Quartier lointain - Intégrale

L'architecte japonais quadragénaire Hiroshi Nakahara accumule les actes manqués et finit par prendre le train qui le ramène dans la ville de son enfance. A sa grande stupeur, il retrouve son quartier inchangé et réintègre son corps à l'âge de quatorze ans avec son esprit et ses souvenirs d'adulte. Il se glisse dans les quartiers lointains de son passé avec une aisance qui s'accroît à mesure qu'il accepte sa nouvelle condition et que les lieux, les situations et l'entourage prennent place. Bien sûr, à l'école, il devient brillant dans des disciplines qu'il a maîtrisées plus tard au lycée et dans sa vie professionnelle. Il séduit la belle collégienne inaccessible auparavant, dans sa première vie. Il découvre la force et la beauté singulière du sentiment amoureux à l'adolescence qui masque les sentiments pour sa femme et ses enfants. Progressivement, il infléchit le déroulement des événements qui ne collent plus aux souvenirs qu'il en avait conservés. La question lancinante qui court tout le long des 400 pages consiste à savoir si Hiroshi va pouvoir empêcher le départ et la disparition irrémédiable de son père.
Franchement, « Quartier lointain » est une vraie merveille qui prend son temps et son aise pour dévoiler les différentes facettes du diamant noir de la mélancolie. Taniguchi excelle à rendre la vie du Japon d'après-guerre et à faire évoluer ses personnages dans un quotidien éphémère où chaque instant est à déguster pleinement. Ainsi, le repas familial fait dire en pensée à Hiroshi : « Comment avais-je pu si longtemps oublier l'apaisante douceur qui se trouvait là ? ». Où se niche le bonheur ? Comment faire pour l'approcher, le tenir et le conserver ? Taniguchi ne fait pas de morale. Il instille une vraie tendresse dans ses personnages. Il sait bien que les dés sont pipés et que l'on est toujours perdant quoi que l'on fasse mais il ne se résigne pas. le rêve enchante le monde et le maître du manga le met un court instant à la portée du lecteur.

Alors que la tendance actuelle est d'inciter le monde à profiter du moment présent, Jirô Taniguchi dans "Quartier lointain" nous propose de jeter un oeil dans le rétro.

Se réveiller après une grosse biture et se retrouver en ado de quatorze ans alors qu'en réalité, le héros en a quarante-huit.
Et si cet homme avait la capacité d'influer sur le déroulé de ces trente quatre années...
Voilà pour le pitch.
Le scénario est évidemment interpellant. Thème un peu comparable à "Retour vers le futur" ou encore au "22/11/63" de Stephen King.

Sauf que la quête de Hiroshi est beaucoup plus personnelle. Il voit se rapprocher la date fatidique où son père disparaîtra pour toujours sans aucune explication.
Pourra-t-il changer son passé ou sera-t-il condamné à le revivre?
Et retrouvera-t-il un jour sa vie d'adulte, aux côtés de sa femme et de ses filles ?

Toute première incursion pour moi dans un "presque" Manga et je suis mitigé. le scénario est plutôt sympa mais j'ai été un peu déçu par la conclusion.
Quant au dessin noir et blanc (et toutes les nuances de gris), il est précis, épuré, parfaitement maîtrisé mais un peu trop propre et lisse à mon goût.

J'ai découvert tardivement l'oeuvre de Jirô Taniguchi en commençant par Quartier Lointain. A priori cela mérite que je m'y penche très sérieusement car ce manga m'a beaucoup plu !

Pour commencer, Quartier Lointain est un manga qui se distingue de mes lectures habituelles en raison d'un style bien différent d'une série shōnen. J'ai tout de suite été séduite par la narration mélancolique et contemplative ainsi que par les thèmes abordés : la nostalgie, le temps qui passe et les choix de vie.

L'histoire est centrée sur le personnage principal, Hiroshi Nakahara, qui va avoir l'opportunité de revivre son passé à travers une forme de voyage temporel. Il est important de noter que l'aspect fantastique reste au second plan et que l'histoire tend surtout à nous mettre face à un personnage très humain, qui va partager ses réflexions sur son passé, ses doutes et bien d'autres émotions. Cela permet une réelle connexion avec le lecteur qui peut tout à fait se reconnaître ou s'imaginer à la place de Nakahara.

Par ailleurs, Taniguchi a un style de dessin précis, détaillé et très expressif. Les illustrations captent les émotions des personnages et l'atmosphère derrière chaque scène, ce qui contribue grandement à l'immersion dans l'histoire.

En résumé je pense que Quartier Lointain est un très bon manga pour découvrir la bande dessinée nippone. Nombreux sont ceux qui sont rebutés par les séries de mangas à rallonge, ici nous avons un tome unique, de très belles illustrations ainsi qu'une histoire poétique et émouvante qui pousse à une réflexion introspective.

Quartier lointain de Jiro Taniguchi


Jiro Tanaguchi est né en 1947 au japon, devenu mangaka il découvre la ligne claire Franco-Belge dans les années 70. C'est un des auteurs reconnus en Europe. Il a travaillé notamment avec Giraud ou Morvan.


 Hiroshi, un Japonais de 48 ans, un peu trop alcoolisé, se trompe de train et se retrouve dans sa ville de naissance, 34 ans en arrière. A une époque où son père était encore là. Il revit alors sa vie de lycéen de 14 ans et pense pouvoir influer sur le destin. 

Cette incursion va lui permettre de revoir sa jeunesse d'un oeil bienveillant et appréciateur. 

Le graphisme en couleur au départ puis en noir et blanc est fabuleux. Les paysages sont extrêmement bien définis. Les cases restent classiques (ligne claire Franco Belge) et ce manga se lit dans le sens occidental.

On y parle principalement de la famille et de l'amour qu'on lui porte mais aussi du regard que l'on peut porter sur sa jeunesse avec un regard mature. C'est passionnant et on est happé par cette histoire bienveillante et généreuse.

Un manga que je voulais lire depuis longtemps et je remercie mes neveux pour ce magnifique cadeau de Noël. Excellent choix


Famille - Voyage dans le temps - influencer son destin


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Dès la première planche, j'ai été séduite. Une allée résidentielle, longée d'un petit canal, et au sol, l'ombre en oblique d'un homme qu'on ne connait pas encore. Jaco van Dormael a raison de souligner dans sa préface (rien que ça !) les qualités presque cinématographiques du travail de Jirô Taniguchi. La BD n'a rien a envier au septième art lorsqu'elle a la capacité, par des effets se prêtant au medium (variations de plans, onomatopées, lignes de mouvement…), de plonger son lecteur dans l'univers qu'elle donne à voir.

Nous sommes dans la ville de Kurayoshi, sur les traces d'un homme de 48 ans qu'un bon dans le temps ramène à l'année de ses 14 ans. La chance des possibles d'un retour en arrière, de retrouvailles avec un corps au top de sa forme, avec une ville que les années avaient transformée, avec des proches disparus… Cela se savoure, a fortiori quand on arrive à un moment de sa vie où l'on se demande si on a réellement vécu. Mais c'est aussi, pour Hiroshi, l'opportunité de chercher des réponses aux questions irrésolues qui n'ont jamais cessé de le tourmenter.

C'est bouleversant, j'ai beaucoup aimé cet album. Sitôt refermé, sitôt conseillé et prêté au prochain lecteur à combler.

Avec Quartier Lointain, c'est un voyage à la fois poétique et un personnel qui vous attend : poétique par le charme qui se dégage de ces pages où chaque dessin apporte douceur et justesse, personnel par les interrogations qu'il fera naître en vous. L'atmosphère du Japon est le contexte idéal pour nous transporter et Jirô Taniguchi y parvient parfaitement.

Un homme père de deux enfants se retrouve comme par magie renvoyé en arrière à ses 14 ans en n'ayant rien oublié de sa vie passée. Voici un début intéressant qui nous laisse explorer plusieurs thèmes dans ce long roman graphique. Deux pour moi ce détache particulièrement : l'exploration des zones d'ombres de notre enfance et le contrôle que l'on exerce sur sa vie.

On a tous des moments de notre histoire que l'on voudrait revivre pour mieux les comprendre ou même les changer. L'age et le temps ne résolvent pas tous les mystères ni n'expliquent pas tout les événements que l'on a vécu par le prisme de nos yeux de jadis.

Notre vie semble parfois nous échapper prise dans un tourbillon de non-décisions, d'évènements et d'obligations qui nous emmène parfois bien loin de la destination que l'on imaginait enfant. Avait-on le choix ? Aurait-on pu faire autrement ? N'avons nous pas raté notre vie ? Tant de question que l'on se poserait à la place de notre personnage principal.

C'est une très belle lecture que voilà, poétique et très enrichissante. Un petit voyage que je vous invite à faire.

Au programme: retour en adolescence pour un homme qui subit son existence plus qu'il ne la vit entre son travail très prenant, sa famille qu'il a tendance à délaisser et son incompréhension du passé, une erreur d'itinéraire l'amène devant la tombe de sa défunte mère et le fait vivre cette troublante transformation, et son incartade dans le passé va-t-elle avoir une incidence sur le futur? Bienvenue dans l'univers époustouflant de Quartier Lointain!


OMG, alerte au coup de coeur pour ce dessin, absolument fabuleux, ces planches aux allures de scénario de cinéma et cette couverture ainsi que les pages colorisées qui m'ont totalement transportée dans cette histoire. Que faire lorsque l'on revient à l'année de ses 14 ans en sachant déjà l'avenir de ses camarades de classe? Quand on revit dans un corps d'adolescent tout en étant père de famille? Quand on souhaite éviter le chagrin à sa mère au départ de son père mais que l'on n'en comprend pas les raisons même avec un retour dans le passé?


Entre contemplation et éléments perturbateurs, mystères familiaux irrésolus et incompréhensions, traumatismes de fin de guerre et envie de vivre pour soi... Cette expérience immersive entre passé et présent m'a totalement captivée.


La grande leçon que j'en ai retenue au final et qui je pense peut s'appliquer à tout, c'est que l'on a beau vouloir changer le passé, le temps est immuable, mais par contre, on peut essayer de comprendre les événements et c'est ça qui change tout.
It's not all about the destination, it is also about the journey.
Une Masterpiece.

Ce roman graphique est ce qui se fait de mieux dans l'univers de Tanigushi. On y retrouve les dessins magnifiques, la sincérité des sentiments et l'univers qui vous embarque pour un voyage le temps d'un livre. Pour découvrir le genre littéralement , c'est LE livre à avoir.

J'ai découvert Jirô Taniguchi il y a quelques années en lisant "Les gardiens du Louvre". Première rencontre avec cet auteur, cet artiste. J'ai acheté plusieurs de ses livres et ils m'attendaient sur une étagère de ma bibliothèque. Pourquoi n'avais-je jamais lu "Quartier Lointain" ? Difficile à expliquer. Peut-être parce que j'étais resté sous le charme du travel book "Venice" ? Peut-être par paresse vu la taille du livre ou peut-être par manque de temps et de disponibilité d'esprit ? Peut-être aussi par manque de connaissance du monde des mangas ?

Après avoir lu un manga classique, "Mon mari dort dans le congélateur", je suis enfin revenu vers "Quartier lointain".

Hiroshi Nakahara est une homme de 48 ans; Il est marié et père de deux filles. Un jour, parès une soirée surement un peu arrosée, il prend le train pour ses affaires mais, sans s'en rendre compte, se trompe de direction et se retrouve dans la ville où il a passé son enfance. Instantanément, Il repense à sa mère décédée il y a vingt ans. Arrivé en ville, il se rend à son ancienne maison, qui a été vendue et dont la façade, refaite, en fait une maison totalement étrangère. Hiroshi décide de se rendre au temple Genzen pour se recueillir sur la tombe de sa mère. Il repense aussi à son père qui a disparu quand il avait quatorze ans, disparu sans raison et sans jamais donné signe de vie ni explication à sa famille. Hiroshi tombe dans une sorte de léthargie et quand il se réveille, il découvre qu'il a quatorze ans, qu'il a retrouvé le corps de ses quatorze ans. Il croit rêver mais il rêve avec sa conscience d'homme de quarante huit ans. Pris de panique, Hiroshi s'enfuit vers son ancienne maison. Celle-ci est redevenue comme dans son enfance et à sa grande stupeur, il retrouve toute sa famille : son père, sa mère, sa grand-mère et sa soeur. Il voudrait se réveiller, pour sortir de ce rêve (ou de ce cauchemar en fonction de l'angle de réflexion que l'on choisit) mais rien ni fait : Hiroshi semble enfermé dans ce passé qu'il redécouvre mais avec son expérience d'homme de quarante huit ans et surtout sa connaissance du futur.

Jirô Taniguchi nous entraîne dans cette histoire hors du temps où un homme mûr plonge dans son passé, revisite son passé mais en venant du futur. Il vit dans le corps d'un adolescent de quatorze ans mais il sait ce qui va se passer. Tout se passe comme s'il savait lire l'avenir alors qu'il a seulement déjà vécu cet avenir. Pendant toute une partie de l'histoire Jirô Taniguchi, fait revivre à Hiroshi exactement ce qu"il a déjà vécu. Puis il va donner à Hiroshi des envies de changer son histoire.

C'est un vieux mythe que revisite Jirô Taniguchi : peut-on revivre son passé et le modifier ? Que se serait-il passer si j'avais pris une autre décision, pourrait se dire le héros ? Peut-on remonter le temps et être un voyageur du temps ? le héros de Taniguchi va se laisser tenter et il sera près de franchir le pas. mais changer le passé c'est aussi changer le futur et perturber les "couloirs du temps".

J'ai aimé la poésie de Taniguchi. Tout est posé avec délicatesse : les mots comme les dessins. Ces personnages sont très"humains". Il revisite la relation entre les enfants et les parents, entre un père et un fils. Taniguchi évoque ces situations où les enfants regrettent de ne pas avoir assez parlé avec leurs parents. Il évoque aussi les secrets de famille.

Taniguchi nous permet de découvrir la société japonaise et certains points de la culture japonaise comme le culte de la famille et le culte et le respect des morts.

J'ai particulièrement apprécié le graphisme de Taniguchi, son sens des détails mais aussi la variété des plans dans une mise en forme très cinématographique. Les vues des villes avec les maisons et les rues sont très réalistes. J'ai aussi un faible pour les vues de la mer démontée.
Le travail en nuances de gris est très impressionnant et donne une grande profondeur au travail de Jirô Taniguchi.

j'ai apprécié aussi une autre particularité : l'absence de phylactères pour les pensées de Hiroshi adulte dans le corps de l'Hiroshi adolescent.

Une très belle lecture, un beau voyage dans le temps, un beau conte onirique et poétique.

Avec «Quartier lointain», la nostalgie s'habille de magie et nous invite à un voyage empreint d'émotions à travers le temps.

Pour Hiroshi, la déroute est totale entre sa vie, cet erreur de train qui le conduit tout droit dans le quartier de son enfance et cet évanouissement qui le propulse dans le passé lorsqu'il était adolescent. Aurait-il droit à une seconde chance? Peut-il changer l'avenir en empêchant un événement tragique pour sa famille?

En voyageur du temps, Jirô Taniguchi, avec cette oeuvre majeure, nous plonge avec douceur dans les tourments d'un homme en proie au doute et à l'espoir. La joie de retrouver sa famille et ses amis laisse rapidement place au désarroi de connaître l'avenir sans pouvoir réellement le changer. Seul un maître du manga comme Taniguchi peut faire transparaître les émotions dans les non-dits et dans le contre-champ. le dessin délicat est fabuleux et expressif. le lecteur est sans cesse invité à la réflexion sur un temps insaisissable.

Puiser dans son passé pour éclairer son présent, n'est-ce pas finalement le meilleur chemin à prendre?
Une oeuvre puissante et émouvante!