A travers un personnage dont on ne connaît pas l'identité,
Canek Sánchez Guevara nous joue la musique du disque rayé de la vie cubaine. 33 chapitres qui offrent au lecteur toute la réalité d'un pays, les rêves et le désenchantement d'un peuple.
Son personnage a la trentaine et est torturé par la monotonie de la vie qu'il mène sur l'île. Son quotidien se résume au boulot, à l'alcool, aux clopes et dodo. Il n'a pas cet esprit de révolution que d'autres peuvent avoir, il regarde, simplement, l'ironie de cette vie cubaine. Puis petit à petit, les gens vont tenter de fuir sur des radeaux de fortune la dictature instaurée. C'est à ce moment là du récit que l'effervescence va naître et que ce trentenaire va peu à peu cesser d'être observateur.
Un roman par le petit-fils du Che ça peut surprendre, laisser perplexe et pourtant on l'oublie bien vite lorsque l'on démarre les premières pages de ces
33 révolutions car ici il n'est pas question d'un réel esprit de révolution. Canek Sánchez construit son récit autour de ce qu'il appelle le disque rayé tel un 33 tours où l'espérance est utopique, où les conditions de vie ne font pas rêver les touristes que nous pourrions être. Exit les plages paradisiaques, les façades colorées... L'auteur nous dresse là, à travers cette fiction, la sombre réalité de ce qu'a été Cuba durant la dictature de celui qui est appelé le « vieux » (comprenons
Fidel Castro). Et pourtant on se sent habité par La Havane, par l'odeur humide de la rue, le cigare, le rhum. On sent la chaleur de la salsa passer dans nos veines, on pourrait presque en transpirer.
33 révolutions c'est 82 pages, 33 chapitres, 33 toiles de vie peintes où la mélancolie et la noirceur sont de mises à travers une écriture concise, précise et poétique débouchant sur un message d'espoir et de liberté car au bout de la privation il y a la mer « attirante comme l'infini ».
Et après ces quelques 80 pages, l'éditeur a eu la très bonne idée de mettre quelques textes, interviews liés à l'auteur pour compléter la lecture et ainsi comprendre un peu mieux quel homme était
Canek Sánchez Guevara, décédé en janvier 2015.
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