisir Mathilde l'alsacienne et Amine le marocain dans leur ferme qui est devenue une exploitation très prospère.
Ce deuxième tome est plus centré sur leurs deux enfants, Aïcha, qui devient médecin et Selim qui peine à trouver sa voie.
Dans les années soixante-dix, le Maroc peine à trouver son équilibre.
Les colons français sont remplacés par les nouveaux bourgeois marocains et la population demeure pauvre.
Outre suivre la famille dans son évolution, c'est l'Histoire du Maroc que nous conte Leïla Slimani.
Et elle le fait avec grand talent.
J'ai dévoré ce deuxième tome sans la moindre lassitude.
C'est bien écrit, ça coule de source.
On se croirait vraiment au Maroc et j'ai découvert des faits que j'ignorais, comme ces communautés hippies qui s'y étaient installées.
Il n'y a peut-être pas la même émotion dans la vie des personnages que dans « Le pays des autres » axé sur Mathilde et Amine, mais les événements politiques et sociétaux y sont plus développés.
Ce fut un excellent moment de lecture et j'attends avec impatience la suite de cette trilogie.
Commenter  J’apprécie          486
Dans ce second tome de cette trilogie, nous retrouvons Mathilde, Amine, Aïcha…
Leïla Slimani continue de dévoiler des éléments biographiques de sa famille, en modifiant certaines données , ainsi Aïcha, après des études de médecine menées à la faculté de Strasbourg devient gynécologue alors que la grand-mère de l'autrice est, en réalité ORL, mais la spécialité choisie est en parfaite adéquation avec le roman.
J'ignorais que les hippies américains avaient fait de Tanger mais bien plus d' 'Essaouira (Mogador) leur destination privilégiée.
Dans ce roman, elle relate les difficultés du Maroc l'indépendance retrouvée, les années de plomb , sous le règne d'Hassan II , marquées par la violence, la répression contre toutes formes d'oppositions politiques, les coups d'état, putsch avorté (on a ou pas la baraka !) et les répressions féroces qui suivirent. Témoignage intéressant et émouvant concernant la condition des femmes.
Commenter  J’apprécie          381
Avec ce deuxième tome du "Pays des autres", je me suis embarquée pour un Maroc des années 1970 où l'on retrouve la famille Belhaj composée de l'alsacienne Mathide et d'Amine le marocain. le couple prospère et s'embourgeoise tandis que les enfants Aïcha et Sélim prennent des chemins différents.
Nous suivons l'indépendante d'esprit d' Aïcha devenue gynécologue et épouse d'un chef de direction des impôts Mehdi. Quand au frère Sélim, sa vie va bousculer au contact des hippies installés à Essaouira.
Les autres membres de la famille évoluent vers d'autres destins comme Selma qui pleine de ressentiments devient une courtisane de luxe. Et Omar, le frère d' Amine sa carrière de policier se situe dans le renseignement.
Dans ce contexte de contrastes entre pauvres et bourgeois, paysans et riches propriétaires, Leïla Slimani brosse un portrait sans complaisance du roi Hassan II. D'une main de fer, il exerce un pouvoir autoritaire et même cruel en autorisant la torture.
C'est donc avec ce régime autocratique et corrompu et des personnages attachants que l'auteure raconte une époque révolue.
Si les problèmes identitaires étaient très présents dans le premier tome, ici c'est sa place dans le monde qui interroge.
Leïla Slimani a offert une belle saga dont j'attends le troisième tome.
Commenter  J’apprécie          330
Le deuxième tome de l'histoire romancée de la famille de Leïla Slimani est toujours aussi nostalgique.
Cela débute en 1968 ; Aïcha poursuit ses études de médecine à Strasbourg et est complétement dépassée par les évènements de mai.
Les cours sont suspendus ; elle en profite pour retourner voir sa famille au Maroc.
Les choses ont changé, la pauvreté s'est éloignée, la piscine a été creusée mais malgré tout, le bonheur a du mal à s'installer.
Il est question de choix difficiles, des relations parents-enfants, de jalousie fraternelle, du besoin d'échapper à une vie déjà tracée, du mouvement hippie, de révoltes sociétale et de désir.
La encore beaucoup de contradictions et d'ambivalences,
Là encore la tradition côtoie la modernité.
La plume est toujours aussi élégante et mélancolique.
Un peu de légèreté arrivera t'elle dans le troisième tome ?
Commenter  J’apprécie          320
Deuxième tome d'une trilogie et suite des aventures de la famille de Mathilde et Amine à Meknès : le temps a passé et nous voilà fin des années 60, début 70. A force de travail, le couple a développé une activité florissante et vit désormais dans le confort. Aïcha part faire ses études de médecine à Strasbourg tandis que Selim se laisse emporter par un groupe de hippies installé à Essaouira. Un nouveau personnage apparaît, Medhi l'amoureux d'Aïcha, professeur à l'université de Rabat. On retrouve également Selma, la soeur d'Amine à la beauté foudroyante et aux amours contrariés et Omar son frère mystérieux.

Le Maroc a beaucoup changé après la fin de la colonisation française. Hassan II au pouvoir resserre peu à peu l'étau sur la population et place progressivement le pays sous haute surveillance. Omar, le frère d'Amine fait partie de la police chargée de traquer les opposants au régime.

Comme dans le premier tome, Leila Slimani brosse une galerie de personnages et en profite pour nous raconter l'histoire de son pays depuis la seconde guerre mondiale. La narration est agréable et fluide et son roman se lit avec plaisir. Malgré la forme romanesque, elle réussit également à dresser un tableau précis, intéressant mais aussi assez glaçant du retour du roi après le départ des français. J'ai toutefois un peu plus de réserves qu'à l'égard du premier tome car les personnages de la seconde génération, celles des enfants, m'ont semblé beaucoup moins attachants que ceux de leurs parents. On peine parfois à suivre leurs tourments ou leurs motivations alors que les personnages principaux du premier volume m'avaient emporté. J'attends la suite….
Commenter  J’apprécie          297
Après « Le pays des autres » qui nous avait conduits de 1946 à 1956, d'un Maroc colonial à un pays indépendant, ce 2e volet, « Regardez-nous danser » situe les événements d'avril 1968 à août 1972 et décrit un Maroc divisé et plein de contradictions entre un désir de plus en plus vif d'émancipation chez les jeunes et le régime très autoritaire d'Hassan II. En effet, les tensions sont vives, et l'écart entre les riches et les pauvres de plus en plus marqué. On sent que le Maroc de ces « années de plomb » peine à trouver sa voie après la période de protectorat : le pouvoir réprime violemment les manifestations étudiantes, le roi subit deux attentats fomentés par l'armée dont il réchappe miraculeusement et l'État va jusqu'à retransmettre à la télé les terribles exécutions de militaires.
Cependant, l'on sent que Mai 68 est passé par là : Barthes enseigne à Rabat et les hippies s'installent à Essaouira : la jeunesse rêve d'émancipation et se passionne pour l'Amérique.
Mais les moeurs évoluent bien lentement : les femmes sont toujours victimes de préjugés, la sexualité demeure un tabou. le patriarcat et les coutumes ancestrales les empêchent d'être libres.
Quant aux Belhaj, à force de travail, ils sont devenus de très riches propriétaires terriens : leur exploitation agricole s'est modernisée et elle se porte à merveille. A la demande de Mathilde, ils ont fait creuser une piscine, symbole un peu ostentatoire de leur réussite sociale. Leur fille Aïcha poursuit ses études de médecine en Alsace et leur fils Selim a toujours une scolarité un peu chaotique. Dans ce second tome, c'est vers cette jeunesse que la caméra se déplace...
Les Belhaj, devenus des notables, sont dorénavant parfaitement intégrés à la bourgeoisie locale constituée de riches Marocains et de Français qui cachent tout leur mépris pour ceux qu'ils continuent entre eux à nommer « les bicots ».  Amine s'inquiète malgré tout pour l'avenir de son entreprise à laquelle il s'est dévoué et craint des révoltes paysannes qui risqueraient bien de teinter de rouge l'eau turquoise de sa nouvelle piscine…
Si l'on retrouve avec plaisir les personnages du « pays des autres », il m'a semblé que ce second volet manquait un peu de relief, de « grandes scènes » qui frappent l'imagination et pour lesquelles l'autrice est particulièrement douée.
Leïla Slimani parvient cependant à dresser des portraits très nuancés des personnages qui se trouvent décrits dans toutes leurs contradictions.
L'ensemble demanderait quand même à être un peu « relevé » soit par davantage d'action (c'est pourtant pas vraiment mon genre de réclamer de l'action!) ou de relief dans l'écriture. Bref, j'ai ressenti parfois un certain ennui à la lecture, qui reste très agréable mais qui manque un peu de peps.

Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
Commenter  J’apprécie          290




Lecteurs (3503) Voir plus



Quiz Voir plus

Une Chanson pas si Douce

Choisissez parmi les choix offerts : l'objet de discorde qu'un soir, Myriam - cette dernière fatiguée, rentrant du travail dans son appartement plongé dans le noir - découvre au centre d'une petite table où mangent Louise et les enfants de Paul.

Un jouet brisé
Une boîte qui contenait trois pâtes
Une carcasse de poulet
Des mégots de cigarettes

6 questions
37 lecteurs ont répondu
Thème : Chanson douce de Leïla SlimaniCréer un quiz sur ce livre

{* *}