Si l'on devait comparer sa solitude de dessinateur sans délai, sans filet, ce serait comme l'errance d'un homme dans un désert sans fin, en quête d'une oasis à l'existence incertaine.
-Les mangas sont avant tout des produits censés se vendre. Et non pas un simple loisir de passionné. Si c’est juste pour le plaisir de l’auteur, ça ne peut pas avoir de succès.
-Me voilà au chômage…
Parmi les mangas, ceux d'Osamu Tezuka se distinguaient par leur modernité. Ils envoûtaient totalement les enfants, avec leur graphisme très novateur et l'enchaînement rythmé des cases, plongeant le lecteur dans un univers jusqu'alors inconnu.
Selon lui, la liberté n'existait pas dans le monde réel. Mais en créant, en construisant de toutes pièces quelque chose à partir du néant, il bâtissait un univers sans limite dans lequel il pouvait vivre comme il l'entendait.
Le 26 avril, le jour de la sortie des "Sept samouraïs" d'Akira Kurosawa, Hiroshi se précipita au cinéma. Très réaliste, le film brisait les codes classiques du genre. L'oeuvre impressionna énormément. Face à la scène du duel sous la pluie battante, Hiroshi sentit ses yeux s'écarquiller d'admiration. Chacun des protagonistes avait une personnalité bien à lui. Hiroshi apprécia particulièrement le jeu de Takashi Shimura, qui interprétait le chef des samouraïs. Plus tard, il allait le prendre comme modèle pour l'un de ses personnages.
Ce soir-là, Hiroshi ne quitta pas son "Ile aux enfants". La texture du papier... l'odeur de l'encre... Quel bonheur ! Son oeuvre était enfin devenue un livre ! L'émotion le submergea comme jamais.
Tezuka dessina d'abord les mains et les pieds des personnages, puis les visages et enfin les corps et les vêtements. Tout ça en un rien de temps... comme par enchantement.