Gang Bang

Mon retour sur Gang bang, de Sephora Swan, nouvelle venue dans le monde impitoyâââble des auto-édités. C'est un copain virtuel qui a amené ce roman sur ma liseuse, bien malgré lui. « Regardez un peu cette merde ! » qu'y disait en substance, l'apôtre, vilipendant ce titre putaclic et cette couverture racoleuse. Ah oui mais non, je n'étais pas d'accord ; « c'est un jugement de valeur », avais-je argué.
Je sais moi que la rombière qui écrit des salacités pour arrondir ses fins de mois n'a pas cette finesse d'esprit exigée pour concevoir cette image de madeleines couvertes de glaçage. Je sais moi que si Gang bang avait été un de ces trucs écrits par des mongoloïdes traduit avec google trad, il y aurait eu des torses nus sur la couverture et un titre rose bonbon. D'ailleurs, si vous tapez Gang bang sur le moteir de recherche d'amazon, vous trouverez précisément ce genre de purges. En outre, j'aurais parié que ces madeleines ne sont pas innocentes et qu'elles ont un rapport avec l'histoire (pari gagné).
Bien. Sur son site internet et quand on lui pose la question, l'auteure affirme qu'elle est une actrice de X repentie et que son roman est quasi autobiographique. Ceux qui m'ont déjà lu savent qu'il y a un thème qui revient assez souvent dans mon hoêuvre, et c'est le refus des apparences et la réalité qui se dissimule derrière les masques. Voilà pourquoi cette auteure prétendument pornographe s'exprimant visiblement mieux que bien des auteurs de thrillers avait piqué ma curiosité.
Je te le dis tout de suite, cette histoire, je n'y crois pas. C'est une fable. Je ne demande qu'à y croire, comme au paradis et aux extraterrestres, mais mon côté cartésien me hurle qu'il y a baleine sous caillou. L'auteure se serait fait remplir de litres de foutre, elle n'aurait découvert la littérature que quelques années avant le début de sa rédemption, et son premier roman (qu'elle déclare avoir écrit sans la moindre aide extérieure) serait à ce point vierge de solécismes et de fautes d'orthographe ? Ses métaphores et ses comparaisons, bien que trop nombreuses, seraient aussi percutantes et justes ? Sa syntaxe serait aussi bonne ? On ne me la fait pas, moi. Cette fille a du métier, mais certainement pas pour se faire combler les orifices. Bon, dans le genre gourgandine intello, on a déjà eu Ovidie, mais contrairement à elle, j'ai un peu de mal à avaler tout ce qu'on me présente.
L'auteure dit aussi avoir beaucoup travaillé. C'est clair, c'est là, noir sur blanc. Qu'on aime ou qu'on n'aime pas, le travail est bien présent. Rien à voir avec certains trucs vite torchés que je vois passer.
Le début du livre m'a fait espérer le meilleur. On découvre le quotidien d'une actrice porno : les relations éphémères avec des partenaires de tournage, les visites chez le gynéco et les dépistages anonymes de MST. En filigrane, on devine qu'un traumatisme a amené cette fille à faire des choses qu'elle n'aime pas. C'est glauque et c'est bon. On espère même qu'elle peut aller encore plus bas, avec une pointe, non, un CLOU de voyeurisme.
Et puis tout à coup, dans une bibliothèque, c'est la catastrophe. Camille Brodier alias Sephora Swan fait la connaissance d'un bel éphèbe, un vrai gentleman qui n'essaie même pas de la sauter le premier soir (sûrement le fruit d'une éducation judéo-chrétienne trop poussée). A partir de là, on passe du roman trash façon Virginie Despentes, à la bluette chick-litt façon Bridget Jones.
Et vas-y que ça roucoule, que ça se jette ses beaux sentiments à la gueule. Pouah. le contraste avec les scènes de remplissage (dont l'héroïne tire ses maigres revenus) qui continuent à jalonner le récit, est saisissant. C'est une romance trash, mais une romance tout de même... Et moi, l'amour, je ne trouve ça beau que quand ça finit mal. Shakespeare l'avait bien compris.
Vous l'aurez compris, je n'ai absolument pas adhéré à cette dérive vers quelque chose de trop léger (d'autant que l'auteur distille un humour de fille, si si, vous savez, cet humour qu'elles aiment intérieurement ponctuer par un HIHIHI ! qui personnellement me laisse de marbre).
Heureusement, le mensonge dans lequel s'enferme Camille Brodier est annonciateur d'un beau paquet d'emmerdes. Et c'est presque à la fin, au travers d'une longue lettre rédigée par l'héroïne à son amant, que l'on retrouve l'authenticité et la dramaturgie du début. Ici, Sephora Swan se remet à écrire avec les tripes. Ici, on se dit que finalement, Sephora Swan est peut-être vraiment ce qu'elle prétend être, et que finalement, ça n'a pas tellement d'importance.
Je tiens à souligner l'excellente autocorrection dont ce roman a fait l'objet. La seule petite faute qu'on peut lui trouver est une écriture incorrecte et très récurrente du présent de l'indicatif lorsque le sujet à la première personne est placé après le verbe (on doit mettre un accent sur le E, pardi, et même si ton correcteur automatique te dit le contraire : « m'exclamé-je).
J'ai passé un excellent moment, même si j'aurais voulu davantage de tranches de vie et d'analyses sociétales, et moins de chick-litt. Ce roman attend son public !

Quelle belle revanche !
Celle qu'on méprise, qu'on utilise comme un objet dans des vidéos de gang bang, la prostitué, la fille de rien...
Elle nous donne une merveilleuse leçon d'amour, de ténacité. Elle est femme avant tout.
Amoureuse et maladroite, incapable d'assumer son passé face à l'homme qu'elle désire, elle s'enfonce dans les mensonges.
Voilà une lecture addictive, un roman passionnant, très humain, bouleversant.
Je vous le recommande !

Peut-être le meilleur livre que j'ai lu depuis longtemps. Une écriture juste, forte et incroyablement percutante. On est emporté dès les premières pages dans une histoire qui ne ménage pas le lecteur que nous sommes, aussi averti soit-il. C'est fort, c'est dur, violent, mais aussi terriblement beau. On ne peut plus lâcher le livre tant on veut savoir ce qu'il adviendra de son auteur à qui rien n'est épargné. Un livre coup de poing, qui remet notre innocence en place et qui nous embarque dans un univers dont on ne ressort pas indemne. C'est aussi parfois très drôle et léger sans perdre en intensité, et si vous aimez les histoires d'amour, ne passez pas à côté de ce roman qui est aussi plein d'espoir pour qui veut croire aux lendemains meilleurs et à la quête du bonheur.

J'ai découvert ce livre il y a quelques jours grâce à Facebook. J'ai suivi un lien, j'ai commandé mon premier ebook et je n'ai plus lâché mon téléphone pendant 3 jours. Alors que dire ? J'ai fait parti de ceux qui ont contribué au succès des 50 nuances plus fades qui se voulait une trilogie sulfureuse. J'ai été déçu comme beaucoup et c'est bien la seule émotion que ces livres m'ont procuré. Avec Gang-bang j'ai voulu tester autre chose, un premier roman, aucune médiatisation (merci Facebook), une auto promotion par l'auteure et un résumé qui m'a donné envie d'aller plus loin. Et j'ai pris une claque. Difficile de décrire les sensations que provoquent ce livre, je peux juste dire que ça secoue, que ça vous remue correctement. C'est bon, c'est très bon. Verra-t-on un jour ce roman en bonne place dans de bonnes librairies, en lieu et place de certaines trilogies commerciales ? Je l'espère. Ça serait rendre honneur à son auteur.