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Critique de sylviedoc


J'avais envie de changer de registre, après un Donato Carrisi bien sombre ("Je suis l'abysse") et un Thilliez machiavélique ("Labyrinthes"). Je suis donc partie en Caroline du Sud, dans les années 20, en compagnie de trois femmes très différentes mais auxquelles je me suis attachée pendant le bout de chemin que nous avons fait ensemble. Une infestation de charançons a semé la misère parmi les les fermiers de la région de Branchville, les récoltes de coton en sont durablement affectée. Même les riches propriétaires terriens peinent à se remettre, et cherchent à se reconvertir, dans le tabac par exemple. C'est le cas d'Edwin Coles, alors que sa femme Annie s'occupe de son côté à faire prospérer l'usine de confection qu'elle dirige avec son fils Lonnie, vieux garçon paralysé par un problème d'élocution. Les Coles ont eu cinq enfants, mais l'un de leurs fils s'est pendu à l'âge de 12 ans, et suite à ce malheur inexpliqué, leurs deux filles ont quitté la maison familiale fâchées avec leurs parents. Il ne reste à Branchville que Lonnie, méprisé par son père, et son frère aîné Eddie.
Retta est au service des Coles depuis toujours, ses ascendants étaient déjà esclaves de la famille avant l'abolition. Maintenant elle est salariée et vit dans sa propre maison dans le quartier réservé aux Noirs, Shaker Rag, avec son cher mari Odell. Celui-ci a été victime d'un accident alors qu'il était employé aux chemins de fer, et a dû se reconvertir comme chiffonnier depuis qu'il ne lui reste qu'une jambe.
Et puis il y a Gertrude, qui vit dans les marais infestés d'alligators et autres charmantes bestioles, maman de quatre filles, dont deux ados et deux petites maigrichonnes. D'ailleurs la plus jeune, Mary, est tellement mal en point à cause des privations et des parasites qui la rongent qu'elle risque de mourir sans des soins appropriés. Mais Gertrude n'a plus un sou, son mari Alvin dilapide tout son salaire en alcool sans se préoccuper de sa famille, sinon pour taper un bon coup dessus quand il a la cuite mauvaise. Gertrude n'a plus le choix, elle va frapper à la porte d'Annie pour quémander du travail à la fabrique. Mais avant, elle doit résoudre son autre problème...

Chacune de ces trois héroïnes est confrontée à un monde qui ne facilite guère la vie des femmes, même Madame Annie qui semble privilégiée par rapport aux deux autres se débat dans les lourds secrets qui ont brisé l'harmonie de la famille. Et un jour, ce qu'elle va découvrir va totalement la fracasser. Quant à Retta, elle a également eu son lot de malheur, son seul enfant, une petite fille, est morte à l'âge de 8 ans. Sa confiance en Dieu en a pris un coup... de plus elle doit composer avec un "don" très singulier, hérité de ses aïeules. Elles essaient de faire face avec les moyens dont elles disposent, s'entraidant malgré les différences de couleur et de classe sociale. La solidarité dont elles font parfois preuve est émouvante, même si parfois Gertrude m'a paru bien ingrate vis-à-vis de Retta.
Quant aux hommes, seuls Odell, foncièrement bon, et Lonnie, incapable de s'affranchir de la volonté paternelle à cause de son "handicap" ont trouvé grâce à mes yeux, les autres valait mieux pas qu'ils se retrouvent en face de moi, surtout au détour d'un marécage !
Cette histoire est un peu pétrie de bons sentiments et faite pour tirer des larmes dans les chaumières. Je ne suis pas allée jusque-là, parce que je suis une dure-à-cuire et qu'il m'en faut vraiment beaucoup pour larmicher, mais quand même...elles m'ont remuée ces trois femmes, ces trois mères dont deux sont prêtes à tout pour protéger leur couvée. J'ai trouvé l'écriture agréable à lire, chaque chapitre est narré par une des femmes, avec son ton et son registre de vocabulaire particulier. On est immergé dans leur quotidien, le travail, les recettes qu'elles concoctent pour leur famille ou leur employeur selon le cas, les soucis liés à la météo et aux épidémies meurtrières, tous les fléaux qui saccagent la région et emportent des vies.

Je voulais découvrir une nouvelle autrice (Deb Spera, dont je n'avais jamais entendu parler) et un univers différent de mes lectures habituelles, pari gagné, grâce aux éditions Charleston dont je découvre l'existence avec ce roman, que je recommande.
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