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EAN : 9782266313643
464 pages
Pocket (07/01/2021)
4.13/5   288 notes
Résumé :
1924, Caroline du Sud.
Alors que la région se remet encore de l'infestation de charançons qui a dévasté les plantations et l'économie, Gertrude, une mère de quatre enfants, doit prendre une décision terrible. Elle est prête à tout pour sauver ses filles de la famine et échapper à son mari violent.
Retta navigue dans un monde difficile en tant qu'esclave affranchie de première génération, toujours employée par les Coles qui ont autrefois été propriétai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (74) Voir plus Ajouter une critique
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C'est un endroit qui ressemble à la Louisiane.

Comme dans la chanson.

On ne dirait pas le sud. C'est le Sud. La Caroline du Sud précisément dans les années 20.

Ce Sud qui, en littérature, souvent, me passionne. le Sud des injustices, où les femmes ne peuvent que perdre leur Nord.

Elles s'appellent Gertrude, Annie et Retta. Et croyez-moi, on ne les rencontre pas par hasard.

Chacune d'elle nous donne envie de la suivre. Gertrude, cette mère de quatre filles, dont la misère n'a d'égale que la violence de son mari. Annie, riche et pourtant si seule, à la fin de son existence. Et Retta, dotée d'un don unique, au service des autres, né avec l'abolition de l'esclavage.

Chacune à sa manière va devoir se battre contre une société arriérée, qui méprise la condition féminine. Chacune d'entre elle va se battre pour les filles à venir. Chacune va lutter avec l'autre.

Un premier roman que l'on verrait bien adapté au cinéma tant ces femmes prennent vie sous nos yeux dans un contexte géographique et historique passionnant.

Deb Spera offre un roman choral de toute beauté. Ce roman se lit comme on écoute la musique et qu'on se laisse emporter par elle. Chaque voix, chaque femme, porte l'écriture, emporte le lecteur. Comme on raconte une histoire au coin du feu. Une histoire de femmes, de destins et de secrets.

Ce roman est un chant oui. Qui monte crescendo, qui prend au coeur et qu'on ne peut plus lâcher jusqu'à la fin.
Lien : https://labibliothequedejuju..
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J'avais envie de changer de registre, après un Donato Carrisi bien sombre ("Je suis l'abysse") et un Thilliez machiavélique ("Labyrinthes"). Je suis donc partie en Caroline du Sud, dans les années 20, en compagnie de trois femmes très différentes mais auxquelles je me suis attachée pendant le bout de chemin que nous avons fait ensemble. Une infestation de charançons a semé la misère parmi les les fermiers de la région de Branchville, les récoltes de coton en sont durablement affectée. Même les riches propriétaires terriens peinent à se remettre, et cherchent à se reconvertir, dans le tabac par exemple. C'est le cas d'Edwin Coles, alors que sa femme Annie s'occupe de son côté à faire prospérer l'usine de confection qu'elle dirige avec son fils Lonnie, vieux garçon paralysé par un problème d'élocution. Les Coles ont eu cinq enfants, mais l'un de leurs fils s'est pendu à l'âge de 12 ans, et suite à ce malheur inexpliqué, leurs deux filles ont quitté la maison familiale fâchées avec leurs parents. Il ne reste à Branchville que Lonnie, méprisé par son père, et son frère aîné Eddie.
Retta est au service des Coles depuis toujours, ses ascendants étaient déjà esclaves de la famille avant l'abolition. Maintenant elle est salariée et vit dans sa propre maison dans le quartier réservé aux Noirs, Shaker Rag, avec son cher mari Odell. Celui-ci a été victime d'un accident alors qu'il était employé aux chemins de fer, et a dû se reconvertir comme chiffonnier depuis qu'il ne lui reste qu'une jambe.
Et puis il y a Gertrude, qui vit dans les marais infestés d'alligators et autres charmantes bestioles, maman de quatre filles, dont deux ados et deux petites maigrichonnes. D'ailleurs la plus jeune, Mary, est tellement mal en point à cause des privations et des parasites qui la rongent qu'elle risque de mourir sans des soins appropriés. Mais Gertrude n'a plus un sou, son mari Alvin dilapide tout son salaire en alcool sans se préoccuper de sa famille, sinon pour taper un bon coup dessus quand il a la cuite mauvaise. Gertrude n'a plus le choix, elle va frapper à la porte d'Annie pour quémander du travail à la fabrique. Mais avant, elle doit résoudre son autre problème...

Chacune de ces trois héroïnes est confrontée à un monde qui ne facilite guère la vie des femmes, même Madame Annie qui semble privilégiée par rapport aux deux autres se débat dans les lourds secrets qui ont brisé l'harmonie de la famille. Et un jour, ce qu'elle va découvrir va totalement la fracasser. Quant à Retta, elle a également eu son lot de malheur, son seul enfant, une petite fille, est morte à l'âge de 8 ans. Sa confiance en Dieu en a pris un coup... de plus elle doit composer avec un "don" très singulier, hérité de ses aïeules. Elles essaient de faire face avec les moyens dont elles disposent, s'entraidant malgré les différences de couleur et de classe sociale. La solidarité dont elles font parfois preuve est émouvante, même si parfois Gertrude m'a paru bien ingrate vis-à-vis de Retta.
Quant aux hommes, seuls Odell, foncièrement bon, et Lonnie, incapable de s'affranchir de la volonté paternelle à cause de son "handicap" ont trouvé grâce à mes yeux, les autres valait mieux pas qu'ils se retrouvent en face de moi, surtout au détour d'un marécage !
Cette histoire est un peu pétrie de bons sentiments et faite pour tirer des larmes dans les chaumières. Je ne suis pas allée jusque-là, parce que je suis une dure-à-cuire et qu'il m'en faut vraiment beaucoup pour larmicher, mais quand même...elles m'ont remuée ces trois femmes, ces trois mères dont deux sont prêtes à tout pour protéger leur couvée. J'ai trouvé l'écriture agréable à lire, chaque chapitre est narré par une des femmes, avec son ton et son registre de vocabulaire particulier. On est immergé dans leur quotidien, le travail, les recettes qu'elles concoctent pour leur famille ou leur employeur selon le cas, les soucis liés à la météo et aux épidémies meurtrières, tous les fléaux qui saccagent la région et emportent des vies.

Je voulais découvrir une nouvelle autrice (Deb Spera, dont je n'avais jamais entendu parler) et un univers différent de mes lectures habituelles, pari gagné, grâce aux éditions Charleston dont je découvre l'existence avec ce roman, que je recommande.
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Le chant de nos filles se passe en Caroline du Sud. Trois voix se font entendre. Celles de trois femmes dont le point commun est la souffrance,et aussi le fait d'être mère. Annie, est mariée à un homme de pouvoir et d'argent. Ils ont eu cinq enfants dont l'un s'est donné la mort à 12 ans. Gertrude,elle aussi maman de plusieurs petites filles mais dont le contexte social est bien différent . Elle doit fuir son mari violent et faire face à la plus grande précarité. Retta,qui n'a été maman qu'une seule fois,d'une petite fille morte bien trop tôt. C'est une femme "de couleur", fille d'esclaves. le chemin de ces trois femmes va , bien sûr,se croiser. Nous suivons leur cheminement en passant de l'une à l'autre,d'une réalité à une autre, d'une blessure à une autre. Parler de métamorphose serait trop fort mais on assiste à une transformation progressive de ces femmes, cheminement qui ne peut exister que grâce à une solidarité féminine qui va se développer dans la beauté,la simplicité,la compassion mais jamais dans la condescendance. C'est un roman dont la force de déploie au même rythme que l'affirmation de ces femmes. L'émotion est présente, comme une quatrième compagne, toujours là mais dans la discrétion, l'intériorité, le respect. C'est un bel hommage à la solidarité,la maternité,la féminité. J'ai une tendresse particulière pour Retta qui pour moi représente le pilier de cette histoire. Un personnage dont on aimerait être l'amie...ou la fille.
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Un roman choral à trois voix : Annie matriarche d'une famille riche, Retta sa servante noire depuis toujours et Gertrude une pauvre mère de famille de 4 enfants affublée d'un mari violent qui va venir travailler pour Annie.
Ces trois femmes ont eu des vies compliquées avec des joies et des peines, quelques secrets traînent de ci de là. Tout ce petit monde se croise, s'entraide, se confie et réalise petit à petit que leur vie va changer de façon radicale.
Si j'ai eu de l'empathie pour Retta et Gertrude, j'ai eu plus de mal avec Annie et son secret de famille qui en soi n'est pas surprenant. C'est plus le fait qu'elle ne ce soit apercue de rien qui m'a paru peu crédible.
Les trois voix racontent leur vie avec leur point de vue et les raisons de leurs actes. Les relations entre ces trois femmes apportent beaucoup à l'histoire et à son rythme.
Un premier roman passionnant avec une petite pointe de 6eme sens et d'intuition féminine qui amènent un petit plus à ce livre.
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Caroline du Sud, 1924

Gertrude a quatre filles et est mariée à un homme qui la brutalise régulièrement. Pauvre, affamée, vivant dans la crainte des coups de son mari et ne voulant pas que ses filles connaissent la même vie qu'elle, elle prend une décision radicale.

Oretta, dite Retta, est noire. Fille d'anciens esclaves, elle est née le jour de l'abolition, ce qui fait d'elle le symbole de la liberté – en tout cas d'une certaine idée de la liberté, toute relative qu'elle soit. Elle est certes née libre mais la ségrégation raciale a pris le relais et les gens de couleurs, comme on dit, restent relégués à des postes subalternes et ne sont considérés que comme des individus de seconde zone. Et Retta n'a pas su sortir de sa condition et est restée employée dans la famille à laquelle appartenaient ses ancêtres.

Annie, quant à elle, est justement la descendante de propriétaires d'esclaves et est déchirée entre son amour pour ses enfants et son mari, ayant finalement plus souvent pris le parti de ce dernier au détriment de ses enfants, ses deux filles ayant coupé les ponts avec la famille depuis de nombreuses années.

Trois femmes, trois destins
Aussi différentes sont-elles, on sent dès le départ que quelque chose va les unir, un lien fort, indescriptible et irréversible.

Si j'ai eu beaucoup de mal à rentrer dans ce roman, mettant environ une centaine de pages à être vraiment dedans, j'ai eu ensuite autant de mal à le lâcher tant l'histoire, au fur et à mesure de son évolution, me prenait aux tripes. J'ai réussi peu à peu à m'attacher à chacune des héroïnes, pour des raisons totalement différentes. S'il fut facile d'aimer Retta, il n'en allait pas de même pour Annie, pauvre vieille femme aisée refusant de regarder la réalité en face de prime abord, ou pour Gertrude dont je ne comprenais pas l'âpreté et les réactions. Puis, au fil du lien qui se tissait entre ces trois femmes, lien aussi ténu que solide aussi paradoxal soit-il, j'ai eu réellement l'impression de vivre au côté de ces femmes et d'être moi aussi dans cette Caroline du Sud de 1924, rude et étouffante.

En résumé, je dirai simplement qu'il s'agit ici d'un roman dur et poignant, très ancré dans son contexte historique, servi par une plume que je qualifierais de réaliste et vivante. Un vrai beau premier roman que je conseille sans hésitation.





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Citations et extraits (84) Voir plus Ajouter une citation
Mon œil me fait mal. La douleur palpite en rythme avec mon cœur, elle s’étend dans ma tête et gagne mes épaules comme un feu de forêt. J’ai peur qu’Alvin m’ait cassé quelque chose et j’y vois plus de cet œil-là. Après toutes ces années, je connais assez bien Al pour savoir quand il va cogner, mais cette fois-ci il était de dos, alors j’ai pas vu son poing quand il s’est retourné pour m’envoyer valdinguer en arrière. Il est resté là, à tituber au-dessus de moi, et après ça il a brûlé ma lettre, il a vomi partout par terre et il s’est écroulé sur le lit. 
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Il s'était habitué à mes visions depuis le temps. Ce qu'on était heureux! J étais encore trop jeune pour savoir que la vie ne vous donne rien sans rien. Tout, même les grands bonheurs, tout a son revers. Y a qu'à retourner une feuille d'arbre pour voir que l'envers est ien différent de l'endroit.
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Mrs Coles sort, me regarde du haut des marches et demande :
— Gertrude Caison ?
— Oui. C’est Pardee maintenant, mais c’était Caison quand j’étais pas mariée.
— Vous êtes la fille de Lillian Caison ?
— Oui, m’dame.
— C’était une femme de bien.
— Oui, m’dame, c’est vrai.
— Qu’est-il arrivé à votre visage, Gertrude ?
— J’suis tombée, m’dame.
Elle me toise d’un regard dur et dit :
— Qu’est-ce qui vous amène ?
— Je viens pour le travail à l’atelier de couture et pour la maison de Mrs Walker.
— Vous savez coudre ?
— Ça oui, patronne. J’suis bonne en couture. C’est ma mère qui m’a appris.
— Votre mère aurait pu coudre n’importe quoi.
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- Shaker Rag est un enclos fermé Vous croyez que vous avez inventé la souffrance ? Les temps sont durs partout. Y suffit de traverser la rue pour voir que l'on est pas les seuls à avoir mal. Le chagrin ne fait pas de différence de couleur. Vous devriez toutes le savoir depuis le temps.
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Tuer un homme, c’est plus facile que tuer un alligator, mais c’est le même genre de traque. Faut guetter le moment de faiblesse, et lui tirer derrière la tête. L’alligator que j’ai dans le viseur, il m’a à l’œil, lui aussi. Il a flairé l’odeur du sang – la fin de mes règles –, il est à moitié sorti de l’eau et il reste campé sur le bout de terre qui nous sert à traverser le marais pour rejoindre la grand-route. Je suis adossée à un vieux cyprès. On fait la paire, lui et moi.
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