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Citations sur Le goût sucré des pommes sauvages (15)

Les voix de tous ceux qui s’étaient égarés, de tous les Indiens, métis, chasseurs, Mounties, louvetiers et cow-boys, de tous les corps emmitouflés que le printemps découvrait et que le soleil offrait dans la puanteur de la décomposition finale ; de tous les hommes affamés, transis, hâves et hagard qui avaient défié ce pays et avaient échoués ; de tous les fantômes de camps indiens effacés par la variole, des esprits errants des guerriers tués dans leur sommeil aux abords des implacables collines, de toutes les femmes et de tous les enfants squelettiques des hivers de famine, de tous les cannibales hilares dans leur démence, de chaque clameur terrifiée, solitaire, aliénée et pitoyable que ces plaines avaient arrachées à des lèvres humaines, passaient au dessus de lui en pleurant et gémissant, se mêlait aux cris du contremaître et du vieux Jesse ; alors, se remémorant la légende hindoue de la Rivière qui pleure et les voix portées là-bas comme ici le vent, il dit, peut-être à voix haute : « Qu’appelle ? Qu’appelle ? »
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Rien entre eux et les étoiles, rien entre eux et le pôle Nord, rien entre eux et les loups, sinon une maison de douze pieds sur seize en toile si fine que le moindre courant d’air l’agitait, sur les pans de laquelle la lumière dessinait les ombres obliques des hommes massés à l’intérieur, son toit parsemé de trous d’étincelles par lesquels, couché sur le dos, on apercevait les étoiles par intermittence.
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Chaque nom de lieu qu’il avait pu entendre lui frappait l’imagination et ne le quittait plus ; c’étaient des endroits où tout pouvait arriver, où, apparement, tout « était » arrivé : Jumbo’s Butte, Fifty-Mile, Pinto Horse Butte, Horse Camp Coulee, les Wars Idoles.
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Les mouchetures de soleil à travers les feuilles plongèrent Margaret dans une espèce de transe, et elle vit le verger et les vieux bâtiments par une nuit d’été, une nuit d’été frisquette du Vermont après le labeur de la journée, l’éclat ténu des astres du Septentrion et, à la lisière des bois, le tableau noir des ténèbres griffées par les traits de craie lumineux des lucioles.
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Quand notre pianiste en a terminé, il s'installe un grand calme, suivi d'une retentissante admiration. [...] Tandis qu'il se lève pour saluer, son visage, exposé à la lumière, devient un masque exposé à la lumière, acquiert des traits, devient un masque tout en estafilades, crevasses et protubérances, verdâtre et mangé d'ombres. On dirait un cadavre passablement contusionné, et il s'incline comme s'il saluait son pire ennemi.

Guide pratique des oiseaux de l'Ouest
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Comment est-ce au printemps? Est-ce que c'est joli ?
Etonnant de constater comme ce petit faciès grimaçant pouvait être réceptif.
- Oh, pour ça, ce n'est qu'une fleur ! Les pommes ne sont plus bien belles à présent. N'empêche, au printemps, c'est quelque chose !
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Le soleil, très bas, commence à filtrer sous le chêne et m’aveugle de reflets intenses Du pied de notre colline deux grands eucalyptus s’élèvent au-dessus des houx et des yeuses, et les feuilles ovales et flexibles de leur cime, pas très loin en contrebas, tournoient comme autant de poissons éblouissants en papier d’aluminium. Dans le sous-bois la caille se remet à caqueter. Une hirondelle passe au-dessus de la terrasse, décrit une embardée à la poursuite d’un insecte et s’en va.
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La voiture entre en roue libre dans le garage, s'arrête en douceur. Nous nous regardons.
- Fatigué? me demande Ruth dans un murmure.
Son minois de raton laveur apprivoisé luit à la faible lumière du tableau de bord. Ses yeux paraissent chercher les miens avec un soupçon d'anxiété. Je remarque que des plis de fatigue se dessinent autour de sa bouche et de ses yeux, et je déborde de gratitude pour ces quarante années durant lesquelles elle s'est interposée entre moi et moi-même. Je me penche pour lui donner un baiser, puis me laisse aller contre mon dossier et lui réponds:
- Je ne sais pas trop. Je ne sais si je suis fatigué, ou triste, ou désorienté. Ou peut-être tout simplement irrité de ce que, dans une vie, il ne nous soit pas donné suffisamment de temps pour débrouiller quoi que ce soit.
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Elle s’imagina cette fille et son petit ami sous les arbres du vieux verger, seuls présences juvéniles en ce lieu où prévalaient le vieillissement et la mort. Tout particulièrement et avec une impitoyable netteté, elle vit cette fille, trop frêle pour l’amour, trop enfantine ou vieille trop prématurément, trop maigre avec sa poitrine osseuse, étendue entre les bras du jeune paysan, son petit visage pointu offert aux baisers et son petit corps étique abandonné à ses grandes mains calleuses.
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"- Bordel Jesse, fais gaffe où tu mets les pieds !
- T'as qu'à pas laisser traîner la tête dans le passage, rétorqua Jesse. Comment veux-tu que je te voie par ce noir ? Ca fait dix minutes que je me palpe à deux mains et je viens à peine de retrouver mon cul."
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