Oignon
L'oignon c'est pas pareil.
Il n'a pas d'intestins.
L'oignon n'est que lui-même
foncièrement oignonien.
Oignonesque dehors,
oignoniste jusqu'au coeur
il peut se regarder,
notre oignon, sans frayeur.
Nous : étranges et sauvages
à peine de peau couverts,
enfer tout enfermé,
anatomie ardente,
et l'oignon n'est qu'oignon,
sans serpentins viscères.
Nudité multitude,
toute en et caetera.
Entité souveraine
et chef-d'oeuvre fini.
L'un mène toujours à l'autre
le grand au plus petit,
celui-ci au prochain,
et puis à l'ultérieur.
C'est une fugue concentrique
L'écho plié en choeur.
L'oignon, ça s'applaudit :
le plus beau ventre sur terre
s'enveloppant lui-même
d'auréoles altières.
En nous : nerfs, graisses et veines
mucus et sécrétions.
On nous a refusé
l'abrutie perfection.
Eloge de la mauvaise opinion de soi
Le busard n'a strictement rien à se reprocher.
Les scrupules sont étrangers à la panthère.
Les piranhas ne doutent jamais de leurs actions.
Le serpent à sonnettes s'approuve sans réserve.
Personne n'a jamais vu un chacal repenti.
La sauterelle, l'alligator, la trichine et le taon
vivent bien comme ils vivent, et en sont très contents.
Un coeur d'orque pèse bien cent kilogrammes
mais sous tout autre aspect demeure fort léger.
Quoi de plus animal que la conscience tranquille
sur la troisième planète du Soleil.