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Citations sur Le Futur au pluriel : Réparer la science-fiction (13)

Ne pas dire la norme n'en atténue pas les effets. C'est, au contraire, le meilleur moyen de la rendre invisible, donc illisible, et de lui donner toute la puissance pour agir à un niveau moins conscient. (62)
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L'expansion du territoire, la possibilité d'aller prendre ailleurs ce qui nous fait défaut sur place. Quoi de plus occidental ? Trouver, piller, exploiter, c'est ce qui a rendu accessible en Europe, tant d'éléments culturels du quotidien : le sucre, le café, le chocolat, la tomate... pourquoi pas les récits ? (101)
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La plupart du temps, nous parlons des œuvres, comme si elles se faisaient toutes seules, comme si l'autorité que nous leur donnons était indépendante des personnes, des sociétés et des contextes de leur existence. (18)
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La science-fiction n’est pas morte, pas plus que d’habitude, en tout cas, si l’on en croit l’article sur les « nombreuses morts de la science-fiction » dans la revue Res Futurae.
Pourtant le récit qu’elle donne d’elle-même manque [...] de « perspective future ».
Le « récit de vie » de la science-fiction est très souvent nostalgique, comme en témoigne l’engouement pour des œuvres du passé [...], la défense féroce des « pères » de la science-fiction, lorsque des éléments peu glorieux de leur vie sont pointés du doigt (on trouve des excuses à Asimov « L’homme aux cents mains ») ou l’accueil peu chaleureux réservé aux acteurices débutant.es qui n’ont pas ouvertement prêté allégeance aux mêmes pères…
J’ai voulu lister les éléments qui me semblent poser problème, et des pistes pour tenter de redonner sens et vitalité au récit fané de l’histoire de la science-fiction qui se trouve être surtout masculin, blanc, hétérosexuel, occidental, normatif, réactionnaire, suicidaire…
Surtout, j’ai voulu retrouver, dans les ressources disponibles et celles à venir, d’autres approches que le discours habituel ainsi qu’un peu d’espoir pour l’avenir de la science-fiction.
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Je pose donc qu'un récit sera considéré comme transformateur en fonction de sa capacité à :
— Ouvrir des perceptions nouvelles ;
— Rendre possible un futur ;
— Coexister avec d'autres ;
— Se combiner avec d'autres.
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ci s’achève cette tentative de portrait de la SF francophone en vieux monsieur dépressif qui radote et ne dispose que d’une version de son histoire, mais souhaite ardemment aller mieux.
Comme pour mes patients, je prétends qu’on peut l’aider en lui donnant accès à d’autres pans de son histoire encore à écrire, mais aussi, à des épisodes de sa vie laissés de côté, pour lui permettre d’essayer d’autres façons de se raconter.
Tout au long de l’écriture de cet essai, je l’ai imaginé comme une lettre, le début de ce genre de conversations qu’on peut avoir avec des gens qu’on aime.
À ma surprise, il a d’abord été une conversation avec moi-même.
J’ai exploré dans ces pages ce que proposait le fandom et je l’ai comparé avec ce qu’il pourrait être dans un avenir à portée de rêves.
J’ai fait un voyage difficile dans des souvenirs jamais assemblés tous au même endroit et quelquefois minimisés pour devenir plus supportables.
J’ai regardé en face des faits, des chiffres et tenté de saisir, à défaut de toujours comprendre, ce qu’ils disaient de ce monde-là.
J’ai osé exprimer des désirs pour un milieu SF pluriel et accueillant, inventif et vivant.
Alors, je sais qu’à compter de maintenant, pour ce qui me concerne, plus rien ne saurait être comme avant.
S’il ne me fallait garder qu’un vœu parmi tous ceux que j’ai pu formuler, ce serait celui de voir évoluer la démographie de notre milieu, ou plutôt, de voir se déplacer les projecteurs, toujours pointés sur les mêmes profils.
Avec Jeannette Ng, je rêve que nous regardions, « les yeux grands ouverts », ce qu’a été l’histoire de notre genre et que nous osions considérer que ce qu’il est aujourd’hui n’est pas une fatalité.
L’autrice née à Hong Kong dit, à propos du prix Campbell qui vient de lui être décerné : « John Campbell dont ce prix porte le nom était un fasciste. Par son contrôle sur Astounding Science Fiction, il est responsable de la mise en place d’une tonalité de la science-fiction qui hante encore le genre jusqu’à aujourd’hui : Stérile. Mâle. Blanche. Glorifiant les ambitions des impérialistes et colonisateurs, occupants et industriels. Oui, je suis au courant qu’il existe des exceptions. »
Ma place et ma posture seront donc, nécessairement, moins tâtonnantes, moins hésitantes et j’aurai la satisfaction d’avoir tenté de mettre à plat nombre de mes questionnements qui sont, je le sais, ceux de bien d’autres personnes fréquentant les festivals et les réseaux de la SF.
J’aurais voulu pouvoir développer davantage certaines idées, certains aspects de notre fonctionnement, mais d’autres auteurices, lecteurices, théoriciennes du genre, en ont les moyens, les outils et l’expertise, et j’espère qu’iels voudront bien nous en faire profiter.
Ce texte qui interroge des choix passés et imagine pouvoir influencer, ne serait-ce qu’un peu, les discussions à venir dans le petit monde de la littérature de science-fiction est écrit depuis un point de vue subjectif.
Pour autant, ce n’est pas l’œuvre d’une observatrice isolée, dominant tout dans sa tour d’ivoire. C’est une synthèse de longues années d’échanges, de réflexions, d’actions et d’obstination à rester là, dans ce petit fragment mal fait, d’un monde qui ne tourne pas rond.
Je m’imaginais membre excentrée de la communauté des amateurices et auteurices de science-fiction, avec au moins un pied dehors. Mais il n’y a pas de dehors.
Je fais partie de ce monde-là, malgré lui, malgré tout.
Celleux à qui je m’adresse, quoi qu’il en soit, sont les miens.
Alors, à l’instar de Nalo Hopkinson, je peux dire : « Personne ne me forcera à renoncer à cette littérature que j’aime, faite par des écrivains hétérosexuels, blancs, occidentaux, hommes (et femmes), mais à un moment donné, je désirerais ardemment voir d’autres cultures, d’autres esthétiques, d’autres histoires d’autres réalités et corps représentés en force aussi. »
Sans la conviction que le milieu dit de l’imaginaire est capable de se regarder et de s’ouvrir, sans l’espoir de voir se réaliser ce que le fandom contient en germe, je n’aurais pas tenté de rassembler ici mes constats et mes réflexions.
Il ne m’appartient pas de décider de ce qui viendra ensuite.
J’ai fait un nœud, je tends la main et la ficelle à qui voudra, curieuse de découvrir quel motif me répondra.
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Les sociétés avancées présentées dans nos littératures ont vaincu le handicap, non pas en prenant en compte la pluralité des normalités, mais en sélectionnant, dans une logique eugéniste, un type d'humain optimal, une façon unique de vivre du quotidien banal.

Si l'eugénisme se trouve quelquefois condamné, ce n'est pas tant en raison de ce qu'il fait aux marginaux (les supprimer) qu'en réaction au fait que les normaux d'ici et aujourd'hui pourraient constituer les marginaux de cet ailleurs et demain. Le possible déplacement des lignes séparant humains et moins humains choque alors davantage que leur existence. (85)
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[La pluralité est] une nécessité qui se pense en amont des initiatives culturelles (festivals, anthologies, groupes de travail...) plutôt que comme accessoire ajouté en dernière minute pour afficher son ouverture. (35)
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Les possibilités de la science-fiction sont en effet trop grandes pour que l'on s'arrête là [au comptage des occurrences de représentations] et plaident pour une pleine appréhension de la dimension politique du queer. Il ne s'agit pas tant d'incarner un combat visant à obtenir une place pour telle ou telle communauté, que d'inventer d'autres systèmes, d'autres modes de vivre ensemble, compatibles avec la pluralité des façons d'être au monde qui, contrairement à ce que l'on croit est déjà là.
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Des récits inopérants
Les « récits inopérants » sont, pour moi, ces récits qui mobilisent des éléments et motifs qui ne permettent pas d’ouvrir de nouvelles possibilités, même imaginaires, pour le futur.
Je m’intéresse au contenu de ces histoires, mais aussi, comme à chaque fois, aux circonstances de leur création, qu’il s’agisse des motivations des auteurices, des sujets traités ou des desseins de leurs commanditaires.
Ces récits types, en science-fiction, font usage de termes qui ne sont plus vraiment questionnés : vaisseaux spatiaux, vitesse supraluminique, prescience, hyperespace, cyborg et téléchargement de l’esprit ; des techniques désormais plausibles aux yeux des lecteurices de science-fiction qui ne représentent plus les artifices qu’ils ont constitués à leur invention, pour les créateurices qui cherchaient simplement comment raconter leurs histoires.
Pourtant, il est possible de redonner vie à ces inventions en écrivant de nouvelles histoires qui ne les mettraient pas au centre.
Quand Becky Chambers reprend des éléments cent fois rebattus du space opera dans Apprendre si par bonheur, c’est pour mettre en scène des personnages hors-norme et proposer, dans un détournement magistral, une autre science-fiction. Le Merian, vaisseau d’exploration, part en exépdition, non pour coloniser ou exploiter, mais pour apprendre et découvrir, dans un souci constant de préserver les écosystèmes des lieux visités.
Quand Saul Pandelakis raconte la fin des humains sur terre et l’épopée d’un vaisseau de terraformation, c’est pour mieux partager avec ses lecteurices le quotidien et les questionnements d’un développeur humain dépressif et d’une chercheuse bot un peu perdue, tous deux transgenres.
Hélas, l’essentiel de la production, loin d’être aussi créatif, sert toujours le même plat, sans relief, sans assaisonnement. Des histoires vues et revues qui rappellent d’autres histoires, elles-mêmes inspirées de récits du siècle passé ; des personnages, toujours les mêmes, masculins, blancs, hétérosexuels, en bonne santé ; des problèmes dont les éventuelles solutions ne seraient que technologiques et compatibles avec le capitalisme et ses valeurs.
Ainsi, la téléportation, que l’on ne désigne pas par sa moins alléchante description « désintégration-reconstruction », serait le remède à bien des maux, mais à quel prix ?
Les robots et machines pensantes seraient voués à devenir nos ennemis, de la même façon que les esclaves étaient capables de se révolter face à la domination de leurs maîtres.
La rencontre d’une intelligence extraterrestre ne serait qu’un motif inévitable de guerre.
L’effondrement serait celui de la civilisation occidentale, inimaginable, alors qu’elle s’est construite sur les restes d’autres cultures qu’elle a pillées. […]
Ils sont si présents dans nos imaginaires et nos modes de pensée qu’ils ne sauraient plus constituer une alternative.
Ils sont un volet du récit dominant, n’attendant que d’être challengés par de nouveaux récits.
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