En 3 mots…Cheveux, pression, parole
Extrait de mes impressions de lecture… de loin, le parfum sulfureux de ce roman est plutôt attirant. Avant même d'en commencer la lecture on s'attend à quelque chose… peut-être pas une histoire « choquante et dérangeante » comme l'affirme la quatrième de couverture (car on devient si difficile à choquer, il faut l'avouer) mais du moins quelque chose qui nous électrisera. le résumé, proposé par l'éditeur au dos du livre, nous cite en parenté
Lolita de
Nabokov et Sexus d'
Henry Miller pour nous allécher, nous explique que le livre fut interdit et piraté et nous parle « d'esclave sexuelle », d'amant psychanalyste, «[d'] humiliations à caractère érotique »…
Bref tout un programme. Et c'est peut-être là le problème…
Au fil des pages, j'ai cherché le frisson, le petit malaise, voire la petite excitation libidineuse malsaine ; mais je ne les ai pas rencontrés. le parfum s'est semble-t-il un peu éventé depuis les années 60… Alors que le
Lolita de
Nabokov garde toute sa force subversive (mais on ne peut comparer, ni confondre, la trajectoire d'un pédophile amoureux et celle d'une femme qui, tout en cherchant à vivre librement sa sexualité, tombe dans une forme de captivité sentimentalo-érotique).
Gordon n'en reste pas moins une oeuvre singulière, intéressante et, par moments, tout à fait captivante.
L'auteur parvient à créer une certaine promiscuité avec les deux personnages principaux, Louisa et
Gordon son amant psychanalyste manipulateur, tout en nous les tenant à distance. Bien sûr, chaque lecteur pourra se reconnaître – un peu – ou s'identifier à l'un ou à l'autre dans cette histoire de soumission-domination amoureuse et sexuelle. Mais l'ambition du roman, je crois, n'est pas là, et c'est une de ses forces. L'auteur a paraît-il avoué l'importante dimension autobiographique de l'oeuvre. Peut-être a-t-elle voulu nous livrer une part de son histoire, en toute franchise. Une franchise désarmante. Car si la construction du roman, qui essaie de nous montrer comment l'emprise de
Gordon sur Anna se met en place subtilement dans une escalade des petites transgressions et d'humiliations, n'est pas le plus réussi, selon moi, l'écriture un peu sèche est la force du livre.
Edith Templeton nous décrit tout - j'entends par là aussi bien les ébats que les discussions, les simples anecdotes et les réflexions intérieures de l'héroïne - sans en faire trop. Elle n'est jamais vulgaire et j'ai trouvé qu'elle n'avait jamais besoin d'être vraiment crue (mais peut-être ai-je, en la matière, un seuil de tolérance plutôt élevé). Elle manie l'ellipse à bon escient, quitte parfois à frustrer fort judicieusement le lecteur...
pour lire la suite rdv sur http://quelscaracteres.eklablog.com/
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