Citations sur Debout sur la terre (13)
« Je n’ai jamais désiré
Devenir une étoile dans le mirage du ciel
Ou, comme l’âme des élus,
Le compagnon silencieux des anges .
Je n’ai jamais été séparée de la terre
Jamais intime avec le ciel.
Je suis debout sur la terre
Avec mon corps qui, pareil à une plante,
Pour vivre,
Aspire le vent, le soleil et l’eau.
Enceinte de désirs ,
Enceinte de douleurs,
Je suis debout sur la terre ,
Pour que les étoiles me vénèrent ,
Pour que les brises me caressent .
Forough Farrokhzad . ( 1935 - 1967.)
"Les collants des femmes : cinq mille kilomètres de soie, grand-mère ! Plusieurs fois la distance entre Téhéran et Karbela sur les jambes d'une seule femme !"
"Chut" dit madame Grande qui n'appréciait pas la mention du lieu saint du shiisme, Karbela, où se trouvait la tombe sacrée de l'imam Hosseyn, dans la même phrase que les jambes d'une femme.
Sois forte et n’oublie jamais d’où vient ta force. N’oublie pas, ma fille : aucun homme fort ne pourra jamais affronter une femme forte.
Ensiyeh avait voulu la gifler. Mais elle s’était retenue. Un général, sur le front, ne frappe jamais les parasites, les écumeurs de deuil.
"Dans chaque maison, il faut qu'il y ait un Coran, un recueil de Hafez et un tube de pommade Vali. Le Coran c'est pour le ciel, la poésie de Hafez pour la terre, et la pommade Vali pour les brulures, les piqures, les fistules, les hémorroïdes, les démangeaisons, les contusions, les coups, les crampes, les entorses, les eczémas, les mycoses, les verrues, les gerçures... ".
.... le Texan s'est tourné vers moi et m'a demandé : "W'hat's your national food, couscous?" Et moi je lui ai répondu : " Ni, caviar !"
Subitement, Fereydoun Sardari regrette d'être célibataire. Avoir comme collaborateur une personne qui a donné son nom à sa rue : imagine-t-on plus agréable revanche sur une belle-mère à prétentions mondaines ?
La dernière fois que je me suis fait couper les cheveux par shahin, elle a mis un pied d'un côté, un pied de l'autre et elle a chié sur ma tête.
Un an auparavant, ces femmes étaient encore des épouses comblées, elles passaient leurs vendredis après-midi à exhiber leurs main ms manucurées, lors d'interminables parties de cartes. Ces mains, qui tiennent aujourd'hui les anses de paniers en matière plastique, ne sont plus ornées d'aucun vernis. Comment pourraient-elles encore curer, brosser, polir, limer et vernir les ongles de leurs mains alors que celles de leurs époux sont ligotées ? (p.403, éditions Zulma)
Enveloppées dans leurs tchadors noirs, un haut-parleur à la main, elles criaient au même rythme : « Indépendance, liberté, République islamique !" Derrière elles, des milliers de femmes répétaient machinalement ces mots, sans même avoir lu un seul des ouvrages de l'ayatollah Khomeyni, le "Guide de la révolution". Privées de parole, les laïques, les communistes et les modjahedins, brandissant qui l'effigie de Mossadegh, qui le portrait de Golsorkhi, qui les photos des frères Rezayi, constataient déjà que le mouvement de protestation leur avait définitivement échappé. (pp.382-383, éditions Zulma)