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Citations sur De la mort sans exagérer (52)

Mais d'où me vient encore en moi tout cet espace
je ne sais
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Retours
Il rentra. Ne dit rien.
Il était clair pourtant qu'il avait eu des ennuis.
Il se coucha tout habillé,
enfouit la tête sous la couverture,
replia les genoux.
La quarantaine, certes, mais pas en ce moment.
Vivant - mais guère plus que dans le ventre de sa mère,
au-delà de sept peaux, dans le noir protecteur.
Demain il prononcera son exposé sur l'homéostasie
dans les vols métagalactiques.
Pour l'instant, recroquevillé, il dort.
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Dans la vie ils vivaient.
Portés par le grand vent.
Déterminés,
dès leur naissance, dans ces corps migratoires.
Mais il y avait en eux comme un espoir humide,
une flamme nourrie de son propre grésillement.
Ils savaient mieux que moi ce que c'est qu'un instant,
un seul au moins, unique, n'importe lequel - Avant -
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Un rêve
[...]
Voilà qu’une prairie se fait entre nous deux.
Des cieux arrivent, pleins de nuages et d’oiseaux,
des montagnes explosent doucement à l’horizon
et un fleuve descend à la recherche d’une mer.

Si loin porte maintenant notre regard, si loin,
que la nuit et le jour se font simultanés,
et toutes les saisons sensibles au même instant.

La lune ouvre l’éventail de ses quatre quartiers,
les flocons de neige dansent avec les papillons,
et des fruits mûrs tombent d’un arbre en fleurs.

Nous nous rapprochons l’un de l’autre.
Je ne sais si c’est en larmes,
Je ne sais si souriants.
Un petit pas encore
et nous écouterons ensemble ton coquillage,
mille orchestres y résonnent,
c'est notre marche nuptiale.
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Sous une petite étoile

Que le hasard m'excuse de le dire nécessité
Et qu'elle-même m'excuse si malgré tout j'ai tort,
Que le bonheur supporte que je le prenne sans façons.
Que les morts me pardonnent ces souvenirs fanés,
et le temps, les univers manqués par seconde.
Pardon à l'amour ancien si le nouveau est premier.
Guerres lointaines, permettez ces fleurs dans le salon.
Plaies ouvertes, excusez mes égratignures.
[...]
Pardonne-moi, langue, d'emprunter des mots pathétiques et de faire l'impossible pour qu'ils paraissent légers.
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Une voix dans la discussion sur la pornographie


Extrait 3

Pure horreur ! Dans quelles positions,
avec quelle simplicité scabreuse,
un esprit parvient à en féconder un autre !
Jusqu’au Kamasutra qui ignore ces postures.

Lors de ces saillies le thé seul est en chaleur.
On reste sur sa chaise, en remuant les lèvres.
On ne croise jamais que ces deux jambes à soi.
De cette manière un pied touche le sol
tandis que l’autre ballotte librement dans l’air.
De temps à autre seulement
quelqu’un se lève et va à la fenêtre,
et, par un trou dans le rideau
mate la rue


//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Une voix dans la discussion sur la pornographie


Extrait 2

En plein jour, ou alors sous le couvert de la nuit,
accouplements, triolismes, ou alors tous en rond.
Peu leur importe l’âge et le sexe des partenaires.
Leurs yeux brillent, leurs joues s’enflamment.
L’ami entraîne l’ami dans la déchéance.
Filles indignes pourrissent leur propre père.
La petite sœur jetée dans le stupre par son frère.

Ils affectionnent d’autres fruits
de l’arbre des connaissances interdites,
que les fesses roses qu’on voit dans les magazines,
toute cette pornographie simplette, en fin de compte.
Les livres qui les excitent ne sont guère illustrés,
et pour toute distraction n’arborent que ces phrases
très spéciales, marquées à l’ongle, ou au crayon.



//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Une voix dans la discussion sur la pornographie


Extrait 1

Il n’est pas de débauche pire que la pensée.
C’est une sale graine qui sème à tout vent,
sur nos plates-bandes faites pour des marguerites.

Il n’y a rien de sacré pour ces coquins qui pensent.
Désignations osées des choses par leur nom,
licencieuses analyses, grivoises synthèses,
chasse dévergondée aux faits tout nus,
tripatouillage obscène des sujets délicats,
le frai des opinions, voilà ce qui les allume.



//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Haine


Extrait 4

En grande virtuose, elle joue du contraste
entre le vacarme et le silence
entre le vermeil du sang et la blancheur de la neige.
Mais s’il est un motif dont elle ne se lasse jamais,
c’est bien celui du bourreau propre sur lui
penché sur la victime flétrie.

Toujours prête à entreprendre un nouvel ouvrage.
S’il faut attendre, elle attendra.
On la dit aveugle. Elle ?
Avec ces yeux de sniper ?
Intrépide, elle regarde l’avenir en face.
Elle seule.

//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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Haine


Extrait 3

Douée, réceptive, extrêmement bosseuse.
Nul besoin d’aligner les chants qu’elle composa.
Toutes ces pages d’histoire numérotées par elle.
Tous les tapis humains qu’elle a su déployer
sur combien de places et de stades.

Inutile de se leurrer :
elle sait aussi faire du beau.
Splendide ses lueurs d’incendie dans la nuit noire.
Admirables les déflagrations au petit matin rose.
Ses ruines possèdent une majesté indéniable
et la colonne robuste qui s’y dresse
n’est pas dénuée d’un humour gaillard.


//Traduit du polonais par Piotr Kaminsky
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