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sur 481 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Yunjae a 16 ans et une amygdale cérébrale défaillante. Résultat, il est incapable de comprendre les émotions. Sa mère l'a jusque là guider pour réussir à s'intégrer, jusqu'au drame. Gon rentre alors dan la vie de Yunjae, plein de colère et d'émotions fortes. Les deux garçons vont développer une amitié qui peut leur être bénéfique à tous les deux.
La quatrième de couverture de ce roman m'avait alléché, promesse d'un roman atypique. Pourtant, sans avoir été déçue, je ne ressors pas très emballée par ma lecture. Yunjae étant le narrateur de l'histoire, le ton est dépassionné au possible, ce qui m'a gardé à distance de ce qui peut lui arriver. J'ai donc eu un peu de mal à m'attacher et à m'impliquer dans l'intrigue. le personnage de Gon, à l'inverse total de Yunjae, n'est pas non plus très attachant. Violent, asocial, il va être fasciné par Yunjae.
Même si la fin est chargée en émotion (enfin !), j'ai trouvé la lecture de ce roman un peu longuette et peu impliquante. Ce n'est pas un mauvais roman, mais je ne pense pas être la cible pour sa lecture. Reste une jolie écriture et la découverte, à la première personne, d'un syndrome rare, plus gênant qu'il n'y paraît au premier abord.
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Je dois dire que je suis vraiment contente, en tant que libraire jeunesse, de recevoir sur notre rayon ado étranger ce roman venu de Corée du Sud. Nous en avons vraiment très peu. Comme ce roman m'a rendue émotive, j'ai prit le temps de décanter le tout avant de me lancer sur cette critique et ce fut une bonne décision, car en l'analysant plus à froid, certains éléments me semblent moins attrayants, au final.


Yunjae nous narre sa vie, de ses quatre ans à ses quinze ans. Il nous explique souffrir d'Alexithymie, que l'on peut définir selon deux axes: La difficultés à pouvoir communiquer ses sentiments à autrui et l' incapacité d'identifier ses sentiments et de pouvoir les distinguer de ses sensations corporelles [ Cairn; Psychoptropes, 2006]. Un déficit de l'affect qui peut être aussi bien lié à un traumatisme qu'une sous-croissance de "l'amande", qu'on appelle aussi "amygdale". Celle-ci joue plusieurs rôles, comme de reconnaître et identifier les émotions, mais aussi un rôle d'alerte et de reconnaissance du plaisir. Donc, en clair, les gens souffrant d'alexithymie ressentent peu ou pas du tout leurs émotions, ont du mal à percevoir celles des autres, rêvent très peu, fantasment très peu et ont du mal à associer les éléments dangereux à la mémoire, donc ils peuvent se mettre en danger parce qu'aucun souvenir n'est associée à la peur. le garçon va devoir apprendre à se repérer dans ce monde rempli de codes et de conventions basés sur les sentiments et émotions, avec l'aide de sa mère. Vivant ensuite avec sa grand-mère comme troisième membre de la famille, Yunjae nous livre quelques anecdotes et passages de son enfance, avant le drame qui va le faire se retrouver seul. Lorsqu'un inconnu instable mentalement assassine sauvagement sa grand-mère et sa mère, qui sombre dans un coma long de plusieurs mois, l'adolescent se retrouve à gérer seul la petite librairie usagée de sa mère. À l'école, il est la cible de commérages, même les plus cruels. Mais les choses pourraient changer quand il prend l'habitude d'aller voir son voisin de palier, Monsieur Shim, qui devient son tuteur officieux, ainsi qu'avec l'arrivé d'un nouveau à son école, qui a une réputation de gars violent.


L'autrice évoque, à la fin du roman, qu'elle souhaitait parler de l'interaction entre deux "monstres", l'un ayant trop peu d'émotions et l'autre trop, au contraire. L'idée en soi est intéressante et je ne cacherai pas le fait qu'une fois lancée dans le roman, je l'ai terminé en une lecture. Néanmoins, et c'est après y avoir réfléchit, je me demande si on peut dire que cette "amitié improbable" était saine. Si par "trop d'émotion", on a plutôt un "trop de colère", donc une seule émotion. Et puis, je me suis aussi demandé s'il fallait impérativement avoir encore un personnage ultra-violent. On a souvent tendance, dans la littérature jeunesse, à traiter des héros masculins violents comme de pauvres petits enfants maltraités qui ne sont au final que le produit d'une société qui n'a pas suffisamment veillée sur eux. Sans banaliser le vécu de certains de nos ados, le hic que je vois dans ce genre de formule, c'est le fait de déresponsabiliser les comportements violents et même d'encourager à avoir pitié d'eux. C'est particulièrement notable dans les romances ados féminines. Alors, je m'interroge, parce que je constate encore une fois qu'un personnage ado subit la violence physique, verbale et même psychologique d'un autre ado qui ne sait pas gérer sa colère et cherche à entretenir une mentalité toxique du "plus fort" de la chaine alimentaire. Ici, le héro, en ayant cette particularité d'être émotionnellement restreint, ne souffre donc pas à proprement parler de la violence verbale ou psychologique - parce qu'il s'en moque. Cependant, il aura été tabassé à maintes reprises, que ce soit à coup de pied, à coup de poings ou en lui faisant des croche-pied. Ça rentre tout-à-fait dans l'intimidation et même les voies de faits. Mais pour une raison ou une autre, Yunjae cherche au contraire à s'en rapprocher. Même son de cloche du côté de Gon, ledit intimidateur. J'imagine qu'ils s'intriguaient mutuellement.


Petit focus sur le personnage de Gon: En bas âge, ses parents l'ont perdu dans un parc d'attraction. Sa mère sera décédée d'une maladie avant de pouvoir le revoir. D'ailleurs, quand le père de Gon le retrouve, il est si déçu par ce qu'il a trouvé avec Gon qu'il demande a Yunjae de prendre sa place pour les ultimes retrouvailles entre le fils et la mère, avant que celle-ci ne meurt. Gon a des comportements puériles, agressifs et il semble perpétuellement chercher l'attention. Surtout, il canalise très mal sa colère. Il a des problèmes avec l'autorité, que ce soit son père ou les instances scolaires. Une petite graine de bandit, en somme. Cela dit, si on suit l'autrice, on comprendra que Gon est en réalité très sensible et réactif. Il ne prétend pas être autre chose que ce qu'il est. Ce qui peut être un peu rebutant toutefois, c'est que ce "je suis comme ça" ressemble beaucoup plus à une mauvaise excuse pour ne pas vouloir changer qu'un réel trait de personnalité ( les traits de personnalité n'étant pas, par définition, changeables). Personne, à moins de traumas ou d'éducation, ne nait violent. Ce n'est PAS un trait de personnalité. On a donc pas à accepter socialement la violence de ces gens. Mais bien sur, il importe de se montrer disponibles à ceux ( et celles) qui feront le choix de changer. Bref.


C'est là que je deviens mitigée. Pour être honnête, j'ai senti qu'on cherchait à excuser Gon et son exécrable façon d'être, excusée par ses antécédents, peu claires, en fait, si on ne compte pas le fait d'avoir été "perdu". "Soyez ouverts, cherchez à le comprendre", nous évoque t-on, entre les lignes. Encore une fois, je suis bien au fait que la bienveillance et l'ouverture d'esprit sont des éléments capitaux pour favoriser l'aide aux personnes en détresse psychologique. Néanmoins, on ne peut pas "vouloir plus" que la personne. Si elle ne veut pas s'aider, ce n'est pas aux autres de vouloir pour elle. Dans le roman, j'ai senti que c'était là l'enjeu: Sauver Gon de lui-même. Je n'adhère pas à cette logique, parce qu'elle implique le sacrifice d'une autre personne. Ici, c'est Yunjae. Je n'exagère pas du tout, la fin nous l'illustre de manière limpide:
[Masquer] Yunjae prend un coup de couteau à la place de Gon, qui s'est placé dans une situation périlleuse tout seul. Et manque d'en mourir. [/masquer]


"Amande" me rappelle le roman "Dear Evan Hanssen", mais pas dans le bon sens. Les deux romans mettent en scène deux garçons dont l'un profite de l'autre. Et tout comme ce roman, "Amande" a été un succès dans son pays. Mais je me demande si, au delà du message de tolérance et de s'ouvrir aux ados qui vivent avec une différence, nous n'avons pas tendance à oublier que cela ne doit pas se faire dans un contexte toxique ou au détriment d'une autre personne. Dans "Dear Evan" , on a un ado qui, après imbroglio, est considéré à tort comme un ami d'un gars qui s'est suicidé. Et comme cela semble faire du bien autant à Evan que la famille du défunt, ce dernier porte le mensonge de leur amitié à des sommets. En clair, Evan s'est bâtit un réseau social sur le dos d'un ado suicidé. Dans "Amande", Yunjae se découvre des émotions entre autre parce qu'il a été "l'ami" d'un gars violent, qui lui même l'utilise pour passer ses nerfs. Encore une fois, je ne veux pas banaliser le vécu de certains de nos ados qui deviennent violents en réaction à des carences affectives et des sévices quels qu'ils soient, mais prétendre qu'il fait les "sauver", c'est faire fausse route. "Accompagner", "soutenir", "être attentif", oui, mais pas tout faire à sa place et certainement pas s'il faut souffrir pour ce faire. En outre, on parle vraiment trop peu des innombrables autres ados laissés pour comptes du fait d'être différents. C'est, il me semble, toujours miser sur le même groupe, celui des gars violents qui sont ou frôlent la délinquance. le plus difficilement 'secourable", qui plus est. de plus, pour en revenir au roman, je pense que la relation entre les deux ados n'avait pas forcément à passer par la violence physique comme moyen de rapprochement.


Ce rapport toxique va doucement s'amoindrir pour devenir une sorte de relation "amicale", où les deux ados se fréquentent seulement hors de l'école, surtout pour bavarder. Mais comme évoqué plus haut, Yunjae va tout de même se mettre en danger pour son "ami", alors je reste perplexe face à cette "amitié". Par contre, une relation que j'ai beaucoup aimée est celle de Yunjae avec le docteur Shim. On pourrait croire que c'est en grande partie à Gon que Yunjea se découvre des émotions, mais j'en doute, pour être franche. Gon est peut-être très sensible, son répertoire se borne à la "colère". le reste du temps, il est juste insultant et fait dans la psycho-pop à deux sous. C'est un personnage pas franchement sympathique. Mais le docteur Shim a réellement quelque chose à apporter à Yunjae et le fait de manière saine. Il est non seulement complètement ouvert d'esprit envers ce jeune en apparence froid et asocial, il est également patient, présent et réconfortant. Il vulgarise bien les concepts qui posent problème à Yunjae et il est altruiste. Il a réellement à coeur la sécurité et l'intégrité de l'adolescent, probablement en raison de son amitié pour la mère de celle-ci, mais il semble le faire de bon coeur. Si on doit quelque chose de la progression de sentiment de Yunjae, c'est surtout à lui qu'on le doit, je trouve.


J'ai également du mal avec la fin, expéditive et surtout, hollywoodienne. Était-ce nécessaire d'aller dans un tel extrême? Et je doute fortement que les émotions se construisent spontanément comme cela semble avoir été le cas à la fin, comme si elles étaient simplement des oeufs difficile à pondre. Je trouvais justement le concept du roman intéressant pour ça: l'idée que les émotions et leur identification pouvait être travaillées, que ce pouvait être de l'ordre de l'apprentissage, comme c'est souvent le cas pour les personnes autistes. Mais ici, ça me semblait tenir plutôt du miracle, ce qui est ma foi, fort peu crédible.


Pour les éléments positifs, je dirais que ça se lit tout seul. Il y a eu un énorme travail de la part de la traductrice du coréen vers l'anglais, qui se donne la peine de mettre les références coréennes en notes de bas de page et a fait prit grand soin de travailler les dialogues en fonction du bagage émotif de ses personnages. Ainsi, on sent le côté empirique et descriptif de Yunjae, pour qui les sentiments sont très abstraits, alors qu'on sent le ton vibrant et réactif de Gon. Là-dessus, il y a du beau travail. Découvrir le monde à travers le regard de Yunjae était en soi très intéressant. L'autrice y consacre beaucoup de temps, alors ne vous surprenez pas de trouver le début long. En même temps, cela nous permet d'apprécier la famille de Yunjae, la mère et la grand-mère, qui elles aussi étaient du genre colorés. le simple fait de voir la maman travailler dur avec son fils pour qu'il s'adapte à son environnement social et physique était touchant. Ce l'était néanmoins un peu moins quand on comprend qu'elle craint surtout le jugement des autres. Sauf que, c'est là une crainte justifiée, dans un monde où les gens passent leur temps à juger autrui, c'est donc difficile de lui en vouloir. Au contraire, la grand-mère semblait croire que le petit garçon pouvait bien être lui-même et a accepté assez bien la différence de son petit-fils. Elles se complétaient bien, au fond. C'était une famille atypique vraiment rafraichissante.


En outre, je conçois que le roman se veut une porte de réflexion autours de la différence. Nous avons encore tendance à ne pas savoir apprécié la diversité. Je pense aux introvertis, encore très mal comprit, aux minorités sexuelles et ethniques, aux autistes, aux personnes atypiques, aux gens ayant des syndromes, aux Intellos, aux Hypersensibles, aux doués, aux artistes, etc. Je me dis d'ailleurs que le personnage de Gon aurait pu être simplement ça: un atypique, un hypersensible ou juste un gars plus ouverts que les autres, au lieu de nous représenter pour la énième fois un délinquant en construction, largement sur-représentés en littérature jeunesse comme "personnage qui fait pitié". Il me semble que le message aurait été plus adroit et plus révélateur s'il n'était pas une furie qui déteste tout le monde. L'extrême de l'émotion n'est pas forcément la colère ou la rage, ou ce besoin stupide de dominer les autres, et je m'agace que cette logique prédomine encore, surtout concernant les personnages masculins et spécialement les personnages masculins ayant une enfance difficile. En revanche, je conçois que ce sont les gens patients, attentifs et bienveillants ( comme M.Shim) qui font une différence chez les ados différents et qui vivent du rejet de par cette même différence.


Il y a un petit constat que j'aimerais formuler: L'idée que les émotions peuvent passer par les gestes. Je remarque que Yunjae, quand il a perdu sa grand-mère, et que sa mère est plongée dans le coma, a prit des décisions surprenantes pour un ado atteint d'Alexithymie. Il a continué à aller voir sa mère, a prendre soin d'elle dans ses soins corporels, même légers. Il a cherché à tenir la librairie d'occasion. Il a cherché à développer ses aptitudes sociales. Ça n'a rien d'anodin, même Gon semblait incapable de penser aux autres, mais Yunjae, dans ses comportements et actions, avait, me semble-t-il, plus d'humanité que son "ami". Et contrairement à Gon, il était en meilleure posture pour "changer", dans le sens "d'évoluer", en dépit de son handicap. Peut-être ce besoin de prendre soin était par convention ou par apprentissage, mais ne sommes pas aussi le produit de nos actions que celui de nos pensées? Prendre soin de sa mère n'était-il donc pas une preuve d'affection et d'attachement?


Ah, oui et il y a une sorte de "premier amour" aussi, dans ce roman, mais là encore, ça me fait soupirer, car, évidement, on a un béguin typique des romans américains: le GROS béguin déraisonnable. Il aurait sans doute été plus cohérent d'avoir un béguin tout doux, progressif et moins intense pour un personnage comme Yunjae, mais on a un gros crush assez basique ici. Quoique je dis "basique", je reste fermement convaincu que toutes les personnes ne s'empêchent pas de dormir, manger, penser et vivre juste parce qu'ils ont un "béguin". Bon point pour la traductrice: elle a mit le mot "béguin" et non "amour". Il y a tout-de-même une sacrée différence entre un gros coup-de-foudre pas franchement rationnel et censé et un amour sincère et profond. Et cette "première" fois émotionnelle arrive aussi de manière expéditive à la fin du roman.


Enfin, il faut préciser que ce roman étant coréen, il tient compte de certaines spécificités du pays et de sa culture. Je pense au concept "d'adolescence" en Corée. On a assez bien établit en Amérique du nord et en Europe en général que les 14 ans et plus sont des "ados". Ils sont donc responsables de leurs actes et sont traités différemment des enfants sur le plan social et même scolaire. Ici, je constate que les "ados" coréens ne semblent pas être considérés comme chez nous. Ils sont appelés "enfants" et sont traités comme tels à l'école. Un peu comme chez les japonais, qui semblent eux aussi n'avoir que trois groupes: enfants, adultes et aînés. Gon et Yunjae ont pourtant 15 ans.


Donc, un roman qui a sa pertinence, mais qui aurait vraiment gagné à ne pas tomber dans le pattern quasi chronique du "sauver le bad-boy de lui-même parce qu'il refuse de faire l'effort de s'aider". Les auteurs et autrices américaines adorent ce genre de concept, mais je constate qu'il est populaire même en Asie. On aurait peut-être eu un meilleur équilibre si le début était moins long et la fin moins "fourre-tout". Reste que c'est génial d'avoir un roman qui a la saveur de la Corée, avec ses références, ses valeurs sociales. Et contre toute attente, il y a même eu des passages comiques, car sans s'en rendre compte , Yunjae porte un regard critique parfois sur les rapports entre personnes. Un avis mitigé, en somme.


Oh, et prenez le temps de lire les notes de l'autrice et de la traductrice, elles sont intéressantes.


Pour un lectorat adolescent, second cycle primaire, 15 ans+

**Pour les profs et les bibliothécaires, ont a la présence de termes injurieux et de plusieurs scènes violentes.
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J'ai été sélectionnée tout récemment pour lire en avant-première ce roman sud-coréen grâce à une masse critique Babelio privilégiée et je me suis dit 'pourquoi pas?'. le résumé était intriguant et promettait de l'émotion.

Je ne connaissais absolument pas cette maladie, ce handicap qu'est l'alexithymie, c'est-à-dire l'incapacité à identifier ou exprimer ses émotions, dû à un dysfonctionnement au cours du développement émotionnel précoce de l'enfant ou à un trouble du stress post-traumatique ou bien encore à une amygdale cérébrale plus petite à la naissance que l'on appelle aussi plus familièrement "amande".

C'est assez difficile de s'imaginer dans cette situation, aussi l'autrice a su jouer avec les mots, a su nous rapprocher de Yunjae pour mieux le comprendre, mieux comprendre ses difficultés au quotidien et en société, nous permettant aussi de voir le regard des autres et de saisir leurs jugements ; de façon générale, tout ce que cela implique.

Le style d'écriture paraît lisse, froid mais il est parfait pour mettre en avant ce que ça fait de ne rien ressentir même si c'est bien plus subtil que ça. Yunjae ressent des choses tout de même mais il ne sait pas ce que c'est, ne sait pas les interpréter, il n'a pas les codes et ce n'est pas quelque chose que l'on peut apprendre par coeur même si sa mère a essayé de le lui inculquer : quand sourire, quand rire... Sa réaction face au danger est différente de la nôtre, par exemple, lorsque sa grand-mère a été assassiné sous ses yeux, il est resté à regarder sans réagir mais sans être tétanisé non plus... c'est vraiment très particulier et c'est donc intéressant de découvrir ainsi la vie de Yunjae de son enfance jusqu'à son adolescence, vie qui n'a pas été tendre avec lui
.
Je ne me suis pas spécialement attachée au héros, bien qu'au début, j'ai forcément été touchée par lui, par son passé, par ce petit garçon si spécial, certains événements ont été très difficiles à lire aussi mais justement, il y a un fossé qui se creuse entre le héros et le lecteur. Et je me suis encore moins attachée à Gon, celui qui deviendra son ami bien que ce sera une relation tout aussi étrange. Ce dernier a également un passé très très très difficile. Il souffre, il a de la rancoeur, de la haine, il est perpétuellement en colère, mais c'était d'autant plus intéressant de voir comment deux êtres aussi différents ont pu devenir amis bien que ce soit une relation hors norme. Et il ne faut pas non plus s'attendre à une romance au sein du roman, je m'attendais d'ailleurs à une romance LGBTQIA+ mais ce ne fut pas le cas, bien que Yunjae va ressentir les premiers émois amoureux et que c'est grâce à eux si sa vie va commencer à changer.

En bref, j'ai quand même été touchée par cette histoire mais je n'ai pas non plus été bouleversée, à verser quelques larmes. Je suis restée assez spectatrice, détachée et ce n'est pas une lecture qui va me marquer. Ce fut une lecture sympathique, oui, riche d'enseignement alors nul doute qu'Amande trouvera son public.

Je remercie chaleureusement Babelio et les éditions Pocket Jeunesse pour l'envoi de ce roman.
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Amande est un livre sur lequel j'ai eu du mal à fixer un avis parce que son personnage principal est compliqué à apprécier.
En effet, Yunjae est atteint d'une maladie qui l'empêche d'éprouver des émotions. Il peut avoir mal mais il ne ressent ni peur, ni joie, ni attachement. Mais il vit avec sa mère et sa grand-mère qui l'aiment et l'aident à décrypter son environnement et son petit cocon familial le protège du mieux qu'il peut.
Jusqu'à ce qu'un drame vienne tout bouleverser et qu'il se retrouve tout seul, à tenter de reconstruire sa vie grâce à l'aide de son voisin du dessus.

Il y a aussi cet étrange homme qui l'aborde à l'hôpital et qui lui propose de tenir le rôle de son fils disparu auprès de sa femme qui est en train de mourir, ce même fils qui va devenir son nouveau camarade de classe. Toute cette intrigue autour du père de Gon m'a paru tout à fait saugrenue, mais elle permet d'introduire un personnage intriguant, que j'aurai personnellement détesté avoir dans ma classe mais qui permet de faire avancer le récit puisqu'il se tisse un lien étrange entre les deux garçons.
L'un d'entre eux ne ressent rien et l'autre refuse de s'ouvrir au vu de son passé mais il y a quelque chose comme du respect, de la compréhension, mais aussi de la jalousie et une certaine amitié qui vient peu à peu s'insinuer.
Yunjae ne comprend pas ces sentiments et Gon ne comprend pas que son camarade ne le comprenne pas mais continue à très peu s'exprimer ce qui rend leur relation à la fois incompréhensible mais aussi importante et chaque avancée est précieuse.

L'arrivée d'une troisième personne dans l'équation m'a paru, elle, un peu artificielle et je ne suis pas certaine d'apprécier vraiment ce qu'elle a apporté puisqu'à partir de là le comportement de Yunjae change à tel point que j'ai fini par lui préférer Gon, alors que je l'avais grandement détesté jusque là, parce que je comprenais la douleur de ce qu'il traversait.
Du coup je ressors de cette lecture assez perplexe parce que j'ai eu l'impression qu'on voulait nous pousser une espèce de fin heureuse où le pouvoir des émotions réussissait à tout régler et ça m'a assez dérangée.

A noter que la version française a été traduite de la traduction anglaise au lieu de se baser directement du texte coréen, ce que je trouve à la fois étonnant et assez décevant.
Lien : https://yodabor.wordpress.co..
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J avoue avoir été un peu déçue par la lecture de ce livre j en attendais peut-être trop.
L histoire de ces adolescents est intéressante mais à mon avis manque un peu de dynamisme.
Comment assumer son destin quand on est différent et que cela ne se voit pas.
J ai eu aussi plaisir à lire un livre d un auteur coréen ce qui est assez rare pour moi.
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J'avoue ne pas partager la hype générale autour de ce roman : même s'il est très intéressant et m'a permis de découvrir l'alexithymie, je n'ai pas réussi à embarquer réellement dans l'histoire et dans l'intrigue, que j'ai trouvé un peu "plates"... Toutefois ce texte permet de développer des réflexions intéressantes sur la nature humaine, le rapport à l'autre et à la différence.
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Je tiens tout d'abord à remercier PKJ. et Babelio pour l'envoi de ce roman dans le cadre d'une masse critique. J'étais assez curieuse de découvrir ce roman, il faut dire que la couverture et le titre interpelle et n'est pas suffisamment claire pour savoir à quoi s'attendre. Yunjae n'a aucune émotion, autant dire que sa mère et sa grand-mère essaye de faire tout ce qui leur est possible pour pouvoir l'aider et surtout qu'on ne le traite pas de quelqu'un de bizarre et ce n'est pas chose facile. le soucis c'est que lui ne comprend pas pourquoi elles font tout cela et surtout ce que ça change qu'elle le fasse parce que pour lui c'est naturel d'être comme cela. Il est quand même sacrément mal mené par tout le monde. Mais un jour tout bascule pour lui, un terrible événement et il va se retrouver seul, seul à devoir assumer sa vie, seul face à lui-même. Heureusement, qu'il va se lier d'amitié avec la personne la plus improbable possible, celui qui lui en a fait baver le plus depuis leur rencontre. Cette amitié va permettre de belles choses, serait-ce le bout du tunnel ? Je ne connaissais pas cette maladie, je trouve que c'est vraiment quelque chose de terrible et difficile à imaginer et l'on comprend bien tout cela dans le roman, les sentiments (qui n'en sont pas réellement puisqu'il ne ressent rien) sont plutôt bien exprimé, on voit justement ses réactions face aux choses de la vie et ça fait assez peur cette situation.

En résumé, Amande est un bon roman. Il est plutôt original, je dois dire que je ne m'attendais pas du tout à cela, il nous touche plusieurs fois mais nous interpelle également. Il faut dire que ne pas ressentir d'émotions semble absolument très difficile à vivre. Les événements que vit Yunjae sont absolument horribles et pourtant il va réussir de façon improbable à s'en sortir ! Une belle leçon de vie, un roman très intérressant et prenant.
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J'ai découvert ce livre young adult grâce à une masse critique spéciale et je remercie PKJ et Babelio pour cette découverte. Ce roman sud-coréen raconte l'histoire de Yun qui souffre d'alexithymie, c'est-à-dire l'incapacité à identifier ou exprimer ses émotions, dû à un dysfonctionnement au cours du développement émotionnel de l'enfant ou à un stress post-traumatique ou bien encore à une amygdale cérébrale plus petite à la naissance que l'on appelle aussi plus familièrement "amande". D'où le titre ! L'auteure a su nous faire passer ce manque d'émotion avec un style d'écriture un peu froid mais très fluide. le parcours de Yun est fait d'embûche : vu comme un monstre par certains, il est pris pour cible mais n'éprouve rien et cela nous touche en tant que lecteur. Et quand un drame survient avec une mort violente, il ne réagit pas. On pourrait parler de sidération mais c'est bien au-delà. Sa maman a beau lui inculquer les réactions à avoir dans telle ou telle situation, il se retrouve vite seul face à des situations inédites. Nous le suivons de son enfance à son adolescence avec des personnes qui vont essayer de prendre soin de lui et des rencontres qui vont le faire évoluer. Celui qui deviendra son ami, Gon, est difficile à cerner même si son enfance peut expliquer ses réactions. Globalement, Yun n'a pas d'émotions mais j'ai trouvé que les personnages secondaires n'avaient pas ce petit plus qui nous fait les aimer ou les détester. Les épisodes se succèdent, leur passé est relaté succinctement et la fin est trop rapide à mon goût. Bref, un livre qui se lit d'une traite avec des chapitres courts mais qui ne me laissera pas un grand souvenir même si la thématique et la culture coréenne m'ont intéressée. A découvrir !
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Ce livre raconte l'histoire d'un enfant qui s'appel Seon Yunjae qui souffre d'alexithymie.
Il est incapable de ressentir et comprendre les emotions.
Cette histoire Coréenne permet de voir la vie du point de vue d'une personne qui ressent rien. Une belle histoire que j'ai apprécié et qui peut être lu dès 13ans!

Un bon livre pour adolescent, je recommande!
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I've heard such nice things about this book. I even believed it to be THE next John Green's kind of book. Not that I am a fan of his work, but you get the idea. My expectations were very high.
The book getting published in French in the coming days encouraged me picking it up. Also, I chose to read it in english because the French version is translated from English and not Korean, which I find pretty disapointing.

So...it was good. But nothing incredible.

Yunjae is special. His amygdalae never grew and so his understanding and ability to feel emotions did not grow either. But he was loved deeply by his mother and his Granny. His mother making him try very hard to blend in with others and his Granny letting him live however he wanted to.
One day, on Christmas Eve, Yunjae was the direct witness of the terrible murder of his Granny and six other people by a desparate and possibly crazy individual. His mum, also targetted, was badly hurt and fell into a coma.
So here is Yunjae, left alone, looking a bit like a psychopath. He soon meets with Gon, a teenager who was abducted when he was a kid. Gon is as full and vibrant with emothions as Yunjae is flat and almost lifeless. However, Gon is mostly filled with anger, rage even, and the fear of not being enough. Not strong enough, not intelligent enough, nothing. So he makes himself visible by hurting others. That is how he starts bullying Yunjae, who stays without a reaction to his provocations.

The relationship between the two young teenagers will evolve, they will grow up and decide what kind of person they really want to become.

This story tells the power of friendship and the importance of understanding others, but also coming to grips with our own emotions and understanding of ourselves. We easily forget how our lifes can be managed only because of how we feel, never taking the time to analyse those emotions and where they come from.

The fact that it all happened in Korea was new and interesting in the young adult genre. The story was efficiently told and written. The very short chapters matched the condition of the narrator, and it was all very direct. However, there was no originality in the story and it was very predictable, until the very end.
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