Le village est un polar humain, où les sentiments et la psychologie se font la part belle. Les actions des personnages et en particulier du père de famille, ancien soldat, vétéran de la guerre de Crimée, parti à la recherche de sa nièce enlevée, sont précédées de moments d'introspection, de prise de conscience.
Dans cet univers, le climat et les menaces ennemies sont au coeur de la vie du village et des habitants, Luka évalue l'humanité de ses actions et celles de ses concitoyens avant de céder aux excès de la peur. Y aurait-il des meurtres et des atrocités plus légitimes parce qu'elles se font sous couvert de la guerre et d'un enrôlement? Qu'est-ce qui est juste? humain? Au nom de quoi peut-on décider de la vie ou de la mort d'autrui?
Ce thriller n'est pas de ceux qu'on lâche facilement. L'action est réduite à l'essentiel : une marche à travers le paysage gelé, enneigé, à la poursuite d'une ennemi quasi invisible. Il n'est pas question de vie mais de survie, l'intrigue est sans fioritures, brute, à l'image des conditions dans lesquelles évoluent les protagonistes.
L'angoisse monte à mesure que le contexte historique est mis en place : la menace de l'invasion de l'Armée rouge, et des atrocités que leur arrivée génère. On pourrait penser que
le village est à mi-chemin entre le document et la fiction.
On ferme ce livre glacé par l'horreur, par cette vie où l'on imagine le froid qui s'engouffre entre chaque page, où l'on reste dans la perplexité de ces idéaux Staliniens qui menaient à la mort certaine ceux qui n'avaient déjà rien.