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Citations sur L'accent grave et l'accent aigu (48)

Le prestidigitateur

Je ne crois à rien à personne
sinon au petit magicien des bals d'enfants d'autrefois
le prestidigitateur miteux et blême
au visage ridé sous le fard.

Son haut-de-forme posé à l'envers sur un guéridon
il le recouvre d'un foulard rouge
et soudain
il le retire et voyez ce qu'il sort du chapeau :
un œuf un lapin un drapeau
un oiseau ma vie et la vôtre et les
morts il les cache dans la coulisse
pour un piètre
SALAIRE.

(p. 131)
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DIURNE


Est-ce que tu dors ?
Est-ce que tu t’éveilleras un jour ?
Ni veille ni rêve : cela est.

Des enfants jouent
Un éclat sur une vitre
Un ronflement d’avion
Le sol résonne Je marche à grands pas
Fraîcheur sur les yeux
Je tiens J’éprouve Je sais à qui parler
Tout répond
Foisonnement.
( Oublie ! N’oublie pas ! Oublie ! N’oublie pas ! )

Un coup de frein
Un nuage passe
et tout change de couleur.

Surprise sans fin
Horizons qui n’en finissent pas de se déplier
Il y a toujours quelque chose plus loin.
Ce qui murmure hors de moi en moi-même
est comparable au fleuve
qui traverse tout sans se mélanger à rien

Ma vie, je t’ai cherchée toute ma vie
tu as pris les plus beaux visages
mais je n’entends que la voix.
Au bord de quelle nuit te trouverai-je enfin ?
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"Qu'est-ce qui nous guérira de vivre ? Qui nous délivrera du cycle de la vie et de la mort, de l'enfer terrestre où les monstres pullulent et guettent leur proie sinon le dégagement et l'absence ? "
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À TU ET À TOI


Extrait 6

Toi
je te vois je t’entends
je souffre de ton poids sur rues épaules
tu es tout : le visible.
l’invisible.
connaissance inconnue
et sans nom.
Faut-il parler aux murs ?
Aux vivants qui n’écoutent pas
A qui m’adresserai-je
sinon à un sourd
comme moi ?

Tu
es ce que je sais,
que j’ai su et oublié,
que je connais pourtant mieux que moi-même,
de ce côté où je cherche la voie
le vide où tout recommence.
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Le temps l'horloge

L'autre jour j'écoutais le temps
qui passait dans l'horloge.
Chaînes, battants et rouages
il faisait plus de bruit que cent
au clocher du village
et mon âme en était contente.

J'aime mieux le temps s'il se montre
que s'il passe en nous sans bruit
comme un voleur dans la nuit.
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ÉPITHÈTES


Une source — corrompue
Un secret — divulgué
Une absence — pesante
Une éternité — passagère
Des ténèbres — fidèles
Des tonnerres — captifs
Des flammes — immobiles
La neige — en cendre
La bouche fermée
Les dents serrées
La parole niée
muette
bourdonnante
glorieuse
engloutie.
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QUELQUES MOTS SENS DESSUS DESSOUS


Négation

Pleuvoir n’est pas mentir
Sauver n’est pas dissoudre
Gravir n’est pas renaître
L’ombre n’est pas le cheval
Le regard n’est pas le torrent
Le portail n’est pas la surprise
Le couperet n’est pas la chambre


Affirmation

L’ombre c’est pleuvoir
Mentir c’est le regard
La surprise c’est la chambre
Le portail c’est le couperet
Gravir c’est sauver c’est renaître

Je ferai pleuvoir l’ombre
et le regard mentir
quand nos pas dans la chambre
seront le couperet.
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VERBE ET MATIERE
J'ai je n'ai pas
J'avais eu je n'ai plus
J'aurai toujours


........................................................Un béret Un cheval de bois Un
....................................................... jeu de construction Un père
........................................................Une mère Les taches de soleil à
………………………………………..travers les arbres Le chant du
………………………………………. crapaud la nuit Les orages de
………………………………………..septembre.


J'avais je n'ai plus
Je n'aurai plus jamais


………………………………………..Le temps de grandir de dési-
………………………………………..rer. L'eau glacée tirée du puits
………………………………………..Les fruits du verger Les œufs
………………………………………..frais dans la paille. Le grenier
………………………………………..La poussière Les images de
………………………………………..femmes dans une revue légère
………………………………………..Les gifles à l'heure du piano Le
………………………………………..sein nu de la servante.


Si j'avais eu
J'aurais encore


………………………………………..La fuite nocturne dans les
………………………………………..astres
………………………………………. La bénédiction de l'espace
………………………………………..L'adieu du monde à travers la
………………………………………..clarté La fin de toute crainte
………………………………………..de tout espoir L'aurore démas-
………………………………………..quée Tous les pièges détruits
………………………………………..Le temps d'avant toute choses.

p.47-48
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MORTEL BATTEMENT

Ici commence et meurt
le peut-être encore
le très-peu le presque pas

Nulle image. Rien à voir
ni le clair ni l'obscur ni la couleur
l'ombre un instant gardée
d'un objet disparu

C'est que les signes tracés
aussitôt le feu les flambe :
il roule en deçà des sons
un grondement monotone

À travers l'énorme rien
la menace du possible
avec l'impossible
se cache pour s'accoupler

Par un bruit de paroles
je m'efforce d'imiter
ce mortel battement
qui couvre le silence.

p.51
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LA FIN DU POÈME

C’est la fin du poème. Épaisseur et transparence,
lumière et misère – les jeux sont faits.
On avait commencé par la rime pour enfants. On
avait cherché des ondes de choc dans d’autres rythmes.
On avait gardé le silence, ensuite murmuré : On cher-
chait à se rapprocher du bruit que fait le cœur quand
on s’endort ou du battement des portes quand le vent
souffle. On croyait dire et on voulait se taire. Ou faire
semblant de rire. On voulait surtout sortir de son corps,
se répandre partout, grandir comme une ombre sur la
montagne, sans se perdre, sans rien perdre.
Mais on avait compté sans la dispersion souveraine.
Comment feindre et même oublier, quand nos débris
sont jetés aux bêtes de l'espace, – qui sont, comme
chacun sait, plus petites encore que tout ce qu'il est
possible de concevoir. Le vertige secoue les miettes
après le banquet.

p.79


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