Essai sur le "tourisme noir" lié à l'univers concentrationnaire, "
Nein, nein, nein !" me laisse à quai... Sur le papier, tout pouvait pourtant me plaire : récit de voyage (j'adore), dénonciation du tout-lucratif (excellent), une vision moderne sur les camps de concentration (passionnant). C'était sans compter sur la personnalité de l'auteur,
Jerry Stahl, figure de proue de l'écriture gonzo, ancien héroïnomane ayant relaté cyniquement sa réhab dans "Mémoire des ténèbres". Il y a quelques morceaux de bravoure dans cette oeuvre, et de vrais moments d'émotion face à la cruauté insoutenable des camps, mais au global, l'écriture m'a semblé largement dépassée. Un peu comme lire
Ardisson qui continuerait à faire son intéressant, son misanthrope. Cet essai n'est en somme qu'un questionnement supplémentaire sur la judéité, questionnement important s'il en est, mais traversé de lamentations déplacées, où
Jerry Stahl se plaint de l'humanité entière, lui au premier chef. On finit par se lasser de cette soupe amère où l'auteur se questionne perpétuellement sur sa propre dignité à l'aune d'un massacre. Dans un jeu de miroirs biaisés (je me mêle au groupe de touristes de masse mais je reste l'écrivain donc un peu supérieur mais je ne suis guère mieux qu'eux)
Jerry Stahl finit par lasser, au long d'un ego-trip largement dispensable.