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Critique de michfred


Je viens de faire à grands pas une traversée en diagonale de la France bocagère et rurale, du col de Tende au cap de la Hague.

Par les chemins de traverse, ces fameux " chemins noirs " par lesquels on échappait, avec de l'adresse, à la conscription.

Aidé d'un rapport administratif sur "l'hyper ruralité" , recensant avec commisération ces régions deshéritées où n'arrivent ni Google, ni Amazon, ni le haut debit- et doté de merveilleuses cartes d'état-major qui sont le sésame -ouvre- toi du pays dérobé, Sylvain Tesson, fraîchement tombé d'un toit savoyard un soir de biture et rafistolé de partout, entreprend, un jour de juillet cette Longue Marche d'un nouveau genre.

Celle de la santé et de la reconquête de soi.

Celle d'une exploration presque aussi extrême que celle des steppes mongoles: le pays proche,et si lointain pourtant - encore intact, derrière la modernité menaçante, le remembrement délétère, la monoculture intensive ou la désertification des villages.

Tout un programme.

On marche donc, avec lui, et, au passage, on glane mille réflexions parfois pertinentes, parfois impertinentes. Parfois convenues aussi, avouons-le.

Philosophie de la marche ou philosophie en marche? Un peu des deux. Ce n'est pas ce que j'ai préféré dans ces Chemins noirs.

Ce que j'ai adoré , en revanche, ce sont ses démêlés avec le paysage, ses rencontres , ses corps à corps avec lui.

Mention spéciale pour ĺe plateau d'Aubrac, bien sûr- je le guignais, l'attendais comme on attend un amoureux- mais aussi avec la lande et les grèves du Cotentin où j'ai retrouvé mon cher Barbey d'Aurevilly, romantique, décalé, un peu gentilhomme, un peu brigand- tant aimé !

Un livre qui mérite le succès qu'il a eu: bien écrit, bien décrit, stimulant..

Il m'a donné envie de remettre mes croquenots, d'enfiler mon vieux sac à dos, et de partir à l'aube dans les sentiers pleins de fils de la vierge et humides de rosée.

Me faufiler encore une fois dans la lisière secrète des forêts, sentir les odeurs de feuille et de miel, enfoncer mon pas dans les mousses, sentir l'élasticité des tourbières.

Reprendre mes courses sur les chemins de douaniers, retrouver la molle aspiration des grèves à marée haute.

Chemin des hauts plateaux et sentiers des landes marines, attendez-moi ! Merci, Sylvain Tesson, pour avoir réveillé un appel si puissant!
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