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Citations sur Dernière nuit à Montréal (57)

Telle une patineuse artistique, elle évoluait à la surface de la vie en une chorégraphie rapide, mais jamais elle ne brisait la glace, jamais elle ne perçait la surface pour plonger dans ces eaux magnifiques et terrifiantes, jamais elle n’était submergée et jamais elle n’apprit à nager dans ces courants-ci, dans ces courants-là ; toutes les ombres, la lumière et les horribles splendeurs qui composent les turbulences de la vie sur terre.
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Je voudrais m'immerger dans le monde. C'était ça, le problème de Lilia : elle n'arrivait pas à s'immerger. Il ne suffit pas d'observer le monde et de le prendre en photo. (Il se tut quelques instants avant d'enchaîner :) Il ne suffit pas de faire du patin à glace. La métaphore est de Lilia, pas de moi : elle parlait de son mode de vie. Elle disait qu'on peut patiner à la surface du monde pendant toute sa vie, en visite, en partance, sans jamais vraiment passer à travers. Mais il ne faut pas faire ça, ce n'est pas gratifiant. On doit être capable de passer à travers. On doit être capable de s'enfoncer, de s'immerger. On ne peut pas simplement patiner à la surface, visiter et partir.
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Elle se glissait avec facilité dans les replis de sa vie .
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Elle griffonna rapidement en travers du texte : "Je n'ai pas disparu. Arrêtez de me chercher. Je veux rester avec mon père. Arrêtez de me chercher. Laissez-moi tranquille". Elle signa de son prénom, d'une main qui tremblait, parce qu'il y avait encore dans le monde des gens qui voulaient qu'on la retrouve : elle laissait pourtant ses messages dans des bibles depuis si longtemps, si longtemps, mais personne ne les recevait.
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Le lapin connut une brève renommée sur le plan local : deux journaux régionaux publièrent des photos de lui, ses yeux ronds tournés vers le ciel. Ce fut Simon qui le récupéra, cet après-midi là, une fois que les photographes eurent terminé leur travail. Il le déposa dans la baignoire et resta un moment assis sur le bord à observer la petite flaque d’eau bleutée qui se formait tout autour, après quoi il le mit dans le sèche-linge. Assis sur une caisse de lait retournée, il regarda par le hublot le pain tournoyer dans tous les sens. Lorsque Simon le sortit de la machine, le lapin était tout chaud mais encore humide, alors il le remit dans le sèche-linge et le regarda encore tourbillonner jusqu’au moment où, la vue brouillée, il dut détourner les yeux. Sa mère pleurait à gros sanglots dans la cuisine, parlant de Lilia et du père de la fillette, expliquant qu’il avait toujours su qu’il ferait une chose de ce genre et que c’était pour cette raison, au départ, qu’elle avait obtenu l’ordonnance restrictive du tribunal. Il y avait des agents de police partout, et certains d’entre eux voulurent parler à Simon. Il répondit aux questions d’une voix polie, monocorde, proférant essentiellement des mensonges ; quand ils eurent fini avec lui, il emporta le lapin dans sa chambre et le posa sur une serviette pliée, dans le coin du lit. Le lapin n’était pas encore complètement sec, mais Simon n’avait pas envie de rester plus longtemps en bas.
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La majorité des langues, lui annonça-t-il solennellement, sont appelées à disparaître. Voyant qu’elle semblait toujours aussi intéressée, Eli dégaina ses statistiques favorites, comme il l’eût fait d’une Rolex : sur les six mille langues actuellement parlées sur terre, quatre-vingt-dix pour cent sont en danger et la moitié n’existeront plus d’ici la fin du siècle prochain. Quelques rares optimistes nourrissent l’espoir d’en sauver une poignée ; la plupart se contentent d’espérer qu’on pourra garder la trace d’une fraction de ce qui aura été perdu. Son travail, lui expliqua-t-il, était en partie une reconstitution, en partie une thèse, en partie un requiem. Elle écoutait en silence, apparemment captivée, en posant des questions intelligentes juste au moment où il se disait que son intérêt ne pouvait en aucun cas être sincère. Elle lui dit d’un ton badin qu’elle était habituée à des escamotages beaucoup plus localisés : individus, chambres de motel, voitures. Elle n’avait pas l’habitude des disparitions à plus grande échelle. Imaginez, lui dit-il, qu’on perde la moitié des mots utilisés sur terre. Mais ce qu’il essayait d’imaginer, en réalité, à cet instant, c’était l’effet que ça ferait de l’embrasser dans le cou. Elle hocha la tête sans le quitter des yeux.
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Néanmoins, elle ne se sentait jamais à l’aise dans le monde. Nul ne pouvait soutenir qu’elle en fît réellement partie, et depuis cette nuit particulière où ses souvenirs commençaient (morceaux de glace contre sa fenêtre, lapin perdu, neige), les traditions du monde lui étaient étrangères. Elle picorait ce qu’elle pouvait dans les livres et dans les émissions de télévision, notant avec soin qu’il existait des familles à deux parents, des maisons, des écoles, des chiens domestiques, apprenant par cœur des expressions qui l’intriguaient et qui se rapportaient à la maisonnée, telles que : jardin de derrière, enfant à la clef, accessoires de cuisine dernier cri et sous-sol. Telle une patineuse artistique, elle évoluait à la surface de la vie en une chorégraphie rapide, mais jamais elle ne brisait la glace, jamais elle ne perçait la surface pour plonger dans ces eaux magnifiques et terrifiantes, jamais elle n’était submergée et jamais elle n’apprit à nager dans ces courants-ci, dans ces courants-là : toutes les ombres, la lumière et les horribles splendeurs qui composent les turbulences de la vie sur terre.
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Il ne se contentait pas de lui montrer le pays : il voulait lui montrer la vision qu'il en avait, lui faire partager son histoire d'amour personnelle avec l'ineffable beauté de tous les détails qu'il ne manquait jamais de remarquer, quelle que fût la vitesse à laquelle il roulait ou la longueur du trajet.
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Il n'était qu'un personnage extérieur dans le cadre d'un événement d'une portée universelle. Son seul rôle dans l'histoire : observer et se rappeler l'enchainement des faits. Nous ne sommes pas tous destinés à jouer un rôle dans les plus grands drames; il faut bien que quelqu'un s'en souvienne.
Ou alors tout simplement, peut être la mémoire est-elle trop peu fiable pour que l'histoire soit confiée au seul héros. Il faut que quelqu'un d'autre ait observé l'événement pour lui conférer une certaine crédibilité; si personne ne se souvient de votre histoire, comment allez-vous prouver qu'elle est bel et bien arrivée ?
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La nuit où sa fille disparut, novembre tirait à sa fin et la pelouse était tapissée d'une épaisse couche de neige
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