Citations sur Agaguk (24)
Plus vite encore que l'enfant blanc dorloté, l'enfant des villes à qui l'on enlève
la moindre initiative animale, Tayaout croissait. Il rampait presque facilement . Ses mains étaient agiles et pouvaient saisir les objets . Son visage était éveillé , ses yeux brillaient.
Agaguk ne cessait de contempler l'enfant. Il passait des heures accroupi.
le dos au feu, l'observant. Rien de plus. Seulement cette contemplation .
Il ne jouait pas avec lui, le touchait rarement . Quand le petit vagissait, Agaguk
le caressait , mais doucement , du bout des doigts , comme s'il avait eu peur de briser ce corps minuscule.
_____Comment le nommerons-nous ? demanda Iriook. Puisque c'est un garçon.
_____J'ai choisi son nom, répondit Agaguk. Il se nommera Tayout. C'est un nom brave.
Iriook sourit.
______Le nom me plaît, dit-elle En effet , c'est un nom brave.
______On le chante, dit Agaguk.
Quand il eut atteint l'âge et prouvé sa vaillance, Agaguk prit un fusil, une outre d'eau et un quartier de viande séchée, puis il partit à travers le pays qui était celui de la toundra sans fin , plate et unie comme un ciel d'hiver , sans horizon et sans arbres.
D'un pied habitué il sonda les endroits propices, évita les terriers d'animaux et quand ill eut trouvé un monticule sans faille et de fond solide il le parcourut en tous sens pour le bien mesurer, puis il planta deux bâtons et dressa l'abri de peaux de caribou.
L'igloo serait construit plus tard, aux neiges venues.
Ils vivraient là, lui et la fille, loin de Ramook, de Ghorok, d’Ayallik, de tous les autres. Nul souvenir; un recommencement
Plus vite encore que l'enfant blanc dorloté, l'enfant des villes à qui on enlève la moindre initiative animale, Tayout croissait.
Sur la toundra, le vent fraîchissait . Au matin, il était même froid et la gelée couvrait de blanc la mousse sombre. Parfois, dans le ciel clair et bleu profond
venaient des odeurs de neige. Alors Agaguk se tenait debout devant la hutte et il scrutait le nord.
Un soir, il dit :
-----Demain la neige viendra.
Et au matin suivant, en effet, la neige vint. Une rafale de vent , une poussée terrible. La neige accourut du nord, se mêla à ce vent . Ce fut un mur blanc fluide qui fonça sur le monde. Puis tout fut enveloppé par les flocons denses,
gelés, pétant sec sur la peau comme des poids chiches.
Nu, Agaguk était beau parce que sa peau était unie et sombre et que les muscles roulaient comme des torsades d'acier prêtes à se détendre.
Iriook, elle, avait la taille épaisse et les cuisses très courtes. Ses seins étaient menus, mais ronds et laiteux, au tétin presque noir est sans halo.
Elle était tendre, sans brusquerie. Forte aussi, capable d'une puissance de muscles qui déplaçait les poids les plus lourds.
Ils mirent ce qui restait de la journée à ériger la hutte.
INIKSAK LA TERRE PROMISE
Quand il eut atteint l'âge et prouvé sa vaillance, Agaguk prit un fusil, une outre d'eau et un quartier de viande séchée, puis il partit à travers le pays qui était celui de la toundra sans fin, plate et unie comme un ciel d'hiver, sans horizon et sans arbres.
D'un pied habitué il sonda les endroits propices, évita les terriers d'animaux et quand il eut trouvé un monticule sans faille et de fond solide il le parcourut en tous sens pour le bien mesurer, il planta deux bâtons et dressa l'abri de peaux de caribou.
Restait Iriook .
Elle aussi était libre, car son père et sa mère était maintenant morts. Elle habitait seule dans la hutte autour de laquelle Alayillk et d'autres venaient rôder. Un mois auparavant, Agaguk n'avait eu que le temps de s'élancer vers la fille qui criait, de l'arracher des bras de Chorok.
______Ellle est à moi avait déclaré Agaguk. Qu'on la laisse en paix.
Une fois Chorok sorti de la hutte , elle avait levé le regard vers Agaguk. Un regard ému, plus soumis encore qu'il ne l'avait cru.
____Je ne savais pas que j'étais à toi, avait-elle dit.
_____Tu l'es.
Elle sourit, mystérieusement.
______Cela me plaît.