Sutures, ou une enfance ordinaire, ou presque, aux Etats-Unis dans les années 50.
Aux U.S.A. l'atome a eu son heure de gloire. on traite tout et n'importe quoi avec les rayons X... La notion de dangerosité n'existe pas encore... et puis, il faut bien rentabiliser tout ces investissements dans l'énergie atomique et ses dérivés.
Alors quand un enfant a des problèmes respiratoires qui touchent poumons ou sinus, on l'irradie...
David Small se souvient... Il a grandi dans une famille typique de ces "glorieuses" années de l'Amérique des 50's. Son père, médecin radiologiste, fait partie de cette nouvelle vague de scientifiques, qui ne vivent que pour leur carrière, et qui croient révolutionner le monde avec les rayons X.
La mère, elle, semble en vouloir à la terre entière en permanence, et en particulier à son second rejeton, David. Peu de mots, des gestes brusques, voire violents, mais jamais tendres. Une communication inexistante, et pis que cela, de l'indifférence froide.
Dans une famille où la communication passe par les claquements de porte et les regards noirs, David développe son propre système pour attirer l'attention : la maladie. Et David a de la chance malgré sa santé fragile ! Son père s'occupe bien de lui : lavements, ostéopathie, deux à quatre cents rades de rayon x quotidiens sur les sinus... tout baigne !
Un jour, une grosseur apparait dans son cou. Las, pas grave ! Ce doit être un kyste, on traitera ça plus tard, quand papa et maman auront fini de profiter de la nouvelle promotion de papa.... On va pas gâcher un tel évènement avec des broutilles !
Trois années passent avant qu'on se décide à soigner David... Et devinez quoi !? Son kyste n'en était pas un...
L'indifférence et le rejet ne sont-ils pas aussi dévastateurs que la maltraitance physique ? C'est la question délicate que pose
David Small en revenant sans concession sur une douloureuse période de sa vie.
Exorcisme, règlement de compte, catharsis...? Peu importe le nom qu'on lui attribue, il reste de profondes
sutures, certaines apparentes, d'autres invisibles, qui font mal, et touchent celui qui les observe.
Avec son dessin à la
Will Eisner et sa pudique sensibilité,
David Small nous livre là un témoignage terrible.
David Small, c'est grand...