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Critique de Bouteyalamer


Oedipe à Colone
La dernière tragédie de Sophocle, probablement écrite l'année de sa mort à 90 ans, est le terme du cycle d'Oedipe. Guidé par Antigone jusqu'au bois de Colone consacré aux Euménides, l'aveugle vient accomplir son destin et mourir, ou plus précisément disparaître en héros avec Thésée pour seul témoin (il demande à ses filles de « quitter ces lieux sans voir ni entendre les choses ni les mots qui vous sont interdits »).

On y trouve les ingrédients de l'antique : la piété utilitaire dans l'imploration des dieux, pour la vengeance comme pour l'apaisement ; l'observance sourcilleuse des rites ; la protection exigée du fort par le faible entre gens de bien ; les vigoureux contrastes, ici l'amour paternel d'Oedipe pour ses filles et sa haine à l'endroit de son fils Polynice qui s'exprime par d'implacables malédictions. le spectateur antique et le lecteur moderne ne se soucient pas de vraisemblance : Oedipe et Antigone marchent en haillons, Ismène, d'une élégante fraicheur, apparait sur une pouliche de l'Etna, Polynice et Créon, le fils indigne et l'usurpateur bardés d'arrogance, tous se rencontrent dans le bois interdit où va et vient le roi d'Athènes ; les sept armées qui s'assemblent contre Thèbes sont défaites quelques instants plus tard. Pensons aux raccourcis spatiotemporels du Cid et de Phèdre !

Ce qui importe est l'expression des sentiments extrêmes, la guerre, les pleurs, la colère, le poids de la vieillesse : « Meurtre, dissensions, rivalités, batailles – envie surtout ! Et puis, pour dernier lot, la vieillesse exécrable, l'impuissante, l'insociable, l'inamicale vieillesse, en qui viennent se rejoindre tous les maux, les pires des maux ». La rencontre de la tendresse et de la violence, qu'on trouve aussi dans l'imploration de Priam embrassant les genoux d'Achille, sommet de l'Iliade, est ce qui fait la grandeur de ces textes antiques.
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