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Citations sur 188 contes à régler (10)

Les rats

Il y avait longtemps qu'ils préparaient leur coup et, un matin, ils passèrent à l'action. Tous en même temps.
Sortant de leur monde souterrain des égouts, les rats montèrent à l'assaut de la civilisation, en une seule gigantesque armée qui déferla dans les coulisses de la capitale. Les rats savaient où se diriger et ils le prouvèrent en commençant par saboter les centrales électriques pour couper le courant, vital pour l'homme, inutile pour eux. Ensuite ils envahirent tous les centres nerveux et commerciaux de l'alimentation, se livrant à un pillage impossible à réprimer. Ils n'étaient pas invincibles, mais ils avaient le nombre pour eux. Un rat mort était instantanément remplacé par dix autres rats agressivement en vie.
La panique des citadins tourna très vite à l'hystérie, avivée par l'épouvante et la répulsion.
Cela se passait par une journée caniculaire de juin qui faisait de toute la ville un gigantesque brasier de puanteur toxique, de merde bétonnée surchauffée, de pollution qui bouffait chaque centimètre cube d'air stagnant.
Le soir même, contre toute attente, on vit les rats regagner leurs égouts, titubants, à moitié asphyxiés, intoxiqués. Ils ne revinrent jamais à la surface du sol. Il fallait être un humain pour supporter, à l'air libre, de pareilles conditions de vie.
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Les assistés

En ce temps-là, les problèmes ne manquaient pas et le quotidien en dispensait à satiété, mais ceux du chômage avaient été résolus pour une raison d'une désarmante simplicité : partout, les salariés ne travaillaient plus qu'à mi-temps.
En effet, tant était allé l'homme au langage qu'il avait fini par y couler.
A l'ère atomique avait succédé l'ère de la parole. Le besoin de croire au sens profond de la vie, le refus de toute glaciale lucidité, la soif de se raconter, de justifier chaque sursaut psychologique, la névrose d'analyser son cas personnel, de se confesser par téléphone, à la radio, la télévision, à son psychanalyste ou en public ; toute cette hystérie amorcée depuis plusieurs décennies devint une nouvelle façon de vivre à l'aube du XXIe siècle.
En effet, plus personne ne travaillait à temps complet, les lois en avaient décidé ainsi. Une moitié de la journée devait être consacrée au travail et l'autre à disséquer ce que l'on vivait, pourquoi on avait agit ainsi, ce qu'il aurait fallu faire et ce que l'on ferait ou ce que l'on s'interdirait de faire.
Au commencement était le verbe. A la fin, également.
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Le Pacifisme

C'est en hiver 2002 qu'éclata brusquement la Troisième Guerre mondiale. Ne pouvant plus contenir leur potentiel d'agressivité avivé par une crise décidément insoluble, quatre grandes puissances libérèrent leurs missiles à haute nuisance pour les envoyer en plein centre des villes les plus peuplées. Le conflit ne dura qu'une seule nuit et fit 550 millions de victimes.
Deux ans plus tard, la France et l'Allemagne qui étaient restées modestement en dehors de ce carnage nucléaire voulurent retrouver, pour le troisième fois, les sortilèges virils de la grande boucherie qu'elles organisaient si régulièrement depuis plus d'un siècle. C'est alors qu'on enregistra un fait unique dans l'Histoire et les annales militaires ; soucieux de retrouver une guerre "propre" menée par des fantassins, les deux pays proclamèrent tapageusement la mobilisation générale à laquelle répondirent 1 245 Français et 896 Allemands.
On dut admettre qu'on venait d'entrer dans l'ère de la lucidité et qu'il était temps de penser à un désarmement général. Cela se fit dans le monde entier, à tous les niveaux de la technologie du meurtre : on détruisit les fusils des baraques foraines comme les fusées tueuses les plus perfectionnées.
Le XXIe siècle allait sur ses 5 ans quand, pour la première fois, des êtres venus d'ailleurs, d'une lointaine galaxie, débarquèrent sur la Terre.
Les Stryges ne pouvaient que décevoir les camés de l'étrange conventionnel : ils n'avaient rien des monstres galactiques qui crachaient le feu depuis tant d'années dans les magazines de science-fiction. Ils nous ressemblaient comme des frères et ils étaient venus en force pour le prouver : une armada de deux millions de Stryges armés jusqu'aux dents. Les hommes, désarmés jusqu'aux dents également, ne purent qu'accueillir les envahisseurs avec des fleurs, de l'étonnement et un semblant de cordialité. Qui ne donna le change à personne. Les Stryges colonisèrent les Terriens bien plus rapidement et plus facilement que les Européens jetés face aux Indiens ou aux Africains.
Non sans un certain nombre de massacres tout à fait gratuits. Pour l'exemple, peut-être. Ou pour le plaisir alors. Par jeu. Pour ne pas perdre la main.
Les Stryges ressemblaient, en effet, aux Terriens comme des frères. Mais à ceux d'avant la Troisième Guerre mondiale.
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L'invention

Il avait inventé une petite antenne portable qui supprimait radicalement les pensées parasites du cerveau humain.
Il l'essaya avec succès sur sa propre personne. A peine avait-il donné le contact qu'il ne pensait plus qu'à la mort, à l'inutilité de toute entreprise, à la vanité d'avoir mis au point cet engin révolutionnaire. Le temps de penser à couper le contact, il s'était suicidé.
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La loterie

Les affaires comme l'industrie allaient de plus en plus mal, les entreprises étaient acculées à la faillite, beaucoup de magasins fermaient à jamais leurs portes et trouver un emploi, même sous-payé, devenait problématique.
C'est alors que le gouvernement fit un coup double en lançant à grand tapage une loterie nationale dotée quotidiennement d'un même prix pour dix gagnants seulement : un emploi stable de fonctionnaire dans un des innombrables bureaux de chômage, ceux-là même qui proliféraient un peu partout, à une cadence accélérée.
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Même si cela paraissait difficile à admettre, on comprit que ces créatures inexprimablement différentes de nous tentaient de communiquer, non pas avec les humains qui les entouraient, mais uniquement avec les engins motorisés ou électroniques qu'elles devaient prendre, non sans logique, pour les seuls responsables intelligents et les maîtres de cette planète.
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Topor était un mortel exemplaire : effroyablement conscient de l'horreur d'une fin impossible à éviter et triomphalement, insolemment en vie dans un débordement de vitalité pour oublier le mieux possible cette répugnante condition.

Jacques Sternberg, préface à l'édition Folio de 1998.
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Les Politiciens
On aurait voulu donner aux élections présidentielles un éclat tout particulier, mais l'imagination n'avait jamais été au pouvoir et elle n'était pas le point fort des politiciens.
La campagne électorale se déroula, dans un climat de fausse fébrilité entretenu à grands frais par la publicité. Qui se donnait beaucoup de mal pour innover, mais retombait dans les clichés usés depuis presque un siècle. D'autant qu'à quelques détails près, la gauche avait les mêmes options que la droite.
Voilà pourquoi un des candidats avait choisi comme slogan : IL FAUT UN PRESIDENT A LA FRANCE. L'autre souriait à son public sous le slogan : C'EST LE PRESIDENT QU'IL NOUS FAUT.
Alors on se décida à élire les deux candidats. Un pour la France, l'autre pour les Français.
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Dieu était arrivé à bout de ses peines quand il pensa à celles qu'il réservait à l'homme récemment créé et il fut assez satisfait de les résumer en affirmant : « né de la poussière, tu seras destiné à redevenir poussière. » Et pour peaufiner le sadisme de sa trouvaille, il donna à l'homme la conscience de n'être que poussière et l'intelligence d'inventer un jour l'aspirateur.
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La vie est un cauchemar dont j'ai peur de m'éveiller.
Louis Scutenaire
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