Fille des Chimères est un roman jeunesse qui laisse assez perplexe, dans le sens où il est découpé en trois parties implicites pour lesquelles on ressent chaque fois un effet de cassure un peu déroutant. Outre cela, le rythme est très lent, c'est une histoire qui se veut contemplative et introspective car basée, à l'exception du premier tiers, sur des réminiscences. Malgré tout, l'auteure, en plus de nous faire agréablement voyager à Prague ou au Maroc, possède un style éblouissant qui procure de belles sensations.
L'originalité de l'univers repose, bien évidemment, sur l'existence des Chimères, ces créatures mi homme mi animal dont on découvre qu'elles sont les ennemies d'une catégorie particulière d'anges, les Séraphins, qui ne reprennent, parmi les caractéristiques qui leur sont communément attribuées, que l'aspect enflammé des ailes. Pour l'heure, on ne sait pas grand-chose sur eux, mais j'avoue être intriguée par l'espèce de monarchie qui semble les régir, et qui vise à produire le plus grand nombre d'anges guerriers possibles, pour gagner cette guerre entre les deux races centrales.
Même si l'auteure a choisi une créature peu exploitée dans la littérature fantastique, qui change des vampires, loups, fées et autres classiques du genre, son histoire reste très conventionnelle avec cet amour interdit qui devient rapidement le fil conducteur de cet opus, alors que le début avait pour seul mérite de donner l'impression de nous ouvrir à un univers complètement atypique, qu'on y adhère ou pas avec ce côté glauque induit par le commerce des dents.
Concernant l'héroïne, j'ai eu beaucoup de mal avec sa personnalité assez immature en début, et ce côté « unique » qu'elle possède qui devient rapidement lassant à force d'être rabâché. Concernant sa meilleure amie, Zuzanna, je l'ai trouvée adorable, mais terriblement décalée dans cet univers surnaturel qu'elle accepte en cours de route avec une facilité trop énorme pour être crédible.
En toute honnêteté, et c'est un sacré tour de force de la part de l'auteure, j'ai commencé à trouver de l'intérêt à son livre à partir de la page 120 lorsque l'ange Akiva, un être splendide (à vous en couper le souffle) et complexe, apparaît. Son point de vue est très beau, très juste, et c'est grâce à sa présence que Karou gagne en intensité, au point qu'on l'apprécie sincèrement dès cet instant.
C'est donc dommage, car en dépit d'une très belle plume qui traduit merveilleusement l'attirance et l'amour, je n'ai pas vraiment accroché à ce livre, car la construction m'a paru trop mécanique, l'auteure ayant voulu entretenir le suspense des vies passées presque jusqu'au bout.
Lien :
http://www.place-to-be.fr/in..