Mais les églises ne sont que des pièges grossiers où l'homme s'imagine capturer Dieu. Alors qu'elles ne sont remplies que des craintes et des illusions humaines. Si habiles soient-ils, les bâtisseurs ne font jamais que paraphraser la nature, avec toute la démesure de leur orgueil...
Est-il labyrinthe plus confus que celui d'une pensée errante ? Que serait l'homme sans but, sans projet et sans détermination ? Une simple feuille morte livrée aux vents hasardeux et changeants...
En quelques bonds, voici l'oiseau installé à déguster d'un bec glouton la collation providentielle.
Grand est alors le plaisir de Guilhem de pouvoir contempler à loisir sa beauté.
Son œil brun sombre rehaussé d'un sourcil blanc, son bel habit de plumes ocre striées d'anthracite, complété par un bliaud crème et un foulard chamois sont une merveille d'élégance.
On ne doit point appartenir à ceux que l'on aime et moins encore on ne doit vouloir qu'ils nous appartiennent. Il faut savoir se délecter des êtres et des choses sans jamais tenter de les posséder ni de les asservir à notre volonté.
Est-ce donc cela, vieillir ? Apprendre à perdre ?
Il faut être mère pour aimer de toute la force des entrailles. Les pères n'aiment qu'en esprit (p125)
Carcassonne dormirait, sans cette maudite lune qui éclaire jusqu'aux plus profonds recoins des corridors et des âmes.
Carcassonne dormirait, n'était-ce la brûlante haleine de four qu'exhale la moindre ruelle.
Mais Carcassonne ne dort point. Dans les maisons, portes et fenêtres bâillent en vain, béantes, dans l'espoir d'aspirer un illusoire courant d'air. Les draps traînent au pied des couches où reposent, tous nus, d'impudiques gisants. La sueur qui emperle leur peau n'est point l'écume apaisante de l'amour accompli. Elle est le mauvais sang de l'insomnie et des rêves moites. La lune elle-même, par-dessus les toits brûlants, tamponne sa grosse face rouge dans l'étoupe d'un nuage.
Je crois que l'humain aime à se vautrer dans peur comme un sanglier dans sa bauge. Je crois que chacun consent avec joie à son propre esclavage.
La poésie est toujours la première victime de la barbarie.
Nos rêves savent bien des choses que nous ne voulons pas savoir...