Oeuvres complètes : L'Unique et sa propriété et autres écrits

Les pauvres sont coupables de l'existence des riches.

Toute éducation doit se faire personnelle, et partant du savoir, ne jamais perdre de vue qu'il ne doit pas être un avoir mais le Moi lui-même. En un mot, il ne s'agit pas de développer le savoir, mais d'amener la personne à son épanouissement.

La pauvreté, que le bourgeois rencontre à tous les coins de rue, ne trouble pas outre mesure le vrai bourgeois : au mieux, il s'arrange avec elle en jetant quelque aumône ou en procurant travail et nourriture à un garçon "honnête et capable"...

Jusqu'à aujourd'hui le principe de toute Révolution est resté celui du combat contre tel ou tel état de choses, c'est à dire un principe réformiste. Aussi loin qu'aillent les améliorations, aussi solidement faits que soient les "progrès réfléchis", un nouveau maître n'en est pas moins toujours mis à la place de l'ancien : on ne sort pas de la différence entre jeune et vieux philistins.

Si l'on parvenait à introduire les matériaux de la vie à l'école, à offrir ainsi quelque chose d'utile à tous et, précisément pour cela, à gagner chacun pour cette préparation à la vie et le tourner vers l'école, il n'y aurait plus à envier les savants pour leur savoir particulier : ce serait la fin de l'état de non-initiation du peuple.

Le désintéressement fleurit avec luxuriance sur les terres des possédés, et avec autant de force sur celles du diable que sur celles d'un bon esprit : ici vice, folie etc... et là humilité, sacrifice... Où porter ses regards sans rencontrer des victimes de la négation de soi ?

Le domicile hérité de leurs pères leur parait trop étroit et trop pesant : au lieu de s'en tenir aux bornes d'une pensée modérée et de prendre pour intangible vérité ce qui procure à des milliers de gens consolation et tranquillité, [ces vagabonds intellectuels] sautent par-dessus les frontières de la tradition et divaguent au gré de leur insolente critique et de leur passion effrénée du doute.

On est très faible lorsqu'on doit faire appel à l'autorité, et l'on pèche lorsqu'on croit améliorer l'insolent en le soumettant à la crainte. Exiger crainte et respect, autant de choses qui appartiennent, avec la période disparue, au style Roccoco.

L’insubordination et l'entêtement de l'enfant ont autant de droit que son désir de savoir.