AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Tancrede50



C'est Fanny, une des héroïnes de Rue du bonheur d'Anna Fredriksson, qui m'a donné envie de relire du Strindberg. le bouc émissaire est le dernier roman de Strindberg, et certains critiques le considèrent comme le plus important. Avec Strindberg , on sait qu'on va à la rencontre des destins, du duel entre classe supérieure et classe inférieure, des affrontements entre individus et des changements d'opinions et d'attitudes. Et aussi d'un regard déprimant sur l'homme et la société.


Ainsi Libotz, l'avocat qui vient de s'installer en ville, est « condamné à souffrir », c'est son destin. Ses propos sont souvent interprétés de travers et il est fréquemment considéré, à tort, coupable de mauvaises actions. Quoiqu'il fasse, cela a de grandes chances d'échouer et de se retourner contre lui. Tjarne, le procureur est d'une autre trempe. Il peut vite devenir arrogant, brutal et méchant. Il jouit de la souffrance d'autrui. Et on ne peut absolument pas lui faire confiance. Quant à Askanius, l'hôtelier, qui a - dans un premier temps - aidé Libotz pour son installation, tout d'un coup il s'en prend à lui et se montre froid à son égard. Askanius est orgueilleux et d'un avis changeant: il peut se métamorphoser en quelqu'un d'insupportable en un rien de temps! Quand Libotz se fait condamner pour quelque chose qu'il n'a pas commis, Askanius ricane et lui dit « Tu crois toujours à la justice et à la victoire des bons? » Et Tjarne, le procureur, ajoute: « C'est vrai, j'ai été déloyal, mais c'est mon métier ».


Strindberg a un style au rythme trépidant, précis et sans fioritures. Pas le temps de voir le paysage ou de s'attarder au temps qu'il fait. Il se concentre sur ses personnages. En conséquence, il faut de temps à autre poser le livre, pour souffler un peu et se récapituler tout ce qui vient de se passer en une seule page. Il a écrit ce roman comme une pièce de théâtre: peu de personnages, beaucoup de dialogues, et des descriptions d'attitudes ou de sentiments qui sont comme des indications pour le jeu des acteurs. Son talent tient d'abord dans la complexité de ses personnages, la façon qu'il a de leur donner vie et les retournements incessants de situation. C'est du grand art dans le genre roman de moeurs théâtral.
Commenter  J’apprécie          20



Ont apprécié cette critique (2)voir plus




{* *}