Fugue
Evidemment la traduction de « Aus den fugen » par «
une mesure de trop » est malheureuse qui fait polar ou mélo. « Fugue » aurait bien mieux convenu puisque le célèbre pianiste Marek Olsberg quitte la scène juste avant de jouer la fugue de la sonate 29 de Beethoven en disant « c'est tout »* et qu'il « se tire », « se planque » - expressions que laisse échapper parfois
Alain Claude Sulzer, le guindé écrivain allemand (suisse en fait) sortant de ses gonds sémantiques - pour ne plus revenir.
Cette fugue et cette non- fugue ont des effets collatéraux sur les spectateurs présents ou absents, avec ou sans prétextes.
L'exercice littéraire est un peu pesant qui nous présente des personnages pratiquement tous issus de l'aristocratie allemande réagissant à ce non évènement avec la paresse et l'agressivité nonchalante de ceux qui possèdent tout.
Une fois de plus, l'hôtel Aldon (Aldon kempisky depuis 1997) qui a été la star des romans de Philippe Kerr( dont un, éponyme) et de bien d'autres romans traitant des deux guerres mondiales, est à nouveau invité, comme pour nous montrer que rien n'a changé depuis la mort d'Hitler et de celle de Brejnev. Oublié par exemple le nazisme et les camps...tous les camps, le mur et j'en passe.
On descend en 2012 à l'Aldon quand on est bourré de fric, qu'on aime la musique classique allemande et qu'on est un peu gay, si possible (Mais rien de grave à être bêtement hétéro, il y a les filles de 18 ans qui se donnent aux vieux barbons pour 180€ de l'heure – le prix de l'amende à payer pour fumer dans une chambre malgré l'interdiction-) et qu'on vote pour Angela qui doit sans doute avoir ses entrées.
De ce qui arrive à ces éternels décadents, séculaires, rien ne vaut la peine d'en faire un commentaire, d'autant qu'ils prennent, hommes ou femmes, chaque fois la décision la plus lâche de peur de perdre leurs privilèges (pas leur magot qui est, lui, inépuisable, c'est acquis maintenant).
Et voilà qui est gênant, vraiment, dans ce livre qui se tient mieux que le « garçon parfait » courant les pissotières : c'est que
Sulzer n'est pas Fassbinder (qui avait le recul et la violence d'un observateur contaminé et héroïque) et donc trois ou quatre mesures en dessous niant le titre doublement mal choisi.
*Une fois, au jardin Luxembourg, une petite fille de 5 ou 6 ans, à vélo s'est soudain arrêtée, a regardé son père dans les yeux, a laissé choir sa bicyclette jaune, la roue arrière tournant encore en disant « j'ai fini » puis s'est éloignée laissant son géniteur médusé