Avatar est bien excité. Il ne cesse de vouloir sortir et rentrer. Miaulements impatients. Il saute sur la table, se coule parmi les livres sur les rayonnages bas de la bibliothèque. Finit par faire tomber une pile. Je ramasse. Dedans, Les Contes du chat perché ! Ha, ha !
La mousse pousse sur le béton des caveaux, petits oursins doux, vert foncé, moelleux, accrochés aux fissures du ciment.
Aujourd'hui, commande de graines. Je rédige ma liste, celles qui manquent : radis rond rouge écarlate, haricot mangetout, petit pois merveille de Kelvedon, navet de Milan à collet rose, carotte Touchon, laitue reine de mai, laitue Batavia, poireau monstrueux de Carentan et une cagette de plants de pommes de terre, les Charlotte que Jean-Baptiste plantera. Je calcule, signe le chèque. En prime, je recevrai «mes gants de jardin en coton résistant et confortable».
Hier soir, je lisais avant d'aller au lit, Avatar a dressé les oreilles. Juste après, j'ai entendu les cris dehors. Je suis sortie sur le seuil. Il faisait noir et je ne les ai pas vues. Mais les oies étaient de retour. Elles traversaient le ciel au-dessus de moi, cacardant dans l'obscurité en direction du nord.
Le temps reste doux mais le bleu a disparu. Seule à ma table, j'écoute le balancier du carillon et les voix du vent, basse continue au ras du toit et soudaines attaques en crescendo qui se manifestent à la vue par des oscillations rapides de toutes les tiges, du petit buisson de thym aux souples baliveaux.
Pas d'esprit qui me guide la main. Je me débrouille comme je peux. M'appuie sur les vies précédentes. Stock antique, sans remonter aux pharaons ou aux paysans plantés dans les boues du Nil. Une charpente, un cadre. Serrée dans le plan.