AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de entrecrituretlecture


L'écrivain nous embarque à bord d'un voilier avec deux comparses, pour une aventure de trois mois sur les traces des celtes ; de la Galice en Espagne à l'Ecosse, en passant par la Bretagne et la mer d'Iroise, la cornouille anglaise et la côte atlantique de l'Irlande.

Trois mois à la rencontre des fées. Des fées ? Clochette ? Morgane ? La fée du logis ? Existent-elles ? Bien sûr, il ne s'agit pas des fées des contes de notre enfance. Les fées selon Sylvain Tesson sont de l'ordre du merveilleux, du splendide, du magnifique. Qu'est-ce à dire ?

Il s'agit d'une disposition du regard. C'est savoir regarder, contempler, savourer la création divine. C'est s'émouvoir, s'émerveiller de la beauté de l'univers, plus particulièrement des paysages, le paradis terrestre de notre petite planète bleue.

« Cette façon d'attraper le monde et d'y déceler le miracle. le reflet du soleil sur la mer, le vent dans les feuilles des arbres…Là, sont les fées », p.11. Tout un programme !

Tout de suite, l'extase ou presque est là, plus simplement l'excitation : celle de partir, d'aller, de découvrir. C'est l'état dans lequel je me trouvais, moi, lectrice en abordant le roman de cet écrivain primé pour « La panthère des neiges » et « Dans les forêts de Sibérie » dont j'avais aimé la lecture, la poésie et l'aventure.

La culture celtique est fantasmagorique. On reste subjugués par les rites, les coutumes, l'épopée, les mégalithes, les dolmens… On reste conquis par les paysages sauvages. Je tenais la promesse de moments exceptionnels dans les mains. Hélas !

Ce roman n'est pas un guide touristique, ni un recueil de poésie. Une quête ? Un graal ! Celui de conquérir la beauté du monde, ou du moins d'une partie du monde, plus proche de nous. Faut-il embarquer ? Faut-il s'exiler pour la découvrir ? Je n'en suis pas persuadée

Les fées, du moins celles de Sylvain Tesson, je les ai connues et côtoyées bon nombre de fois. Hypersensible, je m'émeus facilement pour le chant d'un oiseau, un ciel bleu, une mer d'huile ou déchaînée, une rivière, un son, le vent, le silence, un bocage normand, une musique, des photographies…Que sais-je encore ?

Mais, là, à travers ces pages, point de fées. Rien. le vide, le néant. le dernier ouvrage de Sylvain Tesson ? Une claque, une déception. Et, un soulagement. Celui d'avoir suivi l'aventure jusqu'au bout, d'avoir terminé le bouquin. J'ai traîné à lire. Je n'ai rien ressenti, que d'émotions négatives : agacement, ennui, parfois colère, déconcentration.

Déception, incompréhension. Incompréhension du texte. Mauvaise syntaxe, des mots inventés, un vocabulaire maritime non vulgarisé, des métaphores non imagées . Les mots sont fades, tranchants. Absence totale de lyrisme et de poésie. Des phrases courtes à n'en plus savoir qu'en faire. Un rythme trop rapide qui ne laisse pas la place à la contemplation, ni à la dégustation.
Une accumulation de réflexions plus ou moins métaphysiques ou philosophiques, un rien compréhensives.

Une critique de l'Homme moderne et de sa condition. L'Homme qui ne sait pas ou ne sait plus regarder autour de lui, regarder le monde, plongé dans les écrans.

Une critique du progrès, de la technologie, du mercantilisme, du chiffre et des statistiques. Il n'empêche : pour faire avancer un bateau, même à voile, on est bien contents de pouvoir utiliser des outils technologiques embarqués à bord comme le GPS ou le radar ! C'est sympa, un ordinateur !

Certes, il est venu avec tous ses copains : Hugo, Apollinaire, Aragon, Nietzche, le cycle arthurien, Keats et Yeats, Shelley et Byron, Walter Scott et bien d'autres encore. C'est bien de s'enrichir de culture franco-britannique et de lecture pour des nuits bien calmes au bord du gouffre, ici, le promontoire (un mot répété à l'infini) ; certes il y a les kilomètres à pied ou à bicyclette pour relier le voilier, la découverte des fées se faisant par étapes. Mais, la description de la fée n'y est pas. Les paysages, je les ai découvert et aimés via la technologie. Vive mon mobile et Google ! Je vous invite à pratiquer de même.

Bref, un ouvrage qui laisse un goût amer et qui rejoindra peut-être la prochaine boite à livres.

Passez votre chemin et investissez dans un billet d'avion pour aller à la rencontre de vos propres fées. Et, pourquoi pas depuis le pas de votre porte.



Lien : https://entre-ecriture-et-le..
Commenter  J’apprécie          120



Ont apprécié cette critique (10)voir plus




{* *}