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Critique de mh17


Une journée d'Ivan Denissovitch fit l'effet d'une bombe à sa sortie en URSS en 1962. Pour la première fois, une oeuvre littéraire présentait au lecteur soviétique un témoignage du Goulag.
Plus de soixante ans après, ce court récit n'a rien perdu de sa force car c'est une vraie oeuvre littéraire, nourrie de l'expérience d'Alexandre Soljenitsyne.

Le livre raconte la journée banale d'un moujik au goulag. du réveil à l'extinction des feux : cette journée est pleine d'épreuves et de petites joies. On le découvre à travers ses dialogues très vivants, avec les autres personnages, autorités ou camarades d'infortune et puis dans son activité incessante. Soljenitsyne n'a pas pris pour héros un intellectuel ou un homme instruit comme lui. Ivan Denissovitch Choukhov est un homme simple et illettré. Il a combattu à la guerre et durant la débâcle en 1941, il a été fait prisonnier par les Allemands. Il est parvenu à s'échapper et a pu rejoindre les lignes russes. Il a été arrêté et convaincu d'espionnage. Il a reconnu des faits imaginaires pour éviter le peloton d'execution. Et il a pris 10 ans de bagne en Sibérie. Ils sont beaucoup comme lui, des soldats, des officiers, injustement accusés d'espionnage par le système bureaucratique.
Choukhov, alias Shch-854 se sentait mal en se levant, mais faute de pouvoir trouver une place à l'infirmerie, il lui faut s'activer pour oublier sa misère en évitant les ennuis. Il est toujours en mouvement. Il lui faut trouver des moyens de se nourrir, ne pas tomber malade dans le froid sibérien et aider les autres à se sortir de situations périlleuses. Non seulement il se bat pour lui mais aussi pour ceux qui travaillent avec lui. Si le travail collectif est mal fait, si quelqu'un manque à l'appel, c'est toute la compagnie qui est punie. La violence n'est pas décrite directement mais la menace est sourde et omniprésente. Choukhov est rusé, il sait cacher une cuiller , un bout de scie ou une truelle sans se faire repérer à l'appel et au contre-appel, il sait où se placer pour avoir une ration supplémentaire, il sait cultiver des relations afin de pouvoir recevoir un croûton de pain ou tirer une bouffée de cigarette. Les autres le respectent parce qu'il est digne, dur au mal et qu'il est un bon maçon. Tous ses compagnons d'infortune ne jouissent pas de la même réputation et sont condamnés d'avance. La dignité, la fraternité et le travail sont mis en avant. La scène centrale du livre montre tout le groupe de la 104 au travail. le travail manuel et collectif est source de joies qui aident à résister heure après heure. Outre Choukhov le moujik d'autres personnages sont très intéressants. le plus marquant est certainement Aliocha, le baptiste. Il lit l'Évangile dès qu'il a une minute de liberté. Son personnage est comme tout droit sorti de "Crime et Châtiment". Il est heureux de souffrir. À travers Aliocha, l'auteur exprime sa vision de la foi comme force salvatrice.
Un roman inoubliable que je recommande vivement.
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