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3,78

sur 358 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Cela fait maintenant quelques années qu'on entend de plus en plus parler des éditions Scrinéo dans le monde des littératures de l'imaginaire, grâce à des auteurs comme Aurélie Wellenstein ou encore Gabriel Katz. Cette année, la maison d'édition donne sa chance à une jeune auteur et booktubeuse, Floriane Soulas (Flo Bouquine), qui signe ici son premier roman (on lui doit également deux nouvelles parues dans des anthologies). Si le pitch semble intéressant, je dois avouer que c'est avant tout la très belle couverture signée par Aurélien Police qui m'a surtout convaincue de tenter l'expérience. le roman se déroule dans un Paris revisité, à la toute fin du XIXe siècle, et met en scène une jeune femme, Violante, qui ne se rappelle de rien avant son arrivée dans la capitale. Prostituée dans un bordel de luxe, les Jardins mécaniques, celle que ses client connaissent sous le surnom de « Duchesse » tente de remonter peu à peu la piste de ses souvenirs afin de découvrir sa véritable identité. Mais les indices sont minces et, plus les jours passent, plus la jeune femme disparaît derrière le rôle qu'elle compose pour sa clientèle. Son investigation est de plus perturbée par la disparition de sa meilleure amie, une autre prostituée, mise à la rue par la maquerelle de l'établissement et dont personne n'a plus aucune nouvelle depuis des jours. La chose n'aurait rien d'inquiétante en temps normal, seulement un serial-killer sévit dans la capitale depuis quelques mois, semant derrière lui les cadavres atrocement mutilés de femmes ou d'enfants des rues. Très vite, Violante s'implique dans l'enquête qui n'avance pas plus que sa quête de mémoire : comment expliquer les marques étranges retrouvées sur les corps ? Comment le meurtrier fait-il pour se déplacer aussi subrepticement ? Et, surtout, quel est le rapport avec cette toute nouvelle drogue dure qui vient d'arriver sur le marché, la « rouille » ?

Floriane Soulas dépeint un Paris du XIXe siècle convainquant, y ajoutant même une petite touche de steampunk. Dirigeables parcourant le ciel, tour Eiffel transformée en aérodromes, gadgets mécaniques à gogo… : on retrouve la plupart des caractéristiques esthétiques propres à ce sous-genre, sans que ceux-ci ne prennent pour autant le pas sur l'intrigue. N'allez toutefois pas vous imaginez un Paris rutilant dont on arpenterait que les beaux quartiers, bien au contraire. L'auteur s'intéresse ici davantage aux bas-fonds de la capitale dont on découvre les ghettos, les bordels et les bars les plus miteux. L'ensemble du récit baigne le plus souvent dans une ambiance glauque d'un bel effet, et c'est en partie ce qui fait le charme du roman. L'auteur ne lésine en effet pas sur les détails un peu sordides, et s'attache à montrer la misère et la violence qui règne dans ces quartiers insalubres. le milieu de la prostitution est notamment bien décrit, et a du faire l'objet de sérieuses recherches de la part de l'auteur qui nous décrit ici non seulement le fonctionnement des maisons closes, mais aussi les rapports qu'entretiennent les puissants (politiques, policiers, diplomates…) avec ce type d'établissements (on se croirait vraiment par moment dans la série « Maison close » diffusée il y a quelques années par Canal + et consacrée justement à la prostitution à Paris à la même époque). Tous les personnages baignent donc dans un milieu particulièrement sombre, et c'est justement la raison pour laquelle on a du mal à trouver leur personnalité plausible. La plupart ont pourtant un rôle qui convient bien au décor : souteneurs, hommes de main, maquerelles… Et pourtant, tous ces gens font preuve d'un grand coeur et d'une personnalité relativement aimable qui colle mal avec leur environnement (c'est notamment le cas de Léon, le souteneur, un personnage qui, contrairement à ce que sa profession laisse présager, est un homme tout à fait sympathique).

S'ils ne sont pas forcément très cohérents, la plupart des personnages n'en demeurent pas moins attachants, à commencer par les souteneurs (oui, oui, curieusement…), Léon et Jules. J'ai eu un peu plus de mal à m'attacher à l'héroïne, sans que celle-ci me soit pour autant antipathique. Peut-être est-ce du à sa froideur et à la distance quelle met entre elle et les autres personnages (et donc le lecteur) ? La plupart des autres personnages n'ont que des rôles de figurants, à l'exception du grand méchant de l'histoire qu'il est dommage de voir décrit de manière aussi caricaturale. L'intrigue est pour sa part bien structurée et bien rythmée : on prend plaisir à suivre les investigations de ce petit groupe d'enquêteurs amateurs, si bien que le roman se lit avec une déconcertante rapidité. Reste qu'on voit venir de loin la plupart des rebondissements, et que l'histoire repose sur des ficelles ultra éculées (en gros on a un Jack l'Éventreur bis, mais à Paris…). J'ai pour ma part été également gênée par le côté un peu « girly » (je déteste ce mot, mais je n'ai pas de meilleur terme en tête) de certaines scènes que j'ai trouvé très clichés et assez inutiles : les crêpages de chinions entre les prostituées, et surtout la scène de la préparation du bal, avec les autres filles vertes de jalousie, les essayages chez la couturière, les réactions provoquées par la robe sublime… Rien à redire au niveau du style : l'auteur a une écriture simple mais fluide qui permet de s'immerger complètement dans l'histoire. Tout juste pourrait-on lui reprocher la répétition de certains termes ou expressions (les « beaux yeux chocolat » de l'héroïne reviennent souvent, par exemple).

Floriane Soulas s'en sort plutôt bien pour un premier roman qui nous plonge dans une histoire certes peu originale mais néanmoins bien ficelée. Si les personnages ne sont sans doute pas le plus gros point fort de l'ouvrage et jurent quelque peu avec l'environnement dans lequel ils évoluent, le décor et l'ambiance sont quant à eux plus réussis. Je suis assez curieuse de découvrir les futures parutions de l'auteur.
Lien : https://lebibliocosme.fr/201..
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Rouille, un mot que j'adore, propice aux rimes rigolotes. Avec douille, par exemple. Et si ton doigt ripe vers la rangée du dessous quand tu tapes la première lettre sur le clavier, là, c'est festival !
Bref.


En route pour une Belle Epoque uchronique ! Napoléon IV règne sur la France, la Lune est colonisée et exploitée, les dirigeables relient Paris et Pondichéry, prothèses cybernétiques, créatures biomécaniques et automates appartiennent au quotidien. Rouille se positionne en steampunk et trouve dans son univers sa principale qualité.
Son univers et la façon dont l'auteur l'utilise. Soulas joue très bien de son décor et de ses accessoires, faisant de son environnement rétrofuturiste un cadre à la fois diffus et prégnant.
Diffus, parce que l'auteur procède par touches. Steampunk pointilliste, un style qui cadre avec la période. Ainsi, l'empereur Napoléon apparaît une fois au détour d'une phrase et c'est tout ce qu'on saura du contexte politique, sans précision sur les événements qui ont éloigné la trame historique de Rouille de celle qu'on connaît IRL. Quand ? Comment ? Quoi ? le Second Empire a-t-il gagné la guerre contre la Prusse ? L'a-t-il perdue mais en survivant à la défaite ? Y a-t-il eu un intermède communard ou républicain suivi d'une restauration bonapartiste ? On ne sait pas. le procédé est parfois frustrant, quelques détails de fond auraient été bienvenus dans la même veine de la mention en passant, capable d'évoquer beaucoup en peu de mots. Mais l'ensemble fonctionne et, si on en sait peu sur le cadre global, c'est assez pour se situer et faire travailler son imagination afin de combler les blancs (ce qui est “un peu” le but des littératures de l'imaginaire). Surtout, en jouant sur la dissémination de détails, Soulas évite les gros exposés qui constitueraient autant de placards artificiels à destination du lecteur et de digressions par rapport à la trame narrative.
Tout en détails mais omniprésent, que ce soit à travers ses traits généraux en arrière-plan, le cadre parisien quelque part entre Les Oubliés de New-York (Ben Bova) et le film Blade Runner en version XIXe, ou encore les multiples bidules steampunks, du vif d'or espion aux robots domestiques en passant par l'ingénierie biomécanique. du “cyberpunk à vapeur” très bien fichu, qui imprègne chaque ligne ou presque du roman et s'associe à l'intrigue sans trop la commander.


Ah, l'intrigue, c'est là que le roman commence à pécher. L'ensemble est classique : des gens “qui ne sont rien”, pour citer l'autre baltringue, disparaissent. Clochards, enfants des rues, prostituées s'évaporent du jour au lendemain. Parfois, les corps refont surface dans un état pas racontable. Dans le même temps, une nouvelle drogue, la rouille, commence à circuler dans la capitale.
Un scénario digne de Shadowrun transposé en 1897, pourquoi pas ? Un soupçon de Jack l'Eventreur – parfois je me demande ce que les auteurs de steampunk raconteraient si Jacquot n'avait pas existé… Une héroïne amnésique, archétype du personnage de haute naissance relégué au bas de l'échelle sociale. On suppose d'emblée qu'à la fin, elle retrouvera son statut perdu, identifiée par un obscur parent grâce à un bijou de famille, une tache de naissance sur la cuisse ou un grain de beauté sur le gros orteil droit. Très feuilleton de la seconde moitié du XIXe siècle dans l'âme, ce qui est dans le ton et bien vu pour la parenté littéraire, mais avec le défaut d'une certaine prévisibilité à ne pas s'éloigner des canons du genre.
Sans te renverser par l'originalité de ses grandes lignes ni par ses coups de théâtre qu'on voit arriver de loin, l'intrigue a le mérite de se dérouler sans accroc ni incohérences majeures, tout en s'offrant quelques morceaux de bravoure bien inspirés. Je pense à la visite de l'usine secrète, passage qui ne dépareillerait pas dans Les Cinq Cents Millions de la Bégum du père Jules Verne, ou encore aux gadgets jamesbondiens qui apportent un piquant très moderne à la Guy Ritchie (Sherlock Holmes avec Robert Downey Jr. et Jude Law).


C'est cet esprit que j'aurais voulu trouver tout au long du roman, présenté comme un thriller steampunk. Sauf que la première moitié ressemble à du Madame Bovary, moins bourgeois, plus populaire, avec filles de joie et des marlous à la place des notables de cambrousse. Thriller… mouais… on n'est pas tendu, hein…
Pendant un paquet de chapitres, le récit tourne surtout autour des relations entre les personnages, avec pas mal de longueurs, pas mal de redites (les multiples prises de becs de Violante avec Livia slash Madeleine slash Léon slash plus ou moins tout le monde) et un certain nombre de digressions qui auraient gagné à être condensées (la visite mensuelle du toubib au lupanar, le bal des richards…). le roman met du temps à décoller, parce que, défaut de construction et de narration, il ne sait pas où se positionner. Il erre longtemps dans la chronique populaire et diffère son entrée dans le thriller en usant d'une grosse ficelle à la X-Files, qui consiste à toujours repousser le moment où les personnages qui ont des révélations à faire crachent enfin leur pastille. Plutôt que délayer, il aurait fallu purger une centaine de pages dans la première partie, resserrer pour gagner en intensité. Soulas étant à la base nouvelliste, le souci vient peut-être du passage au format long.
Autre problème de l'insistance sur le relationnel entre les personnages, le manque de crédibilité des rapports saute aux yeux. Violante passe son temps à se rebeller contre Madeleine, la maquerelle, et Léon, son souteneur. Elle leur gueule dessus, les baffe à l'occasion, sans qu'ils réagissent plus que ça. Hein ? Violante travaille comme prostituée sous la coupe du binôme Léon-Madeleine, présentés l'un et l'autre comme des durs à qui on ne la fait pas. Sa position est celle d'une Cosette chez les Thénardier, pas d'une Louise Michel ferraillant sur la barricade de Clignancourt. Pourtant, elle s'autorise tout, sans que cela porte à conséquence, protégée par son statut d'héroïne – ce qu'elle est pour le lecteur mais pas au niveau diégétique. Dans ce contexte, les écarts de Violante ne devraient pas se solder par des gros yeux et des “tu ne perds rien pour attendre” mais par une danse à lui faire faire douze tours dans sa culotte sans toucher l'élastique. Les criminels endurcis se comportent comme s'ils étaient à la tête d'une garderie. A se demander qui est le patron, d'eux ou de Violante.


A cause de cette ambiance cour de récré, Rouille loupe en partie le coche et oscille là encore sur son positionnement. Sombre et violent… mais pas vraiment… mais un peu quand même.
Sombre, oui, dans son environnement et son ambiance. Sur ce point, Soulas réussit son coup. Les nobles et bourges plein aux as vivent sous un dôme où n'entrent que les habitués, tenue correcte exigée, pas de baskets. le reste de Paris est une espèce de cloaque digne des Miséroïdes, partagé entre le quartier ouvrier des mécabourgs, une immense décharge où vivent les Oliver Twist et Rémi sans famille de la capitale, une fête-foraine-cour-des-miracles dirigée par un genre de Joker et les zones populaires pleines de drogués, de criminels et de prostituées… et à l'occasion de bourgeois qui viennent x défoncer (où x=se dans le cas de la drogue et x=les dans celui des filles de joie). Un Paris cradingue, celui d'une Belle Epoque qui ne l'est pas pour tout le monde, comme dans la vraie vie d'avant ou de maintenant. Cet aspect glauque fonctionne dans les décors (la Ferraille, L'Hélice) et les personnages secondaires (la bande d'enfants perdus), moins avec les protagonistes de premier plan, violents mais en en fait non.
Ainsi, Madeleine, la maquerelle à poigne, l'intraitable grand manitou des prostiputes, fait plutôt figure d'instit' vieille fille dépassée par une classe de marmots turbulents. Léon ne donne à aucun moment l'impression d'un parrain tout-puissant, main de fer dans un gant d'acier, mais plutôt un type qui s'écrase si tu cries plus fort que lui. Jules, l'homme de main, reste trop dans la figure de l'apache romantique, fantasme du bad boy pas si mauvais bougre au fond. Ces personnages sont censés être des brutes, parce qu'ils vivent dans un univers violent où la force fait loi. En pratique, on est loin de l'autorité incontestable appliquée à coups de trique, Keyser Söze peut dormir tranquille. C'est dommage, parce que les personnages en eux-mêmes sont intéressants chacun de leur côté, mais sitôt qu'on les met ensemble, ils jouent leur rôle en suivant la mauvaise partition.


Enfin, au niveau des attentes de lecteur qui n'engagent que moi, je trouve regrettable de n'avoir pas développé une réflexion autour des thèmes de la violence, des inégalités, des marges sociales, du trafic d'êtres humains, de l'exploitation des uns et des unes par d'autres, de la condition féminine… Tout le matériau est là, sous-jacent, il aurait suffi de se baisser pour le ramasser, mais jamais il ne s'esquisse de réflexion, hors une ou deux phrases qui restent très en surface. Sans s'embarquer dans de la dissertation, il y avait moyen de développer une réflexion, ou au moins d'en susciter une chez le lecteur. Les nouvelles steampunks d'Anthelme Hauchecorne (Baroque'n'Roll et Punk's Not Dead) font ça très bien, qui mêlent visite de monde imaginaire et réflexion sur le monde réel.


Rouille reste une lecture intéressante, qui m'a rendu curieux de jeter un oeil aux nouvelles de Soulas pour découvrir plus en profondeur son univers. C'est un premier roman très correct, prometteur pour la suite, une fois les défauts de jeunesse corrigés. L'auteur a une plume agréable avec assez peu de maladresses stylistiques, de l'imagination et un univers attractif. Prometteur – principale qualité que j'attends d'un premier roman – donc à suivre.
Lien : https://unkapart.fr/rouille-..
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Je crois que je voulais lire ce roman dès sa sortie, qui avait fait le buzz sur la sphère livresque de Youtube. Je trouvais la quatrième de couverture très alléchante et que dire de la magnifique couverture... Mais bon, quelques fois, il arrive que nous sommes déçus par l'attente... Et ce fut le cas ici. Au final, j'ai trouvé ce roman plutôt moyen. L'histoire est intéressante, mais... le steampunk n'est pas si développé. Et puis les personnages m'ont parus un tantinet fades. J'ai aimé l'environnement par contre, ce Paris victorien, un peu sale, gris... ça m'a charmé... Mais pas assez pour faire de ce roman une très bonne lecture. Et puis, quelques passages m'ont un peu choqués... notamment la scène avec le chiot... Bref, déçue, mais contente de l'avoir enfin sorti de ma PAL.
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En Résumé : Je ressors au final avec un sentiment mitigé concernant la lecture de ce roman qui n'a pas réussi à répondre aux attentes que je pouvais avoir. Pourtant il y a du potentiel dans ce livre, il y a aussi de bonnes idées, mais voilà, pour ma part, j'ai trouvé qu'il restait trop en surface et surtout était parfois trop en décalage. Je prends pour exemple l'univers qui, certes, possède ce petit je ne sais quoi de sombre, de « sale », de violent, mais qui pourtant est contrebalancé par des personnages qui n'entrent pas dans le moule de cet univers paraissant complètement décalés. La toile de fond ne manquait pourtant pas d'attrait, avec ce Paris Steampunk, cette idée de conquête de la Lune et autre, mais voilà il est beaucoup trop esquissé à mon goût ce qui m'a finalement plus frustré. L'intrigue n'est, en soit pas mauvais, maîtrisée et cohérente, mais voilà elle utilises des tropes tellement utilisés qu'elle en fut trop prévisible à mon goût, voyant arriver la fin à la moitié du livre. Concernant les personnages, je ne dirai pas qu'ils sont mauvais, loin de là, mais voilà entre le décalage qu'ils ont avec ce Monde et le fait qu'ils tombent trop dans des archétypes, ils n'ont pas non plus réussi à franchement m'accrocher. Par contre, concernant les personnages secondaires, j'ai trouvé un peu dommage qu'ils ne soient que de simples outils pour faire avancer l'intrigue. Après je regretterai aussi des aspects scientifiques soit improbables, soit reposants sur des vides qui m'empêche de les comprendre, quelques longueurs et quelques scènes inutiles ce qui m'a un peu frustré. Au final la lecture de Rouille fut simplement un rendez-vous manqué, je ne doute pas qu'il trouvera son public, se révélant fun, entraînant et pleine de rebondissements, je n'en étais tout simplement pas le public cible. La plume de Floriane Soulas est entrainante, efficace, même si un travail de relecture aurait quand même dû être fait par l'éditeur que ce soit pour les fautes ou les erreurs de typo.


Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Très honnêtement, s'il n'y avait pas eu le Jury du PLIB 2019, je n'aurai pas commencé par ce roman pour découvrir la plume de Floriane Soulas. J'aurais plutôt débuté par Les noces de la renarde qui m'inspirait beaucoup plus et que je m'étais procurée aux Imaginales. Pour en revenir à Rouille, je me doutais que les défauts pointés par mes blogopotes ne me convaincraient pas et malheureusement, cela a été le cas pendant ma lecture me laissant un sentiment plutôt mitigé.

Violante n'a plus aucun souvenir de sa vie antérieure. Trouvée en piteux état par Léon dans les rues de Paris trois ans auparavant, le souteneur l'a alors fait soigner pour ensuite l'envoyer aux Jardins Mécaniques, une maison close. Dotée de manières éduquées qui plaisent aux clients fortunés, la courtisane prend le nom de Duchesse et semble désormais jouir d'une belle célébrité.
Mais, la jeune femme n'abandonne pas pour autant et brûle de connaître ses origines. Il lui arrive parfois de s'échapper pour retrouver Satine, une autre prostituée. Et un matin, il semblerait que la chance lui sourit enfin car son amie a une piste. Toute excitée à l'idée de faire une découverte imminente, Violante ne s'aperçoit pas de l'état de santé dégradé de Satine, désormais accroc à une nouvelle drogue : la Rouille

Un premier roman bien documenté

Je ne sais pas si on peut parler de travail de documentation pour une uchronie car après tout, l'auteure n'a pas à respecter une période historique avec une précision chirurgicale ou éviter des anachronismes! Mais, il faut savoir que Floriane Soulas a tenu à doter son Paris Steampunk d'un contexte historique des plus précis afin de donner plus d'épaisseur au récit.
– Cela s'en ressent dans la première partie du roman notamment lorsqu'elle fait une description exhaustive du fonctionnement d'une maison close. Pour avoir lu certains ouvrages* sur le sujet, je peux vous dire que le décor est plutôt cohérent. de plus, certaines scènes m'ont également fait penser à la série Canal+, Maison close que je vous recommande.
– Ce travail de documentation se retrouve aussi dans la description du quotidien des petites gens des quartiers pauvres de Paris. Et là, c'est plutôt le Londres victorien à la même époque qui m'est venue à l'esprit notamment par la présence des enfants errants, des bars crasseux et enfumés, des prostituées de rue ou la menace d'un certain Jack l'Eventreur (dont on retrouve le pendant dans Rouille).

…mais non exempts de défauts.

Si l'esthétique steampunk du roman a son petit côté sympathique (notamment la présence de bijoux, d'armes, de dirigeables, d'animaux modifiés – les animécas -…), malheureusement, j'ai été plutôt frustrée par l'aspect uchronique. En effet, on ne connaît pas le point de divergence et on ne sait pas dans quel contexte cela s'est produit. On sait juste qu'il y a eu un Napoléon IV au pouvoir dans la seconde partie du XIXème siècle ce qui laisse supposer que la Révolution de 1870 et la Troisième République (1870-1940) n'ont pas eu lieu mais c'est tout. Quant aux voyages sur la Lune qui a permis l'exploitation du minerai lunium et l'émergence des nouvelles technologies, on ne sait strictement rien et j'ai trouvé cela vraiment dommage.

Autre énorme défaut du roman : les personnages. L'univers dépeint par Floriane Soulas est sombre, dur et violent donc le lecteur est en droit d'attendre à ce que les personnages soient en cohérence. Malheureusement, c'est loin d'être le cas. L'exemple le plus flagrant est le souteneur Léon. Il est censé être un « chef de clan » et en conséquence un salaud de la pire espèce puisque son gagne-pain est l'exploitation humaine. N'oublions pas qu'il a sauvé Violante uniquement pour pouvoir la jeter dans une maison close et récupérer un pourcentage sur ses passes! Et finalement, il s'avère être un personnage au grand coeur au point que Violante éprouve de l'affection pour lui, ce que je n'ai pas trouvé très crédible (peut-être un petit syndrome de Stockholm?)

La jeune fille voulait voir Léon, lui parler, être rassurée. Malgré les sentiments contradictoires qu'elle avait pour le proxénète, il restait celui qui l'avait sauvée et protégée, celui vers lequel elle se tournait toujours quand un client devenait trop pressant ou brutal. Léon était la meilleure mais aussi la pire chose qui lui soit arrivée. (p. 103-104)

Enfin, j'ai trouvé la fin, notamment les deux derniers chapitres, trop rapide et beaucoup moins soignée que le début du roman que ce soit au niveau du style d'écriture que dans la qualité des dialogues. du coup, j'ai eu le sentiment de terminer le roman sur une mauvaise impression.

En conclusion, je suis un peu passée à côté de ce roman notamment à cause de quelques défauts comme les incohérences des personnages, le côté prévisible de l'intrigue ou la frustration que j'ai pu ressentir à propos de certains aspects uchroniques peu développés. Il est clair que Rouille n'est pas « mauvais » dans le sens où Floriane Soulas a fait un sérieux effort de documentation. Et son style d'écriture est fluide et agréable (excepté pour les deux derniers chapitre) ce qui laisse présager une maturité à venir dans les prochains romans. Pour cela, je compte bien le découvrir car je lirait tout de même Les noces de la renarde!

* Si le sujet vous intéresse, je peux vous conseiller Filles de noces d'Alain Corbin et Les maisons closes autrefois de Brigitte Rochelandet.
Lien : https://labibliothequedaelin..
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Légèrement à contre-courant, vu l'enthousiasme général suscité par Rouille, je suis un peu plus mitigée quant à cette lecture. Bien que le roman soit prenant et l'univers très intéressant, les personnages sont trop incohérents et peu attachants. Mais Rouille souffre surtout d'une accumulation assez indigeste de lieux communs, à commencer par l'héroïne amnésique à la recherche de son identité perdue. Quand elle est en plus de cela la prostituée vedette de son établissement, qu'elle semble avoir une éducation et des manières qui ne correspondent pas à son statut actuel, qu'elle se lance dans une quête de vengeance après la mort de sa meilleure/seule amie, alors qu'un tueur en série qui semble viser les prostituées hante les rues de Paris… Cela fait beaucoup de déjà-vus, et forcément moins de surprises. Je ne suis pas pour l'originalité à tout prix, je préfère m'attacher à la psychologie des personnages, mais là aussi je n'y ai pas trouvé mon compte. Fort heureusement, les déambulations des protagonistes dans les rues d'un Paris steampunk très bien dépeint contrebalancent ces points négatifs.

Le point fort du roman est clairement son univers uchronique steampunk. En 1897, Paris a déjà conquis la Lune pour en extraire un matériau aux propriétés incroyables, la science a fait d'immenses progrès et il n'est pas surprenant d'apercevoir un dirigeable ou de croiser un automate. Les évolutions technologiques font partie du quotidien de l'héroïne et sont très bien intégrées à l'histoire, à tel point que l'autrice ne s'attarde pas sur leur fonctionnement, se contentant de décrire son ambiance générale avec subtilité. Même si on reste en surface, presque toutes les scènes nous rappellent cette ambiance et l'immersion est totale. L'atmosphère générale de toute fin du XIXème siècle est elle aussi crédible et bien travaillée, et j'ai apprécié le parti-pris de l'autrice de nous en montrer surtout les mauvais côtés : les bordels, les bars malfamés et les rues pleines d'orphelins sont le quotidien des héros. Grâce à son statut de favorite, Violante entrevoit parfois l'autre côté et ses privilèges d'une nuit mettent en exergue la misère habituelle.

La plume de l'autrice est efficace, même si elle se perd parfois un peu lors de descriptions ou de scènes d'actions. Rouille est un roman prenant, qui peine à trouver son rythme lors de la phase d'exposition mais qui se rattrape par la suite. L'autrice donne envie de découvrir plus avant ce Paris steampunk et toutes ses inventions, bien plus que de découvrir le passé de Violante. Cela est aussi dû au fait que, de mon point de vue, Violante est clairement construite pour être antipathique. J'ai pensé que c'était pour accentuer ce côté qu'absolument tous les autres personnages étaient plus avenants qu'ils n'auraient dû l'être, comme les proxénètes bien éduqués, protecteurs et gentils. Je pense aussi ne pas forcément être la cible d'un roman young adult steampunk et policier, même si j'ai trouvé que le roman se cherchait. Comme si on lui avait collé cette étiquette jeune adulte qui faisait qu'il devait être édulcoré, mais que l'on tenait tout de même à son côté sombre et violent. Rouille est tout de même un roman intéressant à l'univers bien construit qui saura conquérir son public (et qui l'a déjà fait !)
Lien : http://allison-line.blogspot..
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La relation que j'ai eue avec ce roman était assez étrange. A certains moments j'étais happée, à d'autres j'avais juste envie de passer à une autre lecture tant l'univers me paraissait glacial et inconfortable. C'est ce qui explique je pense, le fait que je ne l'ai pas autant apprécié que les autres lecteurs. A dire vrai, je ne connaissais pas Floriane Soulas avant d'avoir son roman entre les mains. J'avais plus ou moins compris qu'elle était connue sur Booktube mais je n'avais vu aucune de ses vidéos. C'est donc en tout impartialité que je me suis plongée dans son livre. Le moins que je puisse dire, c'est que son univers ne laisse pas indemne. Elle dépeint un Paris très glauque, où les bas fonds contrastent violemment avec la haute société. Et Violante, de par sa condition, côtoie ces deux univers diamétralement opposés. Son prénom, elle le porte d'ailleurs comme un bouclier. Dans cet univers âpre, elle doit se faire violence pour survivre et tenir tête à sa maquerelle.
Le roman est porté par une double intrigue : la jeune femme tente de recouvrer sa mémoire perdue, elle n'a aucun souvenir de sa vie avant la maison close, et elle se fait un devoir de retrouver l'assassin de sa meilleure amie.
Ce qui m'a énormément manqué dans cette histoire, c'est l'attachement aux personnages. Je les ai trouvés trop distants. Bien sûr, le contexte y est pour beaucoup. Ce sont des personnes torturées, meurtries par la vie, insensibles pour la plupart, qui ne veulent ou ne savent pas, montrer leurs sentiments. Cela rajoute un côté abrupt dans ce récit et complique un peu l'enquête.
C'était un pari risqué de faire tourner son récit autour de la prostitution. le contexte est sordide, et Floriane n'est pas avare en détails sanglants. A mi chemin entre Jack l'éventreur, pour le côté enquête policière au XIXème, et un Frankenstein steampunk, c'est audacieux et très bien écrit. Que l'on aime ou non, il faut avouer que ce titre dénote dans le catalogue Scrineo. Je remercie Babelio et la maison d'édition pour m'avoir fait découvrir ce titre.
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Cet ouvrage m'a intéressée en raison de son résumé : steampunk et enquête policière me tentaient bien.

L'entrée dans le texte est plutôt facile : la plume de l'autrice est très fluide, dépeint facilement les décors, et on se plonge relativement bien dans l'histoire, qui se lit sans effort et avec plaisir.

Concernant le contenu en revanche, je suis un peu plus mitigée. Les personnages principaux sont sympathiques, mais peinent beaucoup à gagner en épaisseur. On croise aussi un certains nombre de poncifs en matière de policier et de steampunk, et surtout gros points noirs, l'ensemble m'a semblé manquer de cohésion. Un proxénète qui tient un quartier assez conséquent de Paris, mais qui est trop gentil pour refuser à une de ses prostituées de se lancer dans l'aventure m'a paru manquer de crédibilité. Ca et les allées sur la Lune, mais passons, j'ai accepté de me prendre au jeu pour ces aspects.

En revanche, la condition des personnages m'a laissée très dubitative. L'héroïne est une prostituée, son proxénète est un gentil souteneur qui l'a sauvée de la rue. Elle-même se dit qu'elle a eu de la chance. Je pense que c'est surtout de la maladresse, mais les quelques sursauts de Violante pour se dire qu'elle n'est pas un objet m'ont davantage paru crédible. Et c'est dommage parce que du coup, je n'ai pas su comment prendre ce thème, comment l'autrice voulait le présenter, et ce que j'en ai lu m'a dérangée.

Les éléments policiers auraient pu rattraper le coup, mais beaucoup de choses sont révélées trop vite et relèvent de ficelles assez grosses ; par conséquent, les révélations, ou ce qui devrait en être, tombent souvent à plat parce qu'on le voit arriver d'assez loin.

Enfin, l'ambiance glauque façon Jack l'Eventreur et le steampunk "chair et métal" n'ont pas non plus été une grosse surprise car cela m'a beaucoup rappelé un BD de ma jeunesse, Les Arcanes du Midi-Minuit. Ce n'est pas une déception pour autant, disons simplement que c'est le genre de thème qui me secoue un peu.

Dans l'ensemble donc, une lecture plaisante, et très fluide, sans grande surprise cependant. Une aventure à grignoter quand on veut un récit d'action pour se vider la tête.

J'ai lu cet ouvrage à l'occasion du Masse Critique "Mauvais genre", merci à Babelio et Pocket pour le voyage.
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Malgré une découverte un peu mitigée de cette autrice avec Les noces de la Renarde, j'avais envie de redonner une chance à Floriane Soulas en lisant son tout premier roman publié, Rouille.
L'action prend place dans un Paris steampunk, à la fin du XIXème siècle, partagé entre différents quartiers très marqués. Dans l'un d'entre eux se trouvent des bordels, et dans le plus prestigieux d'entre eux on rencontre Violante qui cherche à se souvenir de son passé.
Mais ce Paris est aussi traversé par une vague de meurtres sordides touchant les enfants abandonnés et les prostituées, dont la police n'a pas grand chose à faire, alors qu'une nouvelle drogue fait son apparition dans le même temps.

Je ressors assez mitigée de cette lecture. J'ai bien aimé l'univers mis en place et le rythme plutôt lent du début du roman permet de bien découvrir ce Paris très polarisé, entre ses beaux quartiers situés sous un dôme, des enfants perdus vivant dans des décharges de ferraille, un quartier industriel, une fête foraine et un bordel prestigieux.
J'ai aussi bien aimé la petite enquête pour démêler ce qui se trame et certains personnages secondaires, bien que caricaturaux, ont réussi à m'intriguer.

Le problème c'est que je n'ai pas du tout accroché au personnage principal qui est un archétype de demoiselle en détresse, celle par qui tout doit absolument passer. Elle a aussi une très haute opinion d'elle même et elle a bien raison puisqu'en réalité elle fait absolument tout ce qu'elle veut, passant son temps à sortir du bordel et à se rebeller contre son souteneur et sa maquerelle sans aucune incidence puisque tout le monde lui passe tous ses caprices.
Toutes les autres femmes sont vues comme des opposantes, il y a un fort manque de solidarité féminine et elle change d'avis sur les autres à une vitesse folle. Dans le même genre d'idées, je n'ai pas compris pourquoi Léon, le mac du coin, faisait lui-même tout le sale boulot et avait un tel attachement à ses hommes alors que ses filles sont absolument interchangeables à ses yeux. A l'exception de Violante bien évidemment, pour laquelle il a une affection certaine mais qu'il prostitue sans aucun remords. du coup, Violante l'aime bien aussi. Alors qu'il la prostitue. D'ailleurs à la fin tout est oublié et tout le monde repart bons copains comme s'il ne s'était rien passé.

Il y a du potentiel donc, notamment au niveau de l'univers, mais les personnages m'ont terriblement agacés dans leur ensemble et j'ai parfois eu l'impression que l'autrice n'allait pas au bout de ces idées, ce que je trouve fort dommage car la narration est elle assez efficace.
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J'ai découvert cette autrice et ce premier roman dans le cadre du Printemps de l'imaginaire francophone. Je n'avais encore jamais lu d'écrits de Floriane Soulas, et j'ai profité d'avoir gagné ce livre via un concours organisé par Scrineo en décembre pour me lancer dans cette lecture. le fait que l'autrice a été élue coup de coeur des imaginales m'a également rendue curieuse.

Paris, 1897. La colonisation de la Lune permet des avancées technologiques fulgurantes, dont profitent les puissants et les riches.
Dans les faubourgs en revanche, les individus survivent tant bien que mal. C'est là que vit Violante, prostituée amnésique.
Elle mène donc l'enquête, dans un Paris des bas-fonds marqué par une nouvelle drogue, la Rouille, et des meurtres atroces de prostituées. La disparition de son amie l'amène à plonger dans les ennuis jusqu'au cou…

Je vais commencer par les points forts, car selon moi, ce roman en compte plusieurs, à commencer par l'ambiance, très bien dépeinte. Un Paris très réaliste, des descriptions visuelles, et quelques touches steampunk bienvenues.
Il y a un air de Jack l'Eventreur, connu mais qui marche bien. Par ailleurs, les thématiques de la prostitution et de la drogue, fort documentées, sont traitées avec justesse. J'ai trouvé courageux et original de traiter de ces thèmes pour un premier roman.
Enfin, l'intrigue est plutôt bien ficelée. Peu surprenante dans sa fin mais les rebondissements sont captivants et efficaces. Je n'ai pas trouvé de temps morts, même si on peut être parfois un peu déçu par un récit parfois plus centré sur l'évolution des personnages.

Cependant, j'ai quelques petites réserves, d'abord sur l'ambiance steampunk. J'aurais vraiment aimé quelque chose de plus approfondi. Il y a de très bonnes idées, qui me semblent un peu trop superficielles, et il manque des informations sur l'uchronie par exemple.
Si cela ne m'a pas gênée, en revanche j'ai parfois tiqué sur les dialogues, parfois trop actuels et contemporains pour l'époque. J'ai trouvé des expressions vraiment XXIème siècle et à la mode dans la bouche de personnages fin XIXème, ça ne colle pas.
Enfin, certains personnages sont problématiques, entre peu crédibles (je pense aux macs tout gentils et mignons) à superficiels et délaissés par l'intrigue (Ayati).


Mais c'est une lecture qui s'est révélée captivante, agréable, qui m'a donné envie de poursuivre ma découverte des écrits de Floriane Soulas.
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