La génération sans liens
Ce bref roman au souffle poétique nous plonge dans le vide métaphysique de deux jeunes parisiens : Gabriel et Marion, entre fuite permanente, insensibilité, fragilité et goût à rien.
« 𝐼𝑙 𝑝𝑟𝑒́𝑓𝑒́𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑟𝑒𝑠𝑡𝑒𝑟 𝑠𝑒𝑢𝑙, 𝑑𝑎𝑛𝑠 𝑠𝑜𝑛 ℎ𝑎𝑣𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑠𝑜𝑚𝑚𝑒𝑖𝑙 𝑒𝑡 𝑑'𝑜𝑢𝑏𝑙𝑖. »
Gabriel est fermé à tout, insensible et sans attaches (ni famille, ni amis véritables), sa vie passe comme les trains qu'il regarde depuis la fenêtre de son appartement impersonnel, où s'écoule l'essentiel de son temps. Des femmes vont et viennent dans sa vie, sans qu'il puisse les retenir, peut-être par manque de volonté, peut-être parce qu'elles aussi en sont incapables.
Il vit entouré par la mort : depuis quelques années, il travaille à l'Institut médico-légal, en tant que médecin légiste. Il étudie des planches anatomiques chez lui et chaque matin est indissociable de l'odeur de javel et de formol dont les cadavres sont recouverts.
« 𝐼𝑙 𝑛𝑒 𝑐𝑟𝑜𝑦𝑎𝑖𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑎𝑢 𝑚𝑜𝑛𝑑𝑒, 𝑖𝑙 𝑛'𝑦 𝑎𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑗𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑐𝑟𝑢. 𝐿𝑒𝑠 𝑐ℎ𝑜𝑠𝑒𝑠 𝑛'𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑝𝑎𝑠 𝑟𝑒𝑙𝑖𝑒́𝑒𝑠 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠, 𝑒𝑙𝑙𝑒𝑠 𝑓𝑙𝑜𝑡𝑡𝑎𝑖𝑒𝑛𝑡 𝑖𝑛𝑑𝑖𝑓𝑓𝑒́𝑟𝑒𝑚𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑠𝑢𝑟𝑓𝑎𝑐𝑒 𝑑𝑢 𝑟𝑒́𝑒𝑙 𝑒𝑡 𝑖𝑙 𝑙𝑢𝑖 𝑒́𝑡𝑎𝑖𝑡 𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠𝑠𝑖𝑏𝑙𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑒𝑠 𝑒́𝑡𝑟𝑒𝑖𝑛𝑑𝑟𝑒 »
Chaque jour il effectue les mêmes déplacements, les mêmes marches dans la ville. Il rencontre Marion au cours d'une de ses errances dans Paris. Etudiante puis intermittente dans le cinéma, elle passe sa vie dans d'innombrables fêtes sans joie. Débris du milieu du cinéma fait de vacuité et d'égoïsme, elle écume les soirées dans un état second, portée par l'héroïne qu'elle consomme pour tenir. Solitaire et entourée d'amis qui n'en sont pas, elle est moins concernée par son bien-être que par son monde superficiel où la drogue tient la première place.
« 𝐶ℎ𝑎𝑞𝑢𝑒 𝑓𝑜𝑖𝑠 𝑞𝑢𝑒 𝑀𝑎𝑟𝑖𝑜𝑛 𝑟𝑒𝑣𝑒𝑛𝑎𝑖𝑡 𝑎𝑢 𝑟𝑒́𝑒𝑙, 𝑙𝑒 𝑣𝑖𝑑𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑠'𝑜𝑢𝑣𝑟𝑎𝑖𝑡 𝑑𝑒𝑣𝑎𝑛𝑡 𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑙𝑎 𝑡𝑒𝑟𝑟𝑖𝑓𝑖𝑎𝑖𝑡 [--] 𝑒𝑡 𝑐ℎ𝑎𝑞𝑢𝑒 𝑓𝑜𝑖𝑠 𝑒𝑙𝑙𝑒 𝑒́𝑝𝑟𝑜𝑢𝑣𝑎𝑖𝑡 𝑙𝑒 𝑏𝑒𝑠𝑜𝑖𝑛 𝑑𝑒 𝑟𝑒𝑝𝑟𝑒𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑑𝑟𝑜𝑔𝑢𝑒 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑦 𝑒́𝑐ℎ𝑎𝑝𝑝𝑒𝑟. »
Les deux personnages dérivent et dans cette fuite immobile une amitié se noue. Nous suivons ces deux inadaptés, dans leur parcours d'enfants tristes et leur vide métaphysique qu'ils essaieront de combler. Ils s'égarent ensemble dans Paris, âmes urbaines en errance, environnés par le néant. La ville-monde est l'endroit parfait pour se cacher de l'humanité. Gabriel essaiera d'aider Marion, de la sauver de ses addictions et de son autodestruction, autant pour elle que pour lui.
Roman sensible qui aborde la modernité finissante et une génération sans idéaux ni but, 𝑪𝒆𝒖𝒙 𝒒𝒖𝒊 𝒗𝒐𝒖𝒅𝒓𝒂𝒊𝒆𝒏𝒕 𝒇𝒖𝒊𝒓 tentent de sortir de leur solitude, y parviendront-ils ?
Ce premier roman réussi de
Julien Teyssandier - Auteur est édité par les Editions Nouvelle Marge.
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