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Critique de Lunabiax


J'avais beaucoup aimé Dans les forêts de Sibérie, et me réjouissais de retrouver Tesson en conteur de la solitude. Voici donc l'écrivain voyageur et géographe qui, après une chute de 8 mètres d'un toit où "[il] faisai[t] le pitre", quatre mois passés à l'hôpital dont il sort "le crâne enfoncé, le ventre paralysé, les poumons cicatrisés, la colonne cloutée de vis et le visage difforme.", décide de réaliser sa promesse faite sur son lit de douleur de parcourir la France à pied. Il bâtit un itinéraire qui va le mener, un an plus tard, de la frontière italienne au Cotentin, en traversant les zones "d'hyper-ruralité".

J'ai retrouvé par moments la belle plume de Sylvain Tesson, qui excelle dans la description des paysages et de ses sensations : "Des cèdres se tenaient sur le bord du chemin, sérieux : leurs racines enserraient les talus – l'arbre a souvent l'air sûr de son bon droit. Un berger descendait d'une foulée plus hardie que la mienne, il apparut, noueux, dans le virage, avec l'allure d'un héros de Giono. Un homme d'ici." Ou encore, évoquant des cyclistes américains qui débarquent dans un village : "Ils avaient soixante ans, ils étaient beaux comme des tennismen, moulés dans des maillots. La langue anglaise les mettait en joie, ils riaient beaucoup et leurs dents étaient blanches." Onze syllabes pour la dernière phrase, un quasi alexandrin qui chante caché dans la prose, j'aime bien. Et Tesson se fait observateur des moeurs de ses contemporains, non sans humour : "Plus loin à Clans, la fête au village : des tentes sur la place et la rumeur d'une agitation. Au lieu de pincer les bergères en gueulant des chansons avec des voix rabotées par le pastis, les villageois avaient organisé une journée Star Wars et j'aimai regarder ces messieurs déguisés en Dark Vador, batifoler sous les platanes. Puis je m'enfuis parce qu'on ne gagne tout de même pas la Tinée à pied depuis l'Italie pour assister à un défilé de robots."

Mais. le récit est plein de réflexions de l'auteur sur l'aménagement du territoire, les cartes IGN, la cartographie et l'origine des "chemins noirs", l'historique du développement d'une région, des critiques de la société contemporaine. Non qu'elles soient inintéressantes, bien sûr. Mais je voulais lire des paysages lavés à grande eau au petit matin, la solitude des forêts et le luxe des espaces, et retrouver l'écriture du journal de bord sibérien. Je me suis arrêtée à la page 52.

Lien : http://www.usine-a-paroles.f..
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