AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de zazy


« Personne ne viendra, maman.

Tu le sais, maman. C'est trop tard. Ou bien trop tôt. Ils ne viennent plus ici, les hommes. Tu le sais. Tu le sais. N'est-ce pas que tu le sais ? N'insiste pas. Je ne veux plus. Je ne veux plus de ce rituel ».

Jallal veille sur sa mère, prostituée marocaine. Il ne la juge pas, l'entoure de son amour, la protège, ils forment une entité d'amour silencieuse où chacun est enfermé. Abdellah Taïa fait alterner les chapitres de la mère et du fils pour mieux le souligner.

Attention, à la base, Slima n'est pas une prostituée. Elle est Introductrice, comme sa mère adoptive avant elle. Elle est présente au soir de la noce pour aider les époux. « Tu feras du bien ma fille. Ils te donneront de l'argent et te souriront, et, dès que tu seras partie, ils te maudiront ». Oui, mais voilà, ce métier n'existe plus alors, elle est une simple prostituée.

Un peu de bonheur arrive par le soldat déserteur qui, à chaque visite apporte son soleil, avec, entre autre, Marilyn Monroe et sa chanson, La rivière sans retour. Cette relation vaudra des années d'emprisonnement à Slima avec tous les sévices qu'un tortionnaire peut faire à une prostituée.

Jallal, dans sa chambre, devant la télé, écoute les bruits dans la chambre de sa mère, mais pour lui, ce n'est pas sale, c'est le métier de sa mère. « Je suis devant la télévision. Je dévore les images de ce film. Ma mère Slima travaille. Je l'entends dans la chambre d'à côté. »

La mère et le fils sont côte-à-côte, mais sont-ils ensemble, traversés par leurs solitudes, leurs silences ?

« J'ai l'âge d'homme. Je sais parler. Négocier. Trafiquer. Les embobiner. Les charmer. Détourner leur attention. Les voler. Les sucer, peut-être. Leur donner mon derrière parfois s'il le faut. Cacher ma pureté, mon Dieu. Taire notre lien secret. Qui tu es. Qui je suis. Notre chemin dans l'ombre. Notre projet. le voyage nocturne. » Quelle phrase dure sortie de la bouche d'un gamin de dix ans

Le livre est scindée en quatre chapitres principaux qui permet de suivre le chemin de la mère et du fils ; chemin qui les mène à un islam différent. Elle découvre la paix, pratique l'ascèse, jusqu'à en perdre la vie à La Mecque et le fils, pour l'amour d'un garçon radicalisé, va vers l'impensable.

Un livre transgressif, fort, est un cri muet, fort à s'en boucher les oreilles. La mère et le fils ont une vie semée de violences. Leur parcours est bien une rivière sans retour où se jettent la méchanceté des hommes. Abdellah Taïa parle de la condition des femmes au Maroc, la prostitution, la religion musulmane et de la vie au Maroc. J'ai aimé l'écriture à la fois crue et poétique de l'auteur.

Une belle découverte.
Lien : https://zazymut.over-blog.co..
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}