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EAN : 9782710369011
240 pages
La Table ronde (12/01/2012)
4.05/5   21 notes
Résumé :
«J'aime laisser un disque tourner pendant ma promenade et revenir ainsi dans une maison habitée. Une entorse à mes principes d'économie, mais dans ce cas, je me fiche de l'économie. Me fiche aussi des régimes minceur de banane, des enquêtes d'opinion de rue, des journaux gratuits, des messieurs en trottinette, des filets militaires ou de fierté ceci ou cela, des jeux à se gratter, discours, règlements intérieurs communautaires, campagnes d'information sur les promot... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un livre de Flannery O' Connor, un disque d'Elisabeth Schwartzkopf, la pluie… le récit de « Blanche étincelle » s'ouvre lentement sur une amitié balbutiante entre deux femmes de génération différente mais que le plaisir du partage, la tendresse affective et la compassion réciproque vont transformer en une relation intense et indéfectible.
Pour Mauricette, la plus âgée, cette amitié nouvelle est même un fil tenu auquel elle se raccroche fermement. Elle allège le poids de la douleur physique et morale, éloigne les morts qui l'accompagne dans sa solitude, apaise sa colère dissimulée face à la fatalité.

Subrepticement, Lucien Suel laisse éclore une relation presque filiale baignée par une chaleur familiale attendrissante. La vie de la vieille femme s'en trouve bouleversée au point de la libérer des traumatismes qu'elle gardait enfouis depuis soixante ans.


Lire « Blanche étincelle » c'est s'abandonner à un sentiment de fragilité et de permanence mêlées. La narratrice laisse entendre une voix claire, sensible, pudique et sans détours. Dans ce journal intime, Mauricette commence par consigner son quotidien entre jardinage, cauchemars et lecture avec des mots anodins, des phrases courtes, une voix sèche et réservée. Pas d'exubérance, pas d'épanchement excessif des sentiments, l'écriture est presque fugitive, parfois silencieuse. C'est un condensé de choses essentielles, Mauricette ne s'encombre pas avec la rondeur des mots, peut être parce qu'elle a perdu l'habitude de parler et de parler de soi.
Mais les retrouvailles de plus en plus fréquentes avec la famille de Blanche adoucissent l'écriture : progressivement la phrase prend de l'amplitude, s'épanouissant dans une poésie subtile, la langue se délie et prend de l'assurance. Dans un style qui a abandonné la raideur du début et qui laisse s'épanouir la délicatesse qui la caractérise, Mauricette a besoin de « tout mettre en lumière ».
Même si la parole demeure saccadée pour évoquer les évènements douloureux et tragiques, Mauricette contemple le monde avec un oeil nouveau ; plus sereine, elle prend pleinement conscience de ce qu'est la vie avec ses joies et ses peines.

Parce qu'il raconte un bonheur fragile, simple, émouvant, plein de douceur, ce roman est une belle histoire.
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Mauricette vient s'installer dans un petit village proche de Lille. C'est la région de son enfance. On sait peu de sa vie, de ce qui l'a amené à vivre en solitaire ici. Des bribes de temps en temps... Une rencontre va changer sa vie solitaire : l'amitié avec Blanche, une femme d'une quarantaine d'années qui vit avec ses deux fils dans un village voisin. Une amitié basée sur la littérature et l'art (elles se sont rencontrées dans une librairie) et sur la place de grand-mère qu'elle peut prendre.

J'ai ressentie beaucoup d'empathie pour cette vieille femme seule qui n'a visiblement pas eu une vie facile, pour les petits plaisirs qu'elle trouve dans les gestes quotidiens ou les éléments de la nature. J'aurais aimé en savoir plus sur elle, j'ai été un peu frustrée de ne pas creuser dans son passé. Je sais que l'auteur a écrit un autre livre sur Mauricette "la patience de Mauricette", peut-être que cette lecture m'a manqué pour totalement comprendre cette femme.

Sinon, au delà du plaisir de la lecture, j'ai été gênée par deux points : l'écriture tout d'abord. Ce qui m'avait attiré au départ, les phrases courtes qui s'enchainent, sont devenus parfois lourdeurs. Quand c'est pour évoquer les pensées qui s'entrechoquent, cela passe tout seul, mais parfois ces suites de mots n'ont pas de raisons d'être. Une autre point qui m'a pesé, c'est l'importance du nombre de références littéraires, musicales ou artistiques qui émaillent le texte. Au début j'ai été tenté de mettre des marque-pages pour me renseigner, mais mon livre aurait alors ressemblé à un hérisson !!! Comme je n'ai pas cette culture, je suis sans doute passée à côté de plusieurs références et cela à manqué à ma compréhension.

Une belle lecture mais qui me laisse un peu frustrée !
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J'achève la lecture de «Blanche étincelle». Quel bonheur ! Chaque soir, j'ouvre le livre comme on ouvre un bonbon. C'est un immense plaisir de lecture, délicat, fin, juste, un livre d'attention aux autres, un livre généreux, exceptionnellement vrai. Aucune afféterie, mais quelle précision du mot (mine de rien) ! Dans un livre, c'est l'écriture du sentiment qui m'intéresse, tellement plus que l'histoire, le scénario. Je suis donc comblé.
Comme on aimerait rencontrer, connaître, Mauricette, et Blanche ! Une magnifique leçon de simplicité. Lucien Suel a vraiment réussi là un livre magnifique, porté par une érudition jamais pesante ou intimidante – avec des auteurs de référence tels Hugo Ball, Tarjei Vesaas ou Flannery O'Connor, et nourri de Rimbaud ou d'Emily Dickinson, sujets d'allusions discrètes, mais aussi de musiques ou d'arts plastiques.
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Ce livre est un réel coup de coeur!
Mauricette, une vieille dame dont on ne connait pas exactement l'âge, a choisi de s'installer dans un petit village du Nord. D'elle, on sait peu de choses, des détails qu'elle va révèler au compte-gouttes tout au long de ce roman, les autres l'intéressent plus qu'elle-même, écrit sous la forme d'un journal quotidien. C'est une ancienne instit, elle a été mariée mais n'a pas eu d'enfant, sans doute l'explication en est dans un passé particulièrement lourd. Elle vit avec son chat dans une petite maison avec jardin, au rythme des saisons, en observant la nature et les oiseaux, sa voisine aussi, qui voudrait l'entraîner avec elle au club de tricot local. Mais Mauricette, son truc à elle, ce n'est pas le tricot. Mais plutôt les livres et la musique. Sa solitude, bien que peuplée de multiples compagnons que sont ses auteurs ou poétes préférés, est parfois un peu pesante. Un jour, dans une librairie, elle fait la connaissance de Blanche, une jeune femme. Une réélle amitié va naître entre ses deux femmes. Elles ont en commun un passé difficile qui leur pèse souvent, mais surtout l'amour des livres et des arts. Mauricette va retrouver la chaleur d'une famille, Blanche et les siens l'affection d'une grand-mère d'adoption, celle qui fait réviser les leçons, fait sauter les crêpes et applaudit, admirative, aux exploits en skate du petit dernier. C'est aussi une belle histoire de partage et d'échange autour de passions, de transmission aussi entre cette vieille dame et ces jeunes enfants. le plaisir aussi de partager avec une amie l'émotion que donne la lecture d'un livre, l'écoute d'une symphonie ou la visite d'un musée. Dans son journal, elle note son quotidien, la confection d'un repas, la plantation des graines du potager, une araignée que guette le chat, les oiseaux dans le jardin. Mais aussi les personnes qui l'entourent, mais son regard est toujours amical, jamais jugeant.
Lien : http://espritcampagne.canalb..
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J'aime le peu que j'ai lu de Lucien Suel (« la mort d'un jardinier », et ce qu'il donne sur son blog http://luciensuel.blogspot.com/ d'une grande richesse), mais je n'ai pas -regrets, ça s'est fait comme ça - lu « la patience de Mauricette ».
Mauricette je l'ai trouvée, apaisée ou en espoir, en lisant «Belle étincelle », lumineux, l'espérance, et cette poésie quotidienne qu'il sait créer, comme naturellement. Mauricette après le petit travail qui s'est opéré depuis le dernier trou, et le cadeau qu'est la rencontre avec une et puis des êtres doués, lumineux, un peu fragiles parfois puisqu'humains, et si merveilleusement bénévolents.
Les saveurs de la vie qui gagnent – le goût de l'effort, et l'acceptation humble de ses limites.
L'amitié, les échanges, la beauté des oeuvres, et l'importance, toujours, des morts.
Je ne peux que conseiller fortement le bonheur qu'est cette lecture, la lumière, la musique, la douleur assumée, l'amitié, les saveurs, toutes les saveurs, et l'intelligence.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
J'entends un grattement du côté de la salle de bains. Je me tourne vers la gauche. Un rai de lumière marque l'encadrement de la porte. Je suis sûre d'avoir éteint. La lueur vacille. Je me redresse dans le lit et fixe la porte. Effarée, je la vois s'entre- bâiller. La lumière augmente, tremblote davantage. Le visage de Blanche se révèle. Longues boucles blondes. Elle ouvre complètement, s'arrête, regarde dans ma direction. En chemise de nuit, un chandelier dans la main droite. Cinq bougies allumées. Je voudrais lui demander ce qu'elle fait là. Ma bouche refuse de s'ouvrir. Ma langue est collée à mon palais comme un énorme tampon buvard. Je saisis machinalement mes lunettes sur la table de nuit.
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Je me tais, Blanche se rapproche de moi, reprends mon bras et le serre. Elle raconte sa journée d’hier en Belgique avec les enfants et son mari. Très bien, très agréable, Marc attentionné, gentil et drôle. Elle l’a conduit ce matin à la gare, parti pour trois semaines. Pas toujours facile, l’éloignement, d’autant que son amie Charline, collègue musicienne, a obtenu un poste au conservatoire de Strasbourg. Elle est là-bas depuis septembre.
Une trouée dans la haie d’aubépines bordant le chemin nous permet de contempler au loin un groupe de quatre biches et un chevreuil dans les champs à l’orée de la forêt. En continuant, nous découvrons enfin un des étangs qui donne son nom à la promenade. En fait, une simple mare entourée de saules têtard. Une fine pellicule de glace la recouvre. Blanche y pense la première ; la mare nous évoque la fin silencieuse du roman de Tarjei Vesaas. Nous parlons de Mathis, le passeur, qui déchiffre le langage des bécasses, s’invente des amours et vit dans une forêt de symboles avec sa logique personnelle.
Tellement de choses à dire, à échanger, éléments du passé, mais aussi de la vie présente, et pour la première fois pour moi, depuis longtemps, vision d’avenir.
Retour à la maison autour d’une boisson chaude nous adoptons d’un commun accord le tutoiement. Blanche m’apprend qu’elle chante de temps à autres dans les cérémonies de mariage. Oum Kalsoum ! Si je le souhaite je pourrais l’entendre ce samedi après-midi à la collégiale d’Aire-sur-la Lys.
Le soir, au fond de mon lit, je murmure dans ma tête, je mêle les images et les sons. Les biches s’enfoncent dans le sous-bois. Une rose des sables scintille sur la table de nuit. Blanche patine sur la glace sous la lune, virevolte en souriant. Je m’endors.
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Blanche étincelle au creux de mes nuits. Blanche étincelle dans mon sommeil. Le plus souvent, au milieu d’un rêve, elle apparaît. Quelque fois, cela me réveille et les yeux encore fermés, je la regarde s’évanouir. C’est ainsi, ce matin, avant l’aube
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Blanche n'est pas une demoiselle, mais elle surgit dans ma vie au moment où la nuit commence à reculer. Quelques secondes chaque jour, quelques oscillations du balancier.
Trajectoire noire et jaune d'un merle sautillant dans les feuilles mortes, puis éclat rouille et beige d'un rouge-gorge. Je m'interromps dans mes réflexions, laissant mon regard errer sur le jardin à travers la vitre. J'ai pris l'habitude de la solitude, pas de l'isolement
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Le chat m'attendait à la porte du couloir. Il miaule rarement, mais il a l'oreille fine. Il suit une routine différente de la mienne. Dès que je lui ouvre, il se dirige vers son bol. Il mange puis s'installe sur le canapé et s'endort. C'est un travailleur de nuit.
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