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3,8

sur 594 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ari, ancien poète et éditeur, est parti d'Islande il y a quelques années, à l'aube de la cinquantaine. Ce faisant, comme un dommage collatéral mal contrôlé, il envoie valdinguer femme et mariage sur un coup de tête. Qu'a-t-il fui, qu'est-il allé chercher au Danemark ? Ni lui ni le lecteur ne le savent très bien... Mais alors que son père s'apprête à mourir, il reçoit un colis rempli de souvenirs : le diplôme d'honneur de son grand-père, le mythique Oddur, une photographie où figure sa mère décédée et une lettre de sa belle-mère, lourde de révélations. Il prend alors l'avion pour Keflavic et sa redécouverte du pays, alors qu'affleurent peu à peu les souvenirs, sert de fil rouge à une saga familiale sur trois générations.

Le roman, qui alterne les parties se déroulant « jadis », dans les années 80 et de nos jours, fourmille d'effets d'échos. La terre d'Islande, à travers la description des alentours noirs et froids de Keflavic, semble parfois être le réel protagoniste du livre. A travers ses personnages, Stefansson nous fait ressentir toute l'âpreté de l'atmosphère islandaise, au sens propre comme au figuré, et retrace, à l'échelle humaine, l'histoire économique de son pays. A son arrivée, Ari remarque les immeubles récents, postés face à la mer, où errent les marins désœuvrés suite à la perte de quotas de pêches. Par leur intermédiaire, et par le contraste qu'il arrive à décrire entre l'Islande d'aujourd'hui et celle d'autrefois, l'auteur nous fait sentir plus qu'il nous le dit le sentiment d'inutilité et d'absurdité qui peut envahir des islandais en quête d'identité.

Mais ce qui est au centre du roman, bien plus encore que l'histoire de l'Islande ou même le destin en dents de scie d'une famille disparate, c'est la difficulté du dialogue entre les êtres. L'histoire de ce roman, c'est peut-être avant tout celle de la prise de conscience d'Ari sur les échanges manqués qui ont fait son histoire.
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Difficile de rédiger une critique sur D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds tant les éloges sur l'oeuvre de Jón Kalman Stefánsson sont nombreuses, sur internet ou dans la presse. Comme beaucoup, j'avais lu il y a quelques années Entre ciel et terre, la premier volume de la trilogie qui lui a apporté la notoriété, et si j'avais été estomaqué par l'écriture, j'avais éprouvé une certaine réserve sur le fond, que je trouvais un peu sacrifié au profit de la forme. C'est donc sur les conseils enthousiastes d'une amie que j'ai entrepris la lecture de ce roman. Cette fois-ci, la magie a fonctionné. J'y ai bien évidement retrouvé cette écriture ô combien poétique, si typique de Jón Kalman Stefánsson, une écriture qui nous berce et nous mène délicatement dans cet univers de pêcheurs, rudes gaillards au coeur tendre. Je me suis laissé happé par le personnage d'Ari, que j'ai trouvé très touchant. Cet homme, qui essaie de vivre sa vie avec ses blessures et ses failles, qui quitte son pays après un coup de sang et y revient sur un coup de tête, se remémore l'histoire de sa famille. Il y a beaucoup de mélancolie dans le récit, et aussi beaucoup d'amertume. La relation gâchée entre Ari et son père, l'ombre de la mère morte trop tôt et dont on ne prononce jamais le nom, les regrets de la grand-mère, la jeune fille dont il était amoureux et qu'il n'a pas comprise, tout cela m'a semblé très finement décrit et très juste. Certes il y a la distance temporelle, la distance géographique, la distance culturelle, mais les personnages de Jón Kalman Stefánsson sont extrêmement proches de nous. J'ai hâte de les retrouver dans A la mesure de l'univers.
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Je découvre cet auteur par ce titre et je ne suis pas déçu de cette belle découverte mais en parcourant les commentaires des internautes, je ne savais pas du tout dans quoi je mettais le pieds pour ne pas faire un mauvais jeu de mots.

De quoi est-il question dans ce roman? Eh bien, ça commence par un colis qu'Ari reçoit de son père et qui le pousse à rentrer à Keflavik, en Islande. On va donc suivre ce retour en terre natale mais pas que puisque l'auteur entremêle les époques et on suit 3 générations et petit à petit on comprend ce qui a poussé Ari à l'exil.
Les narrateurs alternent entre Ari et un personnage dont l'identité ne sera révélée que plus tard.
J'ai littéralement adoré ce roman, plein de poésie si bien que l'ai relu certains passages à plusieurs reprises pour mieux m'en imprégner.
Il est également beaucoup question de culpabilité, de regrets, de rédemption et de mort.
Pourquoi 4 étoiles? Peut être un sentiment de frustration à la fin et d'apprendre que l'épilogue ne sera qu'à l'issue du second tome (A la mesure de l'univers)
Je voudrais également adresser mes félicitations au traducteur qui a su rendre l'écriture de JKS au plus juste me semble-t-il.
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J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération menée par Babelio et les éditions Gallimard, et qui m'a permis de rencontrer Jón Kalman Stefánsson lors de sa venue à Paris en novembre 2015.

Ari, un poète islandais, revient au pays après plusieurs années d'exil au Danemark. Ce retour à Keflavik, la "ville qui n'existe pas", est pour lui l'occasion de se remémorer des souvenirs d'enfance ainsi que les raisons qui l'ont poussé, plusieurs années auparavant, à quitter l'Islande. Mais ce roman est aussi une chronique familiale, dans laquelle Margret, la grand-mère d'Ari, prend une place importante.

Au travers de ce roman, Jón Kalman Stefánsson nous parle de la condition humaine, de la vie, de la mort, de l'amour. Bref, de chacun d'entre nous. La lecture du roman et la rencontre avec l'auteur, quelques jours après les attentats du 13 novembre, ont été salutaires.
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C'est difficile de parler de ce roman, tellement il est inclassable.
C'est à la fois une saga familiale, mais aussi de la poésie, un peu d'histoire de l'Islande, des réflexions philosophiques. Difficile même de résumer l'histoire. le personnage central est Ari, éditeur à Copenhague, qui rentre en Islande pour revoir son père, âgé, il est sur le point de se séparer de sa femme. Mais l'auteur évoque aussi ses grands-parents (Oddur et Margarete), les conditions économiques de l'Islande dans les siècles passés.
Ce qui m'a plu c'est surtout le style, la lenteur des phrases, leur profondeur et poésie.
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Grâce à Babelio et aux Editions Gallimard, j’ai pu découvrir le dernier roman de cet auteur islandais. Je n’ai pas été déçue ! Merci encore pour cette découverte !
Ce roman raconte l’histoire de plusieurs membres d’une même famille, à des époques et dans des lieux différents. C’est avant tout l’histoire de plusieurs vies qui se croisent, se « décroisent » et qui passent. Dans toutes les époques, les personnages sont à la recherche de réponses sur eux-mêmes, mais le plus souvent ils fuient leurs problèmes et ne veulent pas affronter qui ils sont vraiment au fond d’eux.
La famille dont font partie les personnages est ancrée dans la réalité de la vie. Ce sont les mêmes préoccupations pour tous, à savoir : la vie, la dureté du climat, les relations de famille, le contexte socio-économique oppressant, … des tourments humains en soi.
La linéarité temporelle n’est pas respectée dans le roman et trois époques se mêlent, les années 30, les années 80 et de nos jours. Nous passons d’un souvenir à un autre, de l’histoire de l’un à l’histoire de l’autre, et d’une époque à l’autre, sans que cela nous perturbe de trop.
L’histoire est racontée par un membre de cette famille, mais celui-ci reste quasiment anonyme. Il est le témoin des pensées les plus sombres et les plus brillantes des êtres qu’il côtoie. Bien qu’interne, il est également omniscient. Il raconte les souvenirs et le présent d’Ari, son cousin, mais également d’Oddur et de Margrét, ses grands-parents, et enfin ceux de Jakob, le père d’Ari.
Ari fait face à la crise du milieu de vie (il a dépassé la quarantaine d’une dizaine d’année déjà). Il se cherche, remonte le fil de ses souvenirs, affronte peut-être enfin ses problèmes et ce qu’il a fui en partant au Danemark
Margrét nous fait entrevoir la condition des femmes en Islande. Elle en souffre et refuse parfois de l’admettre. Son mari Oddur se cache souvent derrière son rôle de capitaine de bateau de pêche et derrière l’alcool. Le temps détériore leur relation et peut-être les longs hivers islandais sont une raison de plus de fuir, préférant ainsi se consacrer aux préoccupations matérielles qu’à leur propre bonheur.
L’univers peut sembler rude. Les étendues de lave noire, les pêcheurs un peu rustres, l’hiver rigoureux. Les gens sont simples mais peu enclin à partager leurs sentiments. Les descriptions des paysages et la vie des personnages donnent envie de connaître davantage l’Islande et les gens qui l’habitent et y habitent, connaître l’histoire de ce pays également.
Le livre nous fait part de certains de ces aspects tout en poésie. Des anecdotes ridicules aux moments qui comptent vraiment, Jón Kalman Stefánsson a une très belle écriture. Il faut s’habituer à ces longues phrases avec beaucoup de virgules. Mais, très vite, on est absorbé par cette plume presque magique. Chaque mot est choisi, même quand il est vulgaire. La lecture est fluide et l’histoire coule entre nos doigts comme les ruisseaux qui cherchent à regagner la mer. La traduction est parfaite à mon sens. Éric Boury a fait un excellent travail !

En conclusion, ce roman change du style que j’ai l’habitude de lire. Il est très beau malgré la rugosité des histoires que l’on y croise. Je n’ai peut-être pas été tout à fait absorbée par ce livre, mais il m’a fait ressentir de l’émotion au fil des pages et l’envie de poursuivre un peu plus loin la vie et les pensées des personnages. L’auteur fait découvrir un pan de son pays d’une très belle façon. C’est un joli 17/20.
Lien : http://kurelfaitunepause.blo..
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J'ai découvert l'auteur, Jon Kalman Stefànsson avec le coeur de l'homme qui m'avait éblouie par la poésie, l'évocation de l'Islande des fjords de l'Est autrefois, la neige. J'ai donc téléchargé D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds impatiente de retrouver le style poétique, la neige...

D'ailleurs, les poissons n'ont pas de pieds est une saga familiale (attention en Islande, le mot saga a un sens bien précis, une saga est un texte médiéval racontant la colonisation de l'Islande par les vikings, il convient de préciser donc que cette '"saga familiale" n'a rien en commun avec les sagas traditionnelles. L'histoire se déroule sur 4 générations à Nordfjördur - jadis et à Keflavik - aujourd'hui ou en 1980. 

Ari, après la séparation d'avec sa femme s'exile à Copenhague où il exerce la fonction d'éditeur. le roman s'ouvre avec son retour à Keflavik où il a passé sa vie depuis son adolescence. Il retrouve les lieux de sa jeunesse. Sa vie, et son histoire familiale,  se déroulent en courtes séquences, flash-backs ou récits transmis à travers les générations.

Tous les touristes arrivent à l'aéroport de Keflavik. Mais une route rapide à 4 voies conduit à Reykjavik sans s'attarder dans la petite ville de Keflavik.

"Keflavik a trois point cardinaux :

Le vent, la mer et l'éternité"

Un peu plus loin l'auteur note

"L'Islande est une terre âpre, lit-on quelque part, à peine habitable, les mauvaises années. L'affirmation doit être juste. Les montagnes colériques hébergent la mort en leur sein, le vent est impitoyable, le froid glacial et désespérant. Une terre âpre où les Islandais ont été par deux fois, pour ainsi dire rayés de la carte par les famines, les épidémies, les éruptions, et dont Keflavik est sans doute la zone la plus hostile".

Jusqu'aux années 80, Keflavik était animée par une grande base américaine et des industries alimentaires de conditionnement du poisson. Depuis, les Américains sont partis et la ville a perdu ses quotas de pêche. 

Les histoires qui se déroulent dans le Nordfjördur racontent la vie traditionnelle des pêcheurs, et familles de pêcheurs.

"Souvenez-vous tout comme nous : l'océan est plus vaste que le quotidien

En mer, l'homme se repose. Cet espace ouvert, cette immensité qui dépasse l'entendement vous calme, vous console, et vous permet d'envisager les problèmes avec la distance nécessaire. Les difficultés qu'on connaît à terre, l'usure, les agacements, les relations, les obligations : il suffit de porter son regard sur les vagues pour que les aspérités de l'existence s'aplanissent. Puis le vent se lève, bientôt les vagues surplombent le bateau, plus haut, toujours plus haut, les creux sont si vertigineux que les membres de l'équipage verraient presque le fond de l'océan qui semblé s'élever vers la surface pour venir les y chercher? L'humidité permanente, le labeur incessant, le travail qui consiste à remonter le poisson et le vider par tous les temps, soleil et chaleur, ,neige et froid glacial. Etre marin, c'est être libre. Mais cette liberté-là vous interdit de vous en remettre à personne, et surtout pas à vos propres prières, car la douceur du monde est demeurée à terre. Vous ne pouvez avoir confiance qu'en vous-même. 

Voilà pourquoi,la mer fait de nous des hommes."




Après cette conclusion, on pourrait y voir une ode à la virilité.  C'est beaucoup plus compliqué. Les femmes ont un rôle important et la fin est même un manifeste féministe.

Mais pourquoi un titre pareil? J'ai cru trouver la réponse page 397 

"les poissons n'ont pas de pieds et quelqu'un qui s'avance vers la mer, ce qui n'est pas de bon augure...

mais je n'ai pas trop compris cette expression, le titre restera pour moi une énigme. 

Si je n'ai pas été éblouie comme pour le Coeur de l'homme, j'ai pris beaucoup de plaisir à cette lecture qui s'est inscrite dans la suite de lectures islandaises. 
Lien : https://netsdevoyages.car.bl..
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Voici un roman que je n'aurais certainement jamais lu s'il n'avait pas été posé par hasard en tête de la pile de livres prêts à être proposés au club de lecture de la bibliothèque où je travaille.
Un roman "poétique" "islandais"...
Mais surtout un roman avec un titre étonnant "D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds".

Grand bien m'a pris de découvrir ce texte et de m'y plonger, certes parfois laborieusement mais surtout de toute mon âme.
Car il s'agit bel et bien d'un roman qui parle à l'âme.
Je n'ai pas souvent été tentée de recopier des citations, pourtant dans ce texte il y a tant et tant de passages à retenir, à répéter, à méditer...
Jón Kalman Stefánsson nous livre ici un texte d'une immense beauté, empreint de nostalgie et de froid, d'Amour, de violence et de haine, d'une part de folie ou d'humanité, soit une partition complexe risquant parfois de perdre le lecteur mais sans jamais le lâcher complètement.

Tantôt émouvant, tantôt révoltant, ce roman fait passer le lecteur par toutes les couleurs de l'arc-en-ciel.

Une lecture passionnante, presque enivrante, qui requiert rigueur et attention, mais qui peut, à mon sens, éveiller beaucoup de choses chez le lecteur.

Comme quoi, je ne suis pas (toujours) hermétique à la poésie... :-)
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Écriture poétique et envoûtante, à l'image de l'Islande. La mort et la mer sont des personnages presque omniprésents du récit. On y croise des gens qui aspirent au bonheur, mais qui se le voient dérober par la dure réalité de la vie à Keflavík.
Si l'Islande est un poème, ce premier tome de la Saga familiale de Stefánsson lui a bien rendu hommage.
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Que dire.....
J'ai adoré l'écriture, mais l'histoire.... bof bof.
L'auteur parvient à décrire l'islande de façon très réelle, on parvient à "ressentir" cette île et ses habitants.
Mais j'ai eu un mal fou à m'y retrouver dans l'histoire,...aucune chronologie, on passe d'un personnage à l'autre sans réelle trame au point que je serais incapable de raconter ce roman.
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