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EAN : 9782221195772
270 pages
Robert Laffont (18/08/2016)
3.17/5   12 notes
Résumé :
Du petit matin jusqu'au soir du 13 novembre 2015, cinq personnages hésitent à aller au concert. Ni le feu ni la foudre est leur évangile. Selon Stella, 13 ans, fan de Bowie, personnage et oracle, qui sait que quelque chose va arriver ; selon Raphaël, son père, qui a décidé de changer de vie pour retrouver sa fille qu'il n'a pas vu grandir ; selon Pauline, échographe morphinomane, fâchée avec les siens, qui rend visite à sa mère qui a perdu la tête ; selon Ariane, qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Ni le feu ni la foudre ne saurait se positionner dans la catégorie des livres qu'on chronique facilement. Véritable expérience de vie, il se vit justement et se transmet. Mettre des mots sur du « réel », des instants éphémères s'avère tâche difficile, pourtant je suis bien ici pour cela. Ni le feu ni la foudre rentre dans ce genre de livres, qui une fois refermé, vous laisse cette impression étrange de « je ne sais quoi en penser ». Suivent alors toutes sortes de réflexions et idées, sorte de relecture mentale de l'ouvrage. Preuve qu'il vous marque. Preuve qu'il est bon, d'ailleurs vous vous le dites « tellement bien écrit ». Mais alors pourquoi bloqué-je ? Pourquoi ne sais-je qu'en penser ? Parce qu'il ne me présente pas forcément ce que j'imaginais ? Non. Parce qu'il dérange ? Non, peut-être. Parce qu'il secoue. Oui, certainement. Parce qu'il est difficile de comprendre immédiatement où veut en venir l'auteur ? Assurément. Pourtant, vous ne pouvez que vous sentir heureux, privilégié d'avoir lu ces instants, les derniers de ces personnes avant de s'éteindre lors d'une soirée tragique qui aura ému la France entière. Parmi vous, mes lecteurs, je peux dire que certains connaissaient l'une des victimes ou des témoins de ce drame. Je peux affirmer que cette histoire vous a touché. Je sais que vous êtes intelligents et n'avez jamais cédé aux amalgames. Parmi vous beaucoup ont fait le choix de la vie, du respect des victimes, des hommages plutôt que propager la haine et montrer le sang qui coule. Vous avez pansé vos bleus à l'âme en promettant de ne jamais oublier, comment le pourrions-nous de toute façon ? 13 novembre 2015. Une date de notre histoire moderne. Une date à laquelle Ni le feu ni la foudre consacre ses lignes pleines d'une émotion sous-jacente brute.

5 étoiles filant vers le drame d'une journée si particulière

Nous suivons 5 personnages au cours de ce 13 novembre 2015. 5 étoiles qui ignorent tout de ce qui les attend ce soir-là. 5 hommes et femmes totalement imparfaits, ce ne sont pas des héros. Certains sont rongés par la culpabilité, d'autres ressassent leurs échecs, certains sont égoïstes, criminels, menteurs, d'autres rêvent d'indépendance, d'amour de jeunesse, de plaisir coupable, reconnaissent leurs erreurs, leurs torts. L'atmosphère de cette journée, pour eux, sera propice au changement, à l'avancement. Tout au long de la journée, nous les suivons, apprenons à les connaître, les apprécions plus ou moins, à l'instar des gens que l'on croise dans notre vie. Des personnages humains, réalistes, actuels, auxquels il est aisé de s'identifier ou tout du moins facile de comprendre. Stella, Raphaël, Igor, Pauline, Ariane. Stella, notre jeune étoile de 13 ans, passionnée de David Bowie, différente, androgyne, unique. Raphaël qui s'écroule sous le poids de sa vie ratée, de sa paternité et ses nombreux regrets, sous l'alcool destiné à noyer les « Et si… « . Igor, ah Igor, ce vieux monsieur, le Vieux avec son chien qui sait que la fin est proche, mais qui pourrait si vite l'oublier, Ariane une comète qui n'aspire qu'au bonheur qu'elle couve patiemment et à son départ, Pauline qui a perdu sa moitié et n'a jamais cessé de chercher. Ces 5 étoiles vont se croiser, se connaissent déjà ou se rencontreront, se percuteront, se perdront. Ces cinq lumières que la vie, le destin, les occasions rapprochent ou au contraire éloignent du concert et de ce drame sous-jacent.

Choisir la vie et la lumière, plutôt et la mort et le sang

Mais, non, nous ne basculerons pas dans l'horreur. À la mort, Julien Suaudeau choisit la vie. À l'obscurité d'une salle où le début du concert est imminent, il préfère les lumières de Paris. Ah Paris, qu'elle est aimée cette ville, mais qu'elle est haïe par ceux qui veulent la tâcher de pourpre. Nous n'assisterons pas à l'horreur, nous n'en avons pas besoin. Nous suivons les étoiles qui se rendent à cette soirée qui devait être signe de fête et de rock'n'roll. de musique, de sueurs, de bières, d'instants partagés entre toutes les nationalités, les religions, les opinions, les couleurs de peau, les générations. Au moment où les portes se ferment, il en est de même pour le livre, ce n'est pas un secret, le choix de la vie se fait ici.

« le concert commence.

C'est officiel, je vais être heureux. Je n'ai qu'à le vouloir. C'est ma vie, merde. Qui pourra m'en empêcher si je décide de ne plus me ruiner tout seul ? »

Le noir se fait, les lumières se rallument, la musique commence. Silence. Pour nous lecteurs, témoins silencieux et invisibles. Pour lui, auteur qui, tel un homme pudique, aurait omis de basculer du côté de la mort et du désespoir. Ou qui tout simplement a compris qu'il ne reste rien à dire de cette violence. Tout ça pour quoi ? Pour la vie. Oui, Ni le feu ni la foudre n'est pas un livre ordinaire. Vous pouvez aisément passer à côté. J'ai failli le faire. Ou vous pouvez choisir ces lumières de vie, ces espoirs, ces envies, ces décisions et résolutions. Regarder la lumière et l'avenir plutôt que l'ombre et la terreur. Écouter la musique ou le silence plutôt que l'enfer et la douleur. Julien Suaudeau, connu pour sa « drôle » de coïncidence avec le 13 novembre signe ici un livre qui rend parfaitement hommage aux victimes, dans un respect absolu, sans jamais nommer l'inévitable. Contourner le sujet pour mieux s'en approcher, y projeter ses personnages ou les éloigner. Laisser briller la lumière que ni le feu ni la foudre ne pourra atteindre.

Note explicative : Julien Suaudeau a écrit en 2014 Dawa, roman où, tel un visionnaire, il parlait d'attentats secouant Paris en un vendredi 13 novembre. Dans Ni le feu ni la foudre, il n'est plus utile d'explorer la violence et le fonctionnement des terroristes.

J'ai conscience que cette chronique n'a rien de traditionnel ou ordinaire, mais il ne pouvait en être autrement de ce livre. Lisez-le, prenez le temps de le digérer, comprenez la vie, choisissez là. Voyez comment il vous portera, mais je vous conseille, comme moi de le laisser décanter.

EN BREF :

Ni le feu ni la foudre tourne autour d'une journée unique qui a marqué les esprits, le 13 novembre 2015. En nous faisant suivre 5 personnages se croisant dans Paris, Julien Suaudeau nous montre l'avant et non l'après, la vie et non la mort. Difficile de ne pas angoisser pour nos personnages qui filent droit vers le drame, vers la lumière qui s'éteint. Une plume assurément brillante. Marquant, déconcertant.
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Un grand merci aux éditions Robert Laffont et à Babelio pour cet envoi !

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La violence, l'intolérance et le terrorisme font malheureusement partie de notre paysage quotidien, et il est logique que ces problématiques se retrouvent désormais dans la littérature. Nous avons ainsi pu découvrir l'excellent A la Place du Coeur d'Arnaud Cathrine dans la collection R de Robert Laffont... et voici un nouveau titre, de littérature générale cette fois-ci, qui s'appuie sur les récents attentats, bien que d'une façon différente, avec une atmosphère poétique et émouvante.

Julien Suaudeau décrit la journée de cinq individus, aussi différents qu'il est possible de l'imaginer : une jeune adolescente dévorée de solitude et d'incertitudes, son père qui ne l'a pas vue grandir et s'éloigne inexorablement d'elle, un grand dur qui vient d'apprendre qu'il n'a plus que cinq semaines à vivre, une échographe accro à la morphine et une jeune femme enceinte de son premier enfant. Leurs parcours vont bien sûr s'entrelacer, se rapprocher ensemble de la terrible issue de ce 13 Novembre, de ce concert vers lesquels leurs pas semblent irrésistiblement les mener. Les heures défilent, leurs questions se font écho, leurs peurs s'étendent dans une urgence terriblement angoissante, comme s'ils pressentaient le drame qui allait survenir.

Certaines situations sont parfois déstabilisantes, peut-être même obscures, mais les sentiments demeurent intacts, l'émotion prend toujours le lecteur à la gorge. On est tour à tour réjoui, gêné, touché, empli de compassion. On s'attache à certains destins plus qu'à d'autres, mais sans jamais totalement oublier la sourde menace qui plane sur chacun d'entre eux. La tension est à proprement parler insoutenable, au point qu'il en est difficile de lire ce roman d'une traite, qu'on a parfois besoin de le refermer pour respirer, être soulagé un instant de cette chape de plomb qui pèse sur les cinq héros.

Il s'agit là d'une lecture loin d'être évidente, sombre, et oui, quasi-déprimante. Pas de feu, pas de foudre, pas de violence physique décrite dans le texte, mais pas de lumière non plus, et il faut avouer que l'on referme ce récit dans un état de mornitude assez avancé.
Oui, mornitude, parfaitement.
Vous n'en serez pas non plus au stade où vous éprouverez un besoin maladif de Valium, mais sachez que se lancer dans Ni le Feu ni la Foudre n'est pas une partie de plaisir. C'est une belle lecture, nécessaire sans doute, à la plume indéniablement brillante et qui vaut le coup d'être découverte... mais loin d'être porteuse d'espoir, du moins l'ai-je perçu ainsi.

Note attribuée : 7,5/10




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Ceux qui vont mourir : 13 novembre 2015, cinq personnes ont une place pour un concert... Un très beau livre, sans pathos : juste cinq vies à détruire et le Paris somptueux d'un beau jour de novembre. Belle lecture.
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« Rien n'est si fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers »
Louis Aragon

Attention : 1er roman sur les attentats de novembre 2015 … J'avoue que je craignais un peu le traitement, mais comme j'ai été invitée à la présentation de la rentrée Robert Laffont aux librairies, j'ai eu la chance de voir une vidéo de l'auteur qui expliquait son texte, et ça m'a rassurée. Je l'ai d'ailleurs trouvé très sympathique : Français expatrié aux Etats-Unis depuis 10 ans, il a une vision différente de celle de l'Hexagone. Plus que la peur que ces actes ont engendré pour la population au quotidien, il y a vu la destruction de son pays natal.


En 2013, Suaudeau écrit Dawa, un roman où Paris est frappé par des attentats un vendredi 13 novembre. 2 ans et demi plus tard, il passe de rôle de visionnaire à celui de fossoyeur …

Pour « traiter » ce sujet sous forme de roman, Julien Suaudeau choisit 5 personnages qui vont se croiser et se recroiser toute la journée du 13 novembre. Certains ont un billet de concert dans la poche, d'autres vont se le procurer. Tous n'iront pas. Mais à travers eux, nous avons un panorama de la France pré-attentat. Cependant, il choisit de nous laisser du côté de la vie, de la lumière, celle de cette belle journée, qui tournera en cauchemar.

Par cela, il nous offre une belle promenade dans Paris, où chacun va apprécier le moment présent, alors que nous savons déjà que c'est le calme avant la tempête …

« Si les choses pouvaient en rester là.
Le boulevard Magenta, marinant à jamais dans le bruit, le noir des murs et les vapeurs des pots d'échappement.
Les feuilles encore vertes aux branches des platanes.
Ma bouteille à moitié vide, mais à moitié pleine.
Moi, toujours en vie, sentinelle au-dessus du trafic, parlant au chien pour le rassurer et sentant sous mes doigts le fer forgé de la balustrade.
Cinq sens, aucune raison que ça s'arrête. Pas de date de péremption. J'envelopperais tout dans du papier cadeau et je le mettrais à l'abri, en promettant de ne pas regarder.
J'aimerais la pollution et le vacarme des autobus comme la prunelle de mes yeux – comme la vie elle-même.
Les feuilles des arbres ne finiraient pas par tomber.
Ma bouteille ne se viderait pas.
J'aurais neuf vies de chat devant moi. »

Un beau roman, bien écrit, et chant d'amour d'un homme pour son pays.
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"Rien n'est si fort ni le feu ni la foudre
Que mon Paris défiant les dangers"

Louis Aragon

Ainsi débute ce roman qui est, avant tout je pense, une ode à la ville des lumières. Avec des descriptions aussi minutieuses, réalistes et poétiques, même moi qui ne suis jamais allée dans la capitale, j'ai eu un instant l'illusion d'y être. C'est définitivement le gros point positif de cette histoire : la superbe plume, si belle sans être trop chargée, de Julien Suaudeau.
Alors oui, ce livre sort un peu de ma zone de confort, mais à vrai dire, je l'ai lu parce que je suis concernée, comme chaque français, par l'histoire qu'il raconte : celle de cinq êtres humains, tous différents les uns des autres, qui auraient tout aussi bien pu être nous. Il y en a pour tous les goûts, et on s'identifie forcément à au moins un des personnages; durant tout le bouquin, peu importe notre "petit favori", on veut savoir qui finira dans la salle de concert, le soir de ce sinistre 13 novembre; et on veut savoir ce qui a amené chacun à y aller. On ne vit qu'une journée dans la peau de ces personnages, mais c'est tellement beau, tellement bien écrit, qu'on y est directement transporté, et on pourrait croire que l'on a vécu en l'espace de quelques heures toute leur vie.
Cependant, ce n'est pas un coup de coeur. Déjà parce que certains détails restent flous, surtout en ce qui concerne la fin, et parce que même si c'est bien joli, bien touchant, il manquait ce petit truc, ce petit (ou parfois gros) pincement au coeur qu'on a en refermant un livre dont l'on se souviendra toute sa vie. Mais au moins, je me souviendrais longtemps de celui-ci.

[Je remercie les éditions Robert Laffont et Babelio, grâce à qui j'ai remporté ce livre lors de l'opération masse critique de septembre]

« Les adultes croient qu'ils travaillent pour gagner de l'argent. Selon moi, ils apprennent à vivre comme des morts. » ~ Stella
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Les hommes te diront que les mariages partent en vrille parce que les femmes s’enferment dans leur maternité. Allison, c’est le contraire. Elle a mis un point d’honneur à rester une femme. Je lui trouve des circonstances atténuantes parce que j’ai toujours envie d’elle ? Ça se peut, malgré les torrents de mauvais sang entre nous. Les crises. Le divorce. Une mauvaise foi qui aurait rendu Gandhi fou. Et cet insupportable tic de se passer le dos de la main dans les cheveux toutes les cinq secondes.
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Les adultes croient qu'ils travaillent pour gagner de l'argent. Selon moi, ils apprennent à vivre comme des morts.
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À l’hôpital, d’habitude, tout le monde dit « écho », comme si on s’amusait aux sports d’hiver. Docteurs, infirmières, secrétaires. Un mot en toc, un décor. Le mirage de quelque chose d’agréable. Une hallucination volontaire, pour adoucir les contours de la réalité. Échographie, dans la bouche de cette fille, sonnait comme un mot moins flou, chargé de toutes les aspérités que la vie ne manque pas de vous envoyer dans les dents.
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Fausse couche. Insémination artificielle. FIV. Les mots et les sigles ont tous la même froideur, la même odeur écœurante d’hôpital, qu’ils désignent pour nous la vie ou la mort.
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Videos de Julien Suaudeau (7) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Julien Suaudeau
Entretien avec Mame-Fatou Niang, Alain Policar et Julien Suaudeau. Dans leurs ouvrages, ils montrent comment l'idéal universaliste a été détourné pour préserver des hiérarchies sociales, mais mérite encore d'être poursuivi. Extrait.
Pour voir l'émission intégrale : https://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/180222/sauver-l-universalisme-malgre-ses-devoiements#at_medium=custom7&at_campaign=1050
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