Dans toute la littérature, il existe plus de cinquante concertos pour contrebasse et orchestre, tous écrits par des compositeurs assez obscurs.
Ne serait-ce qu'en décibels. Les autres n'ont plus qu'à aller se rhabiller. Mais si on n'est pas là, rien ne va plus. Posez la question à n'importe qui. N'importe quel musicien vous le dira : un orchestre peut toujours se passer de son chef, mais jamais de la contrebasse.
De toute façon, les musiciens n’ont pas tellement été séduits par le nazisme. (...) Le nazisme et la musique (...), ça ne vas pas du tout ensemble. Pas du tout.
Et c’est pour ça que la situation de Mozart à l’époque était incomparablement plus simple. Il avait champ libre. On pouvait se ramener, la gueule enfarinée, et jouer et composer sans s’en faire, pratiquement à sa guise. Et puis les gens, à l’époque, étaient bon public. Dans ce temps-là, j’aurais été un virtuose mondialement connu. Mais ça, Mozart n’a jamais voulu en convenir.
Eh bien, la soprano (prenons cet exemple) représente ce qu'on peut imaginer de plus opposé à la contrebasse, du point de vue humain et du point de vue de la sonorité instrumentale. Et dans cette mesure, donc, ce soprano... ou mezzo soprano... serait précisément le pôle opposé à partir duquel... ou plutôt en direction duquel... ou en corrélation avec lequel la contrebasse ferait irrésistiblement (ou presque) jaillir l'étincelle musicale, d'un pôle à l'autre, de la basse au soprane, ou au mezzo, jaillir vers le ciel, telle l'alouette allégorique... divine, planant tout là-haut, surplombant l'univers entier, cosmique, infiniment pulsionnelle, érotique, sexuelle, pour ainsi dire... et pourtant prisonnière du magnétisme foncièrement terrestre de la contrebasse, et de son rayonnement archaïque, la contrebasse est archaïque, si vous comprenez ce que je veux dire... Et ce n'est que comme cela que la musique est possible. Car c'est cette tension entre ici et là-bas, entre la hauteur et la profondeur, les aigus et les graves, c'est là que se joue tout ce qui a un sens en musique, c'est là que s'engendre le sens et la vie de la musique, que s'engendre la vie elle-même...
Voilà! Pour vous dire les possibilités que cet instrument a dans le ventre, acoustiquement, théoriquement. Seulement on ne les exploite pas, musicalement, pratiquement. Et pour les instruments à vent, c'est la même chose. Et aussi pour les gens, d'une manière générale -je parle au figuré. Je connais des gens qui ont en eux tout un monde, un monde immense. Seulement ça reste enfoui, on n'exploiterait pas ça pour un empire.
Et je peux vous dire que, même à l'Orchestre National, il nous arrive plus d'une fois de jouer sans nous soucier du chef. Ou en passant complétement au-dessus de sa tête sans qu'il s'en rende compte. On le laisse s'agiter autant qu'il veut, à son pupitre; et nous, on va notre petit bonhomme de chemin. Pas quand c'est le titulaire. Mais avec des chefs de passage, à tous les coups. C'est un de nos petits plaisirs.
Dans un appartement, elle se trouve sans cesse sur votre chemin. Elle est plantée là… avec un air si bête, vous voyez… mais pas comme un piano. Un piano, vous pouvez le fermer et le laisser là où il est. Elle, non. Elle est toujours plantée là… tout est de sa faute, je l’aime tellement.
Je suis un fonctionnaire de 35 ans, mais pas n’importe lequel, je suis contrebassiste à l’orchestre national, amoureux transparent d’une soprano et inconditionnel de Schubert.
De violon, l'homme en vieillissant devient violoncelle, puis contrebasse : un corps épais, une voix grave et pas grand-chose à dire.