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Critique de jg69


Quand Laurence Tardieu a su que le refuge de son enfance, la maison de ses grands-parents maternels, sur les hauteurs de Nice, allait être vendue, elle a commencé un livre "afin de ne pas la perdre totalement". "Perdre la maison, ce n'était pas seulement perdre le lieu où j'avais des souvenirs heureux, des racines, un présent. C'était également perdre l'unique élément de ma vie qui m'offrait le réconfort de la permanence."

Mais à peine s'était-elle lancée dans l'écriture que les attaques contre "Charlie Hebdo" et l'hyper casher sont survenues, attaques qui l'ont laissée, comme la France entière, dans "un état de sidération et de choc" , elle a alors tenté de "trouver les mots face à l'innommable".
Elle réalise qu'elle ne peut plus écrire sur la maison de son enfance, que pour la première fois écrire "sur le dehors" s'impose à elle.

Trois parties dans ce texte avec chacune son rythme : la première, rapide, urgente, qui correspond aux trois journées des 7, 8, 9 janvier 2015. La seconde, sur un tempo plus lent, relate le temps en suspens où elle ressent que le monde a changé, que plus rien ne serait comme avant, alors qu'elle porte un enfant ce qui lui apparaît alors comme un paradoxe insensé, presque violent. Paradoxe de donner la vie dans un monde en ruine..."L'imprévisible était entré dans nos vies".
La troisième partie enfin qui tente de trouver une issue, du sens, pour ne pas abdiquer, alors même que la deuxième vague d'attentats du 13 novembre vient de nous frapper et que son petit garçon est venu au monde.

Laurence Tardieu cite des extraits d'interviews d'écrivains confrontés aux attentats quotidiennement dans leur pays, notamment l'auteure israélienne Zeruya Shalev, elle même victime d'un attentat en Israël et parle de fraternité silencieuse avec ces écrivains. Par contre, le parallèle qu'elle semble suggérer entre elle et ces écrivains m'a gênée car elle n'a pas été , contrairement à eux, touchée directement par les attentats.

Elle tente d'exprimer à quel point les frontières entre le "dehors" (le monde) et le "dedans" (sa maison) sont devenues poreuses, à quel point la perte du lieu de son enfance entre en écho avec son sentiment de fissuration du monde.

Elle se demande comment lutter, affronter la réalité ou partir comme le suggérait votre grand-père et réalise que sa vie est ici, même davantage menacée.

Laurence Tardieu explore la question du refuge intérieur, ce lieu d'ancrage où l'on éprouve un sentiment de sécurité intérieure et décrit le sentiment de dépossession qu'elle a ressenti avec la perte de sa maison.
Elle trouve les mots pour décrire l'état de sidération qui a saisi la France après les attentats mais son rapprochement constant entre la perte de sa maison et les attentats m'a agacée tout au long de ce texte que j'ai au final trouvé assez nombriliste et larmoyant.
Comparer ce que le monde a perdu ce jour là avec la perte de sa maison me parait indécent même si je comprends en partie sa démarche. Dire tout le long du texte que ce n'est pas comparable mais comparer quand même...
Ce n'était sans doute pas le meilleur angle pour aborder la question délicate des attentats même si j'ai trouvé dans ce récit une mise en mots intéressante sur nos ressentis au moment des attentats...
Lien : http://leslivresdejoelle.blo..
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