Je (ne) pourrais (jamais) t’encadrer !

— Travailler la matière, ressentir le relief sous tes doigts. Penses-y, tu prendrais ton pied.

Il n’eut qu’un soupir dédaigneux, peu enclin à se laisser entraîner dans un débat sur fond de provocation. Cependant, il écarquilla les yeux en voyant Artus se rapprocher du buste de façon à coller son torse contre le dos de la statue. Affolé, il regarda autour d’eux pour constater que la salle était vide. Toutefois, et même si le musée était plutôt modeste, les pièces devaient être protégées par des alarmes et les caméras de surveillance ne manqueraient pas de surprendre les attouchements d’Artus sur la statue.

Celui-ci venait de poser les doigts sous l’oreille de la déesse, les faisant glisser le long du cou jusqu’à l’épaule. À cet endroit, Artus plaqua la paume de sa main et suivit la courbe de la poitrine naissante, marquant un arrêt sous le sein, comme s’il le soupesait. Julien s’embrasait, s’imaginant subir les caresses à la place du marbre blanc : il hésitait entre se délecter de la perspective offerte ou l’abandonner à son sort au cas où un gardien interviendrait. Artus poursuivit sa découverte en effleurant les flancs et, au bas du buste, dessina de l’index la ligne délimitée par le drapé d’une toge, sous laquelle il ne pouvait se glisser.

— Aussi froide que toi, commenta Artus, le faisant enfin réagir pour quitter des yeux ce spectacle presque indécent.