Cette pièce de
Sophocle doit, il me semble, être lue non pas en fonction d'un contexte et d'une nature contemporains, mais plutôt par rapport aux réalités de la Grèce de Périclès. Finalement,
Antigone souffre un peu des nombreuses adaptations de grands dramaturges et écrivains au XXe siècle. Les
Antigone de
Brecht ou d'
Anouilh n'ont rien à voir avec l'originale. Chez
Sophocle,
Antigone est une illustration des rapports hiérarchiques entre vieillesse et jeunesse, masculinité et féminité bien sûr, mais avant tout entre tyran et citoyens, entre le Destin et la volonté des hommes. Il y a un passage remarquable où le roi Créon est contredit par son fils Hémon. Ce dernier explique à son père que ses décisions autoritaires ne peuvent être respectables parce que la majorité de la population de la cité ne les approuve pas.
Sophocle illustrait ainsi les dangers que représentaient, non pas les refus d'obéissance des jeunes, des femmes ou des citoyens face aux plus âgés, aux hommes ou aux rois, mais les tendances à la tyrannie de ceux qui gouvernaient la cité.
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