Achille Talon, tome 12 : Achille Talon au coin du feu

Et quand la bise fût venue ... ou ne va pas tarder à revenir ... l'on retrouve l'homme de qualité au coin du feu !
Le cuistre !
Alors d'accord, il a un gros nez, un nez que les compagnies d'assurance elles-même n'arriveraient pas à couvrir, un de ces tarins qui provoquent un chambardement dans l'horaire des marées !
Mais pour parler de cet album, paru en 1975, ne serait-ce pas un peu court, jeune homme, de ne dire que cela et qu' Achille Talon est né sous le signe du taureau, qu'il pèse 88 kilos et qu'il tient ici la grande forme !
Car ici, enfin, il lui est rendu justice !
C'est qu'il s'agit de décorer son outrecuidance et sa fatuité.
Mais toute décoration n'est-elle pas un hochet tout tintant de vanité ?
Victoire et pétulance, ces quelques 47 planches, sous l'oeil exorbité d'enthousiasme de leurs lecteurs viennent tout droit du journal Pilote, piochées au hasard de leurs prépublications entre 1971 et 1974.
Le journal Pilote, le même qui s'est amusé longtemps à réfléchir !
Dans les pages de ce 12ème opus, on retrouve avec un certain effroi bruyant Lefuneste qui s'approche, qui est titillé par le démon de l'humour bête et se répand en ironie de mauvais aloi.
On y retrouve aussi et surtout Alambic Dieudonné Corydon Talon, le papa à son Chichille, ainsi que son inextinguible soif de bière ...
Vite, un psychiatre, un opticien, une douche !
Le roi de la science-diction n'a pas tout dit et pourtant Greg, déjà, est au sommet de son art.
Lisez cet album !
Il y a les intellectuels qui osent !
Nous autres intellectuels pourrions sacrifier nos vies à ces mirages veloutés, à ces dialogues ciselés.
Et puis, il y les joufflus bornés.
C'est la vie ...

Achille Talon au coin du feu… une BD spécial confinement, non ?
Ben, en fait, il est pas trop confiné, l'Achille. Passe son temps dehors, le gars, et sans masque.
Bon, il avait pas vraiment besoin, ces histoires datent de 1975. Il pouvait pas savoir.

Point de vue sérénité, il est pas chouchouté au coin du feu non plus, l'Achille.
Il en prend quand même plein la tronche. Mais il le cherche, aussi, ce plein-là !
Il ose inviter son papa pour des vacances dans un pays où la bière n'est pas bonne.
Il se prend pour Icare de Vinci en pleine période de chasse.
Il fait cramer sa baraque juste avant de signer une assurance anti-incendie.
Il se pèse et bousille la balance quand celle-ci se met à rigoler.
Il provoque des émeutes.

Non, le grand gagnant, c'est papa Talon.
Déjà il évite habilement les vacances décrite ci-dessus grâce à un coup de pouce bien placé du destin.
Il bat le record d'aspiration des dix hectolitres de bière à 10 mètres.
Il échappe à la flicaille qui tente de le verbaliser pour conduite en état d'ivresse (comment la flicaille a-t-elle pu croire avoir une chance ?)
Défaut de la cuirasse de succès : il a pour fils Achille.

Bref, ça vieillit pas !

Un très bon tome des gags d'Achille Talon, toujours identique à lui même, pédant comme pas un le cuistre ! Cet album fait la part belle à Lefuneste et à papa Talon, sans oublier ce commerçant avide de profit et imaginatif comme pas un pour vendre les produits les plus loufoques, capable de créer la pénurie avec ... rien ! Il m'étonnait que le nez de Talon ne soit pas plus mis en valeur, c'est frait avec une tirade à la Cyrano.

Gags en série mettant principalement en scène dans ce tome Lefuneste, le voisin avec lequel toute dispute est toujours bonne à prendre, et Papa Talon, docteur es houblon. La grande réussite de cet album figure dés le début avec le gag Predesti-nez, parodie de la tirade du nez de Cyrano, où Greg se montre brillantissime.
Morceaux choisis : « Quand vous approchez, on se dit : Tiens un nez ! Talon ne vas pas tarder à approcher !... Si une mouche se met en orbite autour, elle ne peut plus s'en aller captive de la force d'attraction des masses ! », « Quand vous mettez le nez à la fenêtre, klaxonnez que les passants s'écartent avant d'être tamponnés », « Un défi à la spéléologie! Un tarin dont la moindre immersion provoque un chambardement dans l'horaire des marées ! »...