Je ne suis plus Sarie Holland. Je suis l'informatrice anonyme 137. IA 137 déambule dans les rues couvertes de neige et de verglas de South Philly, en état de choc. Pas de sac à main, pas de téléphone, pas de clés de voiture, pas de papiers d'identité, rien. Il y a une chose qu'elle sait. Elle ne peut pas rentrer chez elle. Parce que la mort qui la poursuit ira là-bas aussi.
Rien ne m’est familier mais instantanément, j’aime l’ambiance de l’endroit. Le sel piquant de l’océan, les marches mouillées qui descendent vers une petite promenade d’où on peut observer les phoques se prélasser dans une petite anse sableuse. Les bestioles étaient adorables, mais elles puaient, comme promis. C’était à la fois beau et à donner la gerbe, comme tellement de choses dans la vie.
Finie la Fiction. Il s’est d’un coup retrouvé dans le Factuel. Et le factuel, c’est qu’il n’arrive pas à se contrôler. Il n’arrive plus à contrôler quoi que ce soit. Il est un connard et un père atroce et il est la seule chose qui reste à ses enfants.
La Fiction est le mécanisme de défense qu’il a mis au point pendant l’été. Il sait qu’il ne fonctionnera pas éternellement, mais peu importe ; il fonctionne bien maintenant. Née à la fois de ses compétences de thérapeute et de son imagination, la Fiction est un état d’esprit conçu pour l’aider à gérer les atroces réalités nouvelles de sa vie un jour après l’autre. Ouais, le même truc élémentaire qu’il raconte à ses patients depuis des années. Ne pensez pas au fait que vous ne boirez plus jamais un verre jusqu’à la fin de votre vie – c’est trop lourd à porter. Évitez juste de prendre un verre aujourd’hui. Ne pensez pas au fait que vous ne connaîtrez plus jamais l’exaltation de la défonce ; évitez simplement de planter l’aiguille dans votre bras aujourd’hui.
La pauvre petite évite le regard de tout le monde, comme si par le simple fait de garder les yeux rivés sur le sol, tout allait disparaître.
Tout ce que je veux maintenant, c’est dormir. Dormir à poings fermés. Juste quelques heures avant de devoir me lever, me doucher pour enlever l’odeur de fumée dans mes cheveux, enfiler des vêtements propres, et partir pour l’aéroport.
J’écris pour mettre de l’ordre dans tous les détails, comme Papa me l’a appris. Il dit toujours que bizarrement, les choses deviennent logiques une fois qu’on les a notées. Donc, j’écris sur une feuille de papier (et pas sur l’ordinateur) pour un certain nombre de raisons :
1. De nos jours, il est indéniable que tout ce qu’on écrit sur un ordinateur ou un téléphone portable peut être lu par un gars qui se trouve n’importe où dans le monde.
2. Personne ne doit jamais lire ça, et je ne veux pas qu’un quelconque amateur de vengeance pornographique prenne son pied avec mon ordinateur.
3. Le papier, ça brûle.