AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Dionysos89


À l'occasion d'un partenariat avec PriceMinister, la possibilité a été offerte de découvrir certaines sorties de la rentrée littéraire 2016. À la fin le silence, de Laurence Tardieu, m'a attiré par son sujet lié à la vente de la maison familiale qui serait comme un déracinement, l'allusion de la quatrième de couverture aux attentats de Charlie Hebdo ne m'a pas plus parlé que ça.

À la fin le silence est le récit autobiographique de Laurence Tardieu sur certains aspects de sa vie qui se sont entrechoqués en quelques mois cruciaux. En effet, nous suivons l'année 2015 de l'autrice, des attentas du 7 janvier jusqu'au début de l'hiver, en passant par les attentats suivants du 13 novembre et la naissance de son fils au début de l'été. de grands thèmes captivants, Laurence Tardieu choisit surtout de conter ses ressentis, et non la construction de ces événements (qui aurait pu constituer une quelconque intrigue). Nous pouvons tout à fait comprendre quel choc les attentats de Charlie Hebdo ont pu être, même pour ceux dont la vie n'a jamais été en danger et qui nous connaissaient personne dans ce cas-là, tout comme il est aisé de comprendre combien ces événements tragiques peuvent secouer une personne qui se sent fragilisée par une perte familiale (ici la vente de la maison de son enfance) et par une période naturellement éprouvante (ici la naissance d'un troisième enfant). Malgré tout cela et avec toute la bonne volonté du monde, il est bien difficile de ne pas voir que ce livre ne fait pas preuve d'une grande imagination. Je m'attendais à une parenthèse, à un beau récit, clairement pas à un monologue façon « psychologue du coin de la rue », un récit complètement autocentré qui met sur le même plan des choses totalement déconnectées, et (personnellement, évidemment) j'ai trouvé cela extrêmement déplacé. En définitive, je ne garderais que le premier et l'ultime chapitre qui creusent, un peu, la thématique attendue : le premier nous happe en quelques mots chocs, l'ultime développe (enfin) une pensée plus conséquente.
On m'avait également parlé du style de Laurence Tardieu en bien, introspectif et recherché. Clairement, je n'ai pas dû avoir « les yeux en face des trous » pendant cette lecture car ce n'est pas du tout ce que j'y ai vu. En effet, l'auteur multiplie des accumulations à n'en plus finir, des listes de synonymes, ainsi que des répétitions qui ont normalement pour effet de s'appesantir sur un effet particulier, mais là ce n'est plus s'appesantir, on est au-delà de ça, je crois. Elle use d'un vocabulaire quand même plutôt pauvre, ce qui n'a pas manqué de m'étonner, ce qui favorise d'autant moins l'approche de questions basiques sans cesse rabâchées. Enfin, je suis sceptique sur l'organisation même des phrases : le choix très particulier de la ponctuation, on s'en doute, est fait pour montrer que ses pensées s'enchaînent sans filtre, mais à lire, ce n'est quand même pas beau – je ne dis pas « pas aisé », car si cela servait vraiment une volonté stylistique notable, cela faciliterait de fait l'aisance de lecture – non, c'est juste qu'un tel récit haché n'est juste pas possible à apprécier. Cela donne la fâcheuse – et sûrement bien trompeuse – impression que tout cela a été rédigé à la va-vite.

Ce livre est donc une vaste réflexion sur les vides qui nous construisent, ou qui nous sapent, selon les moments où ils interviennent. Malheureusement, de mon humble point de vue, c'est surtout un livre construit sur du vide, car j'en ressors avec la ferme impression de m'être fait arnaquer.

Commenter  J’apprécie          210



Ont apprécié cette critique (20)voir plus




{* *}