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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Après Dawa, le Français est le deuxième roman de Julien Suaudeau. Il est aussi passionnant que dérangeant. Il est en tout cas à découvrir.

« Je ne suis pas une petite chose et je vous arracherais le coeur de mes mains si elles étaient libres. » Ainsi se termine ce court roman (étonnamment court d'ailleurs par rapport au pavé de 500 pages qu'était Dawa). Cette phrase dure et dérangeante vous donne un résumé de l'état dans lequel on referme la dernière page de ce roman : fortement perturbé !

Le narrateur du Français est un jeune homme normand vivant à Evreux dont on ne connait que peu de choses (blond aux yeux bleus et une vingtaine d'années sont les seules informations que l'on possède). Rien ne le prédestine à tout ce qu'il va suivre dans le roman. Mais les violences du beau-père (verbales et physiques), une mère malade, une vie morne et terne sans réel avenir ou perspective, Stéphanie qui ne veut pas de lui et la mort tragique lors d'un rodéo d'un voyou connu du quartier vont changer sa vie. Par un enchainement de circonstances donc et pour échapper à la police, il va se rapprocher de trafiquants yougoslaves, qui eux même vont le mettre en relation avec le gérant d'un cybercafé à Bamako au Mali. C'est le départ tant espéré, le nouveau but de sa vie. de Bamako au Mali où il découvrira l'islam, il arrivera en Syrie, tombera dans l'engrenage de l'islamisme et deviendra acteur du djihad. Tragique itinéraire d'un enfant gâché, plus connu par son surnom « le Français »...

« Seul Allah est digne d'être loué et Mahomet est son prophète. Les jours ont passé et je me suis habitué à ce baratin. Si vous vous répétez n'importe quoi assez longtemps, tôt ou tard vous finissez par y croire. C'est le cours naturel des choses. Les publicités fonctionnent de cette façon, la musique des mots vous donne envie de croire qu'ils sont vrais. le Coran, je le lisais, je voyais bien qu'on me racontait des histoires, et en même temps je m'habituais peu à peu à ces phrases qui vous présentent le monde sous un jour simple et bien ordonné. »

Julien Suaudeau joue beaucoup sur l'ambiguïté du narrateur. Ce dernier s'engage dans le djihad, devient le pire des barbares mais pas par fanatisme religieux. A l'inverse même, il a l'air parfaitement conscient de ce vers quoi il va, les conséquences de ses actes, mais il le fait tout de même… Il y a toujours une raison, une ressemblance, un espoir, un but… jusqu'à la chute finale (j'ai eu beaucoup de mal avec le dernier chapitre…)

« C'était comme si ce qui m'arrivait était devenu abstrait, indifférent. J'avais l'impression d'avoir tout laissé derrière moi, la vie, l'avenir, les possibilités, les sentiments. Je vivais à côté de moi-même, sidéré par le rêve d'être une personne, et incapable de le vivre. Je ne pouvais pas m'en détacher, mais je n'arrivais pas non plus à me jeter dedans, comme le font tous les hommes, les désespérés surtout. »

De ce fait, cela ne plaira pas à tout le monde. D'aucuns trouveront ce récit trop improbable.
Il n'en reste pas moins pour moi que cet opus est une belle étude critique des jeunes paumés de nos banlieues (donc qu'on peut « aisément » embrigader en leur offrant un but dans la vie), voire des politiques menées (et de la guerre ou tout semble permis… on trouve en fin de roman quelques scènes de torture inhumaines très factuelles et descriptives, donc très difficiles à accepter. Ames sensibles s'abstenir…)

« C'était la vie de ces hommes-là : mentir, faire croire, tromper ; Les raisons pour lesquelles ils agissaient ainsi n'avaient aucune importance dans le fond. »

Un dernier mot sur l'écriture : elle est remarquable. Elle rend la lecture très fluide, d'autant plus que le récit est très documenté. L'auteur semble savoir de quoi il parle, ce qui rend l'intrigue très réaliste et la lecture passionnante.

Roman choc de cette rentrée littéraire sur un sujet dramatiquement d'actualité, servi par une belle écriture, le Français ne vous laissera pas indifférent. Je ne peux que vous le conseiller.

4/5

Lien : http://alombredunoyer.com/20..
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Le narrateur est un jeune homme sans histoire. Il traîne son ennui à Evreux, ville moribonde dans laquelle les perspectives sont rares. Il travaille comme livreur. Seule Stéphanie, la jeune femme dont il est amoureux apporte un peu de joie à sa morne vie même si cet amour est à sens unique. A la maison sa vie n'est pas rose non plus. Sa mère malade cherche du travail en vain et son beau père passe son temps à le rabaisser et à le tabasser.

Un soir avec Stéphanie, ils se rendent à l'invitation d'une petite frappe locale, sur les pistes désaffectées d'un aéroport pour un rodéo à moto dans lequel le voyou a un accident duquel il succombera. Pour échapper à la police ( qui ne l'a jamais suspecté de quoi que ce soit) mais surtout pour fuir une vie dont il n'a rien à espérer, il se rapproche de trafiquants "Yougoslaves" pour gagner son billet de sortie. le responsable le met en relation avec un gérant de cyber cafés à Bamako. C'est le départ tant espéré.

Pour la suite rendez-vous sur le blog : leslecturesduhibou.blogspot.fr lien ci-dessous.
Lien : http://leslecturesduhibou.bl..
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Ce n'est pas demain qu'Amazon remplacera mon cher libraire. Sachant que j'avais bien aimé Dawa, on en avait discuté à plusieurs reprises, c'est lui qui me prévient début août de la prochaine sortie de ce deuxième roman de Julien Suaudeau : « Je vous en mets un de côté ? ».
Et voilà que « le Français » m'a captivé pendant deux jours, même si le captif dans cette histoire est plus le héros que le lecteur.
Je dois dire que je n'ai lu aucun jusqu'à présent des quelques romans qui mettent en scène les djihadistes occidentaux, mais le manque d'éléments de comparaison ne m'empêchera pas de trouver celui-là excellent. À une réserve près : la lettre au papa, des trois dernières pages qui détonne (dans tous les sens du mot). Ce sur quoi je préfère ne pas m'étendre, laissant à chacun le soin de se faire son idée.
Pour le reste, c'est plus de 200 pages d'une écriture alerte et remarquable. Et documentée : à croire que l'auteur est allé séjourner ce qu'il faut au Mali, et enfin dans ce "nulle part" qui attire tant de candidats habilement recrutés.
Un récit on ne peut plus contemporain et à la première personne. Un récit très factuel, mais qui en dit long sur la fragilité et les inhibitions de ce Français ébroïcien (ainsi se nomment les habitants d'Evreux, qui ne seront peut-être pas ravis de la façon dont cette ville est dépeinte). Comment ce brave garçon glisse de proche en proche vers l'horreur, non pas à cause de convictions mais simplement du fait des circonstances ? Voilà qui n'est pas sans rappeler le parcours de tant de bons employés du Troisième Reich.
Je sais que Babélio aime bien les citations, mais il y a là trop de belle matière : mieux vaut lire « le Français » qu'en découper ne serait-ce qu'une partie, laissons le couteau au repos, il en a fait bien assez !
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Julien Suaudeau, né en 1975, a grandi à Evreux, fait Sciences-Po et fréquenté les salles de boxe de nos banlieues. Il vit aux États-Unis depuis 2006 après avoir travaillé en Belgique et en Azerbaïdjan, réalisé des films… Aujourd'hui, il enseigne le français dans une High-school du New Jersey. Son premier roman, Dawa, paru l'an dernier, avait été une belle claque ; son nouvel opus, le Français, vient de sortir en librairie et c'est une fois encore une belle surprise.
Surprise à plus d'un titre. Parce qu'il est à nouveau question du djihad et que je ne m'attendais pas à ce que ce même sujet soit repris dans son second roman ; parce qu'après le pavé de cinq cents pages, je me suis étonné de recevoir de l'éditeur un bouquin de deux cents pages seulement ; parce qu'enfin, Julien Suaudeau a complètement changé de style d'écriture, on le constate après quelques pages à peine.
Le narrateur, Français blond aux yeux bleus d'une vingtaine d'années, vit à Evreux. Une vie morne et terne qui par un enchainement de circonstances, va l'entrainer à Bamako au Mali, puis en Syrie, pantin d'un djihad tragique et itinéraire d'un enfant gâché.
Avec ce second roman, Julien Suaudeau affirme nettement son talent d'écrivain. Si Dawa donnait un aspect journaliste en immersion à son épopée terroriste, beaucoup de détails et une intrigue en mode thriller d'excellente qualité au demeurant, le Français joue dans une autre catégorie. L'écrivain adopte un style plus mûr, plus littéraire dans le sens noble du terme, l'écriture est très belle, le récit est plus ramassé, avec des ellipses et beaucoup moins de détails. Un récit plus intimiste, plus subtile aussi.
L'auteur s'attache à la psychologie de son personnage central, cette zone floue où l'esprit déraille et se perd, rêve éveillé déformant la réalité, et tente non pas d'expliquer mais de nous faire toucher du doigt ce qui peut motiver un jeune Français (Occidental non musulman) à se retrouver embringué dans une colonne djihadiste et perpétuer des meurtres ignobles. le narrateur, malgré ses actes, n'est jamais vraiment antipathique, ce qui dérange profondément le lecteur et signe la réussite de l'écrivain. Car là, est le but de l'auteur, montrer une révolte compréhensible empruntant une voie qui l'est moins.
La révolte, c'est celle de ces jeunes de tous horizons ou origines sociales, déboussolés devant ce monde vide de repères tangibles, n'offrant aucun avenir ou perspectives fortes et trouvant dans le djihad, non pas un but mais une voie de sortie. Car il n'est pas question de religion ici, « Vous me parlez de Dieu, mais je ne vois que des hommes », juste un moyen pour être, ne serait-ce que quelque temps. Au final, on peut dire que ce roman n'est pas le procès du djihadisme mais celui de notre société qui par ses injustices multiples a créé de toute pièce son pire ennemi.
Un superbe roman qui confirme le talent de Julien Suaudeau.
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La vingtaine, trimant dans un entrepôt pour une société de livraison dans une petite ville grise, il n'a guère autre chose à faire que s'ennuyer. Entre la maison où, quand son beau-père violent n'est pas là, il ne peut que se confronter à la douleur de sa mère au chômage, et cette vie morne, il n'a même plus vraiment de rêves. Alors quand les circonstances, nécessairement mauvaises, se jouent de lui, il a tôt fait de glisser. de se laisser porter par la lueur fugace de la possibilité de vivre autre chose et par l'espoir de trouver finalement sa voie. C'est comme ça que d'Évreux à la Syrie en passant par le Mali, il va devenir un des visages des exécuteurs d'otages de l'État Islamique.
Deuxième roman de Julien Suaudeau après Dawa qui s'intéressait déjà de près au phénomène de radicalisation et à ses mécanismes, le Français se fait plus intime en plongeant le lecteur dans la tête et les tripes de ce grand blond passif, guère intéressé par la religion mais totalement en rupture avec une société incapable de lui offrir un semblant d'espoir de s'extraire de sa condition. La vacuité d'une existence qu'il faut remplir avec ce que l'on trouve et qui, quand l'amour glisse entre les doigts, quand l'amitié demeure superficielle, finit par se remplir avec autre chose et, pourquoi pas la haine. de soi d'abord, et d'un monde dans lequel on ne sait plus vivre ensuite.
Attention, Julien Suaudeau n'est pas un moraliste. Pas question de développer de grandes thèses, pas de généralisation hâtive et encore moins de recherche d'une excuse. Il s'agit ici de comprendre les ressorts qui agitent un individu parmi d'autres. Et la rencontre avec un autre djihadiste occidental montre d'ailleurs bien combien le chemin qui mène dans un camp du désert syrien peut être différent selon les individus. Il n'en demeure pas moins que l'auteur touche quelque chose du doigt : qu'a donc à offrir aujourd'hui notre société à un enfant d'une France périphérique secouée par une crise économique mais aussi sociale et plus largement morale ? Que fait-on quand, une fois que l'on ne peut plus se payer les loisirs que l'on nous vend en masse et que l'on est seul face à soi-même sans pouvoir s'aimer ? Quand le désir de mort l'emporte sur l'espoir de vivre mieux ?
En cela et même s'il met à jour quelques rouages de l'endoctrinement – en particulier ici un inextinguible désir « canin », comme le qualifie le personnage du roman, de se plier aux ordres pour se faire aimer – le Français parle moins de djihadisme que du cheminement intime d'un jeune homme incapable de trouver sa place dans un système qui l'ignore et de la manière dont l'accumulation de déceptions, d'échecs, d'humiliations, le pousse à lâcher prise. Celui-ci s'est laissé porter vers le djihad, d'autres choisiront d'autres voies, certainement pas moins tragiques.
Il y a là-dedans, finalement, toute la banalité du mal, le besoin d'avoir une cause à servir, quelle qu'elle soit, pour combler un vide et la plongée dans une âme qui, sous le vernis de la passivité, bout. Jusqu'à l'explosion.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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« Plus tard, en nettoyant la vitre sur le parking de l'entrepôt, j'ai pensé qu'on était des hommes. Il y avait dans cette évidence comme l'ombre d'un très grand malheur. »

L'itinéraire de ce jeune homme de presque vingt-et-un ans est le récit d'un effacement, d'un renoncement, d'un reniement. le personnage principal de ce roman, « le Français », également surnom donné au jeune homme par ses compagnons de guerre, est un jeune homme d'une banalité crasse : petite vie miséreuse, mais vie quand même, dans une banlieue d'Evreux, entouré de sa mère, accidenté de la route, de son beau-père qui le frappe sans que personne, y compris le cogneur, ne sache vraiment pourquoi, de ses collègues de travail qui consiste à faire commis-livreur.

Cette vie aussi misérable et glauque soit-elle va tout lui prendre : méthodiquement elle va le priver de toutes ses attaches familiales (le jour ou son beau-père frappe une fois de trop, une fois trop fort), sentimentales (le jour où il croise Stéphanie dont il est amoureux dans les bras d'un autre) et sociales (le jour où il est pratiquement contraint de fuir).

Sa fuite, il l'organise à Bamako. Grâce à Ali, un de ses anciens collègues, et Mirko, un trafiquant venu d'Europe de l'Est, il quittera sa misère française pour une autre misère. Sauf qu'à Bamako, on va lui tendre la main et à travers la détresse qu'il porte en lui, celui qui deviendra « le Français » se voit offrir une lueur d'espoir dont il ne peut pas pressentir qu'elle toute relative et basée sur le mensonge. Alors il s'engouffre dans la brèche de l'islam et de la taqiya, l'art de la duperie et de la dissimulation… le seul hic c'est qu'il ne fait finalement que se duper lui-même jusqu'à commettre l'impensable, malgré la tentative de manipulation des services secrets français, et décapiter à visage découvert des otages occidentaux aux mains des terroristes.

Le jeune garçon n'est pas la victime d'une radicalisation opérée en France avant qu'il ne parte sur les traces du terrorisme. Il est l'aboutissement d'un processus lent et pernicieux. La force du processus qui s'opère insidieusement chez « le Français » est de proposer une alternative au néant. D'ailleurs le personnage central ne demande que cela : exister, être quelqu'un, rester un homme… Il n'en aura finalement que l'illusion, marionnette dans les mains de ses manipulateurs, qu'ils soient terroristes ou agents français fréquentant un Radisson qui fonctionne comme une vitrine de ce que haïssent les terroristes (femmes, sexe, extravagance, colonialisme et tant d'autres choses) quand bien même leurs comportements ne seraient pas si différents.

C'est d'ailleurs toute l'ambiguïté et la dichotomie entre le discours et les actes. Les terroristes décrédibilisent ainsi ce qu'ils considèrent comme un acte de foi et qui n'est rien d'autre qu'un mensonge et une tromperie de plus.

A la lumière de ce qui se passe dans le monde depuis quelques semaines, ce livre n'est ni une excuse, ni une explication. Il a quelque chose de prémonitoire (il est sorti fin août 2015). Il est une lumière projetée sur un drame humain auquel notre société n'apporte aucune réponse, un mal profondément encré que le fossé entre les malades (potentiellement la jeunesse dans son ensemble car elle partage de manière aveugle le sentiment de rejet) et les médecins (notre classe politique qui n'a jamais aussi peu maîtrisé la situation). Et personnellement, je ne vois pas comment nous pouvons nous en sortir…

Le très bel article de Samuel Dock :
http://www.huffingtonpost.fr/samuel-dock/la-naissance-des-monstres-djihad-francais_b_8240032.html

Une interview de l'auteur :
http://www.parismatch.com/Culture/Livres/Le-vide-de-notre-sous-culture-nous-revient-en-pleine-gueule-Julien-Suaudeau-870719
Lien : http://wp.me/p2X8E2-y5
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Ici, pas de nom pour un héros anonyme, français non musulman, perdu dans une ville sans lendemain et sans avenir : Évreux. Il a la vingtaine, vit chez sa mère avec Nono, son affreux beau-père violent et qui le bat dès que l'envie l'en prend. Il survit grâce à son job de livreur et rêve à une relation amoureuse avec Stéphanie, la fille de ses rêves. Un soir il accepte de monter en voiture avec Stéphanie et deux de ses amis, jusqu'à arriver sur une ancienne base militaire où un drame aura lieu. Ce drame marque un tournant dans la vie du héros.
Greg, un de ses collègues est une personne sur qui il peut compter, il y a également Ali, un vieil arabe qui le soigne un soir alors que Nono vient de lui arracher une oreille... et là tout s'enclenche. Ali lui parle de religion, lui dit qu'il connaît quelqu'un qui peut l'aider, un trafiquant bosniaque à qui le héros et Greg vont revendre du matériel informatique tombé du camion. le bosniaque lui propose un travail dans un cybercafé de Bamako, la capitale malienne, il accepte et s'envole vers un horizon qu'il pense meilleur que celui d'Évreux... L'engrenage continue jusqu'à devenir le "boucher aux yeux bleus". le héros donne l'impression de vivre tout cela malgré lui, et effectivement se naïveté l'emmènera beaucoup trop loin...

Le récit est court, prenant et incisif. Tout se déroule très vite, comme pour montrer à quel point un jeune peut vite se laisser emporter et manipuler, d'autant plus s'il vit dans une ville ou un quartier où aucun avenir n'est possible, où la réussite ne frappe jamais à la porte.
Ce livre est d'actualité, pour comprendre au moins un des chemins qui peut mener vers le djihad : celui d'une jeunesse en péril en quête de repère, d'avenir et prête à croire à tout ce qu'on lui promet pour réussir sa vie. le héros ne se retrouve pas dans l'islam, et pourtant seule cette voie semble lui apporter une certaine réussite, un certain succès, donc il s'y engouffre sans même s'en rendre compte, comme si tout cela était un processus naturel.

L'écriture est belle, mais parfois il aurait été appréciable d'avoir plus de détails et un récit peut-être plus complet, plus développé et étoffé. Je pense toutefois que ce fut une volonté de Julien Suaudeau, d'adopter une écriture et un style plus percutant que ceux de son premier roman "Dawa". Un bon moment de lecture et de questionnement.
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L'auteur s'attache à la psychologie de son personnage central. Il ne tente pas de nous expliquer mais nous invite à chercher les motivations de ce jeune français.
Roman assez dérangeant puisque malgré les horreurs qu'il commet, le narrateur nous touche toujours. Il pourrait s‘agir de n‘importe qui.

Le personnage subit et ne bronche pas la plupart du temps par facilité, fuyant le conflit et donc obéissant. On sent qu'om est lucide pendant un bon moment même lorsqu'il est au Mali et que l'on lui rabâche els louanges d'Allah alors que lui-même est agnostique ou athée. On sent quand il est au Mali son envie de retourner en France et qu'il est en train de se faire rouler. Mais sa peur de poser des problèmes oud e ne pas faire ce que l'on attend de lui est plus grande que tout et il va se laisser manipuler. I

Un étrange revirement apparaît à la fin.
Tout au long du livre on a l'impression que la personne subit des contraintes, qu'il fait des choses contre sa volonté et qu'il garde l'esprit lucide. Mais dans les dernières lignes on découvre le véritable visage du personnage comme si une autre personne avait vécu avant. Ou du moins comme si tout ce qu'il avait vécu, le transformait uniquement à ce moment là. Ce qui laisse perplexe.

C'est un sujet qui ne m'attire pas, je me suis laissé prendre par le roman petit à petit.
Roman qui nous fait poser beaucoup de questions sur la société qui d'après ce roman crée son pire ennemi.
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