C'est un premier roman.
Américain.
Sur lequel l'auteur a travaillé dix ans.
Et auquel il a donné un titre emprunté au « Roi Lear » de
Shakespeare.
On pourrait craindre le pire. Encore un pavé de presque 800 pages…
Soyons francs : les cent premières pages ne sont pas emballantes, puis l'histoire se met en place et on est ferré, définitivement.
De 1951 à 2011, nous vivons la vie d'Eileen Tumulty, fille d'émigrés irlandais, à l'enfance bousillée par l'alcoolisme de ses parents.
Devenue infirmière, elle épouse un chercheur brillant, mais peu ambitieux.
De toutes ses forces, au risque de s'oublier, elle tente de hisser sa famille dans l'échelle sociale.
Avec elle, nous suivons le quotidien d'Américains moyens qui voient peu à peu le monde changer autour d'eux, leur quartier envahi par d'autres émigrés. Une épopée de petits événements, comme l'a dit un critique américain.
Et puis, progressivement, quelques indices nous amènent à penser qu'Ed, le mari, a des problèmes de santé. Son attitude devient étrange. Il oublie. Il est confus.
C'est LA terrible maladie, dont le père même de
Matthew Thomas a souffert. Et à partir de ce moment, la famille protège Ed.
Et nous avec elle, car en écrivant avec une grande économie de moyens et même de l'humour, les luttes, la tendresse, le désarroi engendrés par cette situation, l'auteur entraîne le lecteur avec lui dans ce tourbillon vécu par tant de familles aujourd'hui.
Les larmes sont souvent proches. Mais attention, rien de plombant ou de voyeur dans ce roman. Juste la vie telle qu'elle est. Qui n'est pas celle que l'on voudrait, car «
Nous ne sommes pas nous-mêmes. »